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[V] Cecil Osbern || LIBRE

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Constantin Basarab
Messages : 116
Date d'inscription : 23/08/2014
Constantin Basarab
MessageSujet: [V] Cecil Osbern || LIBRE [V] Cecil Osbern || LIBRE  EmptyVen 29 Aoû - 21:42

 
 

 

 
 
Cecil Osbern

 
- Petite citation -


 
Identité

 

Nom : Osbern
Prénom : Cecil
Street name : Alexandre
Groupe : Le Cercle
Âge :  237 ans, 28 ans à sa mort.
Date de Naissance : Avril 1961
Lieu de Naissance : Skopje (Macédoine)
État Civil : Veuf
Emploi : Membre du Cercle. Roi des Vampires
Maître/Sire/Tuteur : Abigael Sumosis. Une Grecque à tomber par terre dont il était raide dingue même si elle l'a fait crever pour mieux le faire renaître.
Esclave/Infant/Disciple : Une bonne dizaine, qu'il traite plutôt bien tant qu'ils suivent son rythme de vie
Religion : Aucune, le libre arbitre lui est trop précieux. La sagesse, peut-être, Platon, Aristote dans le fond.
Lieu de Résidence : Paris, près de l'ancien stade de Bercy.   
Armes : Ses poings et sa tête, accessoirement des mitrailleuses ou des lance rockets.
Autre :  écrire ici
Avatar:   Hugh Jackmani


 
Physique

 


 Ce qui est frappant au premier regard qu'on porte sur Cecil, c'est son physique de docker. Normal, me direz-vous, il en a été un dans son autre vie. Il a par ailleurs accumulé tous les boulots de force qui pouvaient se trouver dans cette petite ville de Macédoine crasseuse où il est né. Charrier des palettes en suant toute la journée au milieu d'abrutis notoires n'était pas une sinécure mais au moins cela entretenait sa condition hors les temps de loisir qu'il consacrait également à sculpter son corps. Non qu'il fut narcissique mais il avait simplement intégré que pour survivre dans les bas-fond de Skopje, il fallait être le plus fort et il s'y employa avec une assiduité frôlant l'obsession. L'homme n'est pas dénué de charme, un charme brut et presque bestial, lié à son physique. Ses mains viriles mais soignées malgré les années de labeur de force sont plus enclines au combat qu'aux caresses tendres dont le vampire fait d'ailleurs l'économie depuis qu'il a perdu le seul être qu'il aimât jamais.

Sa carrure de déménageur impose aux mâles de toute nature et impressionne favorablement la majorité des femmes, mortelles ou non. Si le premier constat le fait sourire, le second l'indiffère. Son regard est à l'image de la discipline qu'il s'impose: froid et austère. Il ne s'illuminait déjà que rarement lorsqu'il était humain, la vie ouvrière dans les années 80 n'étant pas la vie rêvée d'un jeune homme de vingt ans et la perte de celle qui le rendit immortel a encore relevé d'un cran la dureté des yeux noirs pourtant si expressifs lorsqu'il était enfant. Le cheveu dru et en bataille est aussi sombre. C'est bien la seule "négligence" qu'il s'autorise. Il a renoncé depuis longtemps à dompter cette crinière sauvage qui ajoute à sa bestialité. Un buste musclé, sculpté même, des bras d'acier, des hanches étroites aux fesses fermes et de longues jambes aux cuisses impressionnantes. Cecil ne donnait déjà pas envie de lui chercher des noises lorsqu'il était humain, cela n'a pas changé lorsqu'il est devenu immortel.

 
Caractère

   


  Sa stature impressionnante, large et haute, son timbre de voix guttural comme savent l'avoir les ours des Balkans imposent un caractère tout aussi coulé dans le bronze. Un roc, un rouleau compresseur qui avance sans état d'âme mais non sans réflexion. L'homme n'agit pas comme on pourrait le penser, sous l'impulsion. Il a une capacité d'analyse des situations hors pair mais lorsque sa réflexion, jamais excessivement longue tout de même, l'a amené à une conclusion, il est prompt à prendre une décision et n'aura de cesse de la mettre en pratique. Il ne goûte guère ces atermoiements et trépigne parfois de l'attentisme de certains membres du Cercle. D'aucuns pourraient prendre son activisme pour un manque de pondération. Il pense juste que face aux extrémistes humains, aux terroristes, il faut se montrer ferme et sans pitié aucune. Il déplore ouvertement l'espèce de langueur établie qui prévaut au sein de la majorité des membres du Pinacle sans pour autant partager la sauvagerie d'Haran à l'égard des humains , ni le côté mercantile d'Hanzu.

Seul membre à n'être issu ni de la noblesse ni de la bourgeoisie, ses origines plébéiennes l'ont conforté dans la conviction qu'on ne s'élève et ne se maintient au plus haut rang que par le courage, l'audace et la détermination, tout cela associé à la force. Il est fermement convaincu que pour garder un statut privilégié, il faut le protéger par une domination sans faille mais raisonnée. Trop de cruauté pousse les dominés à la révolte puisqu'ils n'ont plus rien à perdre, trop de laxisme aussi car ils sont tentés de s'insinuer dans les failles du système pour renverser le pouvoir ou se l'octroyer. Pour lui , l'hégémonie de la Couronne doit s'exercer de manière intelligente mais sans concession. Aucune dérogation aux lois ne saurait être tolérée. Alexandre est donc loin d'être un sombre crétin prompt à abuser de ses pouvoirs. Non dénué de nuance dans l'analyse des situations politiques, il n'en est pas moins un « homme » de conviction. Pour lui les hors-la-loi existent parce qu'on ne leur donne pas les raisons de regretter vraiment d'en être, les marginaux sont des êtres faibles et indécis qu'il conviendrait de « rééduquer » et les terroristes de tout poil, comité ou autre doivent être combattus avec leurs propre armes. Il n'est pas loin de penser qu'un commando spécial devrait être fondé pour les éradiquer de la surface de la terre, en n'hésitant pas à mettre en œuvre une stratégie antiguérilla. Il serait le premier à se porter volontaire pour faire sauter le QG de cette engeance, une fois clairement identifié.

Concernant le reste de la population humaine, du moment qu'elle se montre docile et respectueuse de la dominance des vampires, il la voit plutôt comme un cheptel , un troupeau qu'il faut gérer et dont il faut prendre soin. En cela, il est paradoxalement favorable au développement d'une politique sociale bien menée pour leur assurer un minimum de confort et de décence. Pour lui un maître légitime naturellement, comme le sont tous les vampires, ne devrait pas avoir à asseoir sa domination par l'humiliation, la terreur et le maintien dans l'indigence de ses gens. Evidemment cette position est loin d'être du goût de ses pairs mais il pense que la cruauté gratuite est une marque de faiblesse plus que de force. Il n'a pas d'affinité particulière avec ses égaux privilégiés. Il les voit plutôt comme des nantis assoupis sur leurs acquis et aveugles au point de perdre toute vigilance face au danger.

Il est également peu indulgent envers les dégénérescences de ses congénères et réprouve les conduites dépravées et les transgressions de la Loi aussi bien que pour les humains. Un vampire, par sa position, se doit de se montrer infaillible et d'entériner par sa conduite le bien fondé des lois vampiriques. Ainsi réprouve-t-il la consommation de sang immortel entre vampires, les dérives de moeurs douteuses. En fait, il n'a jamais goûté à la dépravation étant humain. Lorsqu'il devint immortel et qu'il prit conscience des excès de certains des siens, il n'y trouva toujours qu'abjection. Un esprit sain dans un corps sain et tout ira bien, pour l'éternité. Telle pourrait être sa devise. Il voue un culte à son corps mais pense que l'esprit doit régner sur le corps. En cela, il est bien plus intellectuel que son apparence le laisse à penser.

Pas de sentiments amicaux donc et encore moins amoureux. Son cœur semble inaccessible et fermé depuis la disparition de celle qui lui ouvrit les portes de l'éternité. La seule qui trouverait grâce à ses yeux est étonnamment une jeune femme qui cache bien son jeu,elle aussi, sous des dehors parfois futiles et mondains. Elle a su le toucher lorsqu'il l'a croisée sur les bancs de l'université. Oui les vampires peuvent suivre des études, surtout lorsque leur vie mortelle ne le leur a pas permis et qu'ils cachent sous de gros muscles une intelligence brillante. Ce n'est pas pour rien qu'Alexandre a décroché une thèse en sociologie sur les bancs de l'antique Sorbonne. C'est d'ailleurs là qu'elle le remarqua et le pensa digne d'intégrer les rangs du Cercle. Aurore le touche plus par son ambiguïté et sa personnalité cachée qu'il a pressentie que par sa beauté pourtant remarquable. Leur complicité demeure sur un plan purement intellectuel qui peut les mener à des joutes verbales fameuses lors des réunions plénières du Cercle. Il se sait son débiteur, dans un certain sens mais ne se soumet pas pour autant plus à elle qu'aux autres. Il l'estime simplement bien davantage et elle serait probablement la seule pour qui il mouillerait sa chemise.



En savoir plus à mon sujet...

 

Maladies :Aucune, il pète la forme.
Transformation : à définir
Groupe Sanguin : O car il se donne sans compter.
Famille : Fils de Svetlana et Dragan Osibar
Origines : issu d'une famille ouvrière des Balkans

   

 

 
Surnom : écrire ici
 • Âge : écrire ici
 • Comment avez vous connu le forum ? : écrire ici
 • Comment trouves tu le forum ? : écrire ici


 
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Constantin Basarab
Messages : 116
Date d'inscription : 23/08/2014
Constantin Basarab
MessageSujet: Re: [V] Cecil Osbern || LIBRE [V] Cecil Osbern || LIBRE  EmptyVen 29 Aoû - 21:48

     
     

     

     
     
En chacun de nous sommeille un héros

     
- Petite citation -


     

Brumes de Printemps

Dragan se hâta sur le pavé rendu humide par la brume qui recouvrait les rues en cette heure matinale. L'ouverture des portes de la fonderie approchait et il voulait être ponctuel. Le chef d'équipe n'aimait pas les retardataires pour lesquels il devait reprendre toutes ses explications sur la distribution des postes de la journée. Il arriva au portail et écrasa sa cigarette avant de pénétrer dans l'enceinte, ombre grise parmi d'autres ombres grises. Les hommes avançaient le dos courbé, trop conscients de la nouvelle journée qui débutait, semblable aux précédentes et à celles qui suivraient. Ils entrèrent dans la gueule béante de la fonderie et l'enfer les happa. Chaleur suffocante, air sec, grondement assourdissant du métal en fusion dans la chaudière, vrombissement des refroidisseurs qui empêchaient le haut fourneau d'exploser en acheminant l'eau de la rivière toute proche. Ils la rejetaient plus loin et ça faisait crever les poissons mais qui s'en souciait. Il fallait produire cet acier pour l'industrie, il fallait faire manger sa famille. Vilkjen le gros chef d'équipe rougeaud leur hurla de passer au bureau après le pointage. Le bureau, c'était une pièce poussiéreuse de suie avec une table cirée de crasse en son milieu. Le type passa derrière et leur distribua les tâches en se tapotant la panse qu'il avait proéminente. Aujourd'hui, Dragan était dévolu à la gueule du foyer. En gros il devait alimenter la chaudière en coke. Tout le monde se dispersa à son poste de travail, lui comme les autres. Il enfila ses gants en amiante et mit son masque avant de s'avancer vers le tapis qui charriait le charbon jusqu'à la gueule de la chaudière. Il commença à approvisionner en plongeant sa pelle dans la benne et en jetant des pelletées sur le pont. Hors de question d'ouvrir et refermer le foyer pour alimenter. Cela ferait trop chuter la température. Le charbon entrait donc par une fente étroite par le tapis roulant en amiante, lui aussi, puis il tombait dans le brasier. Les premiers temps qu'il avait fait ce travail, Dragan avait les yeux qui le brûlaient à la fin de la journée. Il ne pouvait plus parler comme si tout avait été vitrifié par la chaleur dans sa gorge. Puis il s'était habitué peu à peu. A 26 ans il en faisait dix de plus et il crachait noir. La fonderie avait commencé son œuvre mais il ne s'en doutait pas encore.

Il songea à sa femme restée à la maison. Elle n'avait pas pu se lever pour se rendre à l'atelier de confection aujourd'hui. Trop de douleurs dans le ventre. Le terme était dépassé depuis deux jours et le type qui habitait le palier en face du leur et était infirmier militaire avait averti. Elle devait se ménager et ne plus travailler sinon elle accoucherait devant sa machine à coudre. Ils auraient bien voulu déménager dans un deux pièces plus salubre que cette chambre qui faisait toutes les fonctions et qu'ils partageaient même avec les blattes. Pourtant, c'était impossible avec leurs deux maigres salaires. S'il était remarqué du chef, peut-être qu'il lui demanderait de tenir le four ou de mouler ... C'était mieux payé. Plus qualifié. De ces postes dépendaient la qualité de l'acier... La matinée était déjà avancée... On lui tapa sur l'épaule. C'était son camarade Karil qui lui hurla.

- On te demande à l'entrée !

Dragan pensa immédiatement à Svetlana et au bébé. Karil aussi savait .

- Je vais te remplacer, j'ai fini ma nuit. File ! Lui dit-il dans un clin d'œil.

L'ouvrier jeta un regard infiniment reconnaissant à son compagnon de labeur. Il ne perdrait pas sa matinée de salaire. L'homme était courageux d'enchaîner après une nuit de travail dans cet enfer. C'était la seule chose qui les rendait dignes : rester soudés et solidaires dans les moments importants, la mort, la naissance, le mariage...

Cecil était né en ce matin brumeux, bien avant que son père n'arrive à l'appartement. C'était la voisine du dessous qui avait assisté Svetlana pour la naissance. Les sages femmes étaient trop chères pour leur bourse. Fort heureusement, la maman comme l'enfant étaient de bonne constitution. Tout s'était bien passé et le petit garçon hurlait vigoureusement sa faim dans les bras de son père pas peu fier. Restait à nourrir convenablement la mère pour que le petit grandisse bien. Le père trouva un deuxième emploi jusqu'à ce qu'il apprit à marcher et que la mère put reprendre le travail en déposant l'enfant chez la Mamaïe de l'immeuble qui gardait ainsi une dizaine de marmots dans son trois pièces qu'elle devait uniquement à son défunt mari ancien militaire. La vieille subsistait des dons en nature que lui faisaient les parents de la remuante marmaille. Elle ne s'en tirait pas si mal. Dragan garda son deuxième travail finalement, pour payer les culottes et godillots du gamin. C'est qu'il grandissait à une vitesse.


Le Destin frappe toujours plusieurs fois

Alors qu'il avait fêté ses deux ans, un drame national vint frapper la Macédoine. Un tremblement de terre d'une rare violence détruisit 80% de la ville. Le hasard bienveillant pour les Osbern, voulut que les trois membres de la famille furent à l'extérieur et échappèrent à l'effondrement des bâtiments. Cependant Cecil devait en conserver un respect profond pour les manifestations de la puissance de la nature et ils se retrouvèrent néanmoins sans logement. Hébergés durant des mois dans une salle de sport qui avait supporté les secousses, ils assistaient les soirs à des combats de boxe qui enthousiasmaient le père et le fils. Dragan fit partie des commandos volontaires à la reconstruction de la ville, alors que Svetlana aidait dans un dispensaire tout en continuant de travailler dans la couture. Le petit Cecil commença à s'intéresser au sport et vouait une admiration sans bornes aux "Hercules " qui défilaient sur le ring ou dans les salles d'entrainement. Ils retrouvèrent bientôt une chambre à louer dans le quartier qui se reconstruisait peu à peu. La maman retrouva du travail dans un atelier de confection.

Dès l'âge de cinq ans, alors qu'on lui en donnait huit, il commença à rendre de menus services pour aider les parents. Il voyait maman qui plissait les yeux sur sa couture, le soir, sous l'unique ampoule du plafond. Ses yeux étaient rougis et elle avait souvent mal à la tête. Leur voisin infirmier, relogé dans le même immeuble qu'eux, avait dit qu'elle avait certainement besoin de lunettes et que la couture à l'atelier plus les petits travaux de retouches qu'elle faisait pour les "dames " du quartier en attendant le retour de son mari de sa nuit de labeur, n'arrangeaient rien. Une fois, elle avait failli se faire renverser par une automobile en traversant. Elle ne l'avait pas vue déboucher d'une impasse. Cecil avait eu très peur et depuis il accompagnait toujours maman à l'atelier ou pour les courses. Svetlana devenait aveugle et le père comme le fils rageaient de ne pouvoir réunir la somme pour aller chez l'opticien. Elle changea de travail pour un beaucoup moins bien payé. Une cliente pour laquelle elle avait fait des retouches avait réussi à la faire engager chez le fabricant de corsets où elle s'approvisionnait. La jeune aveugle emballait des jolis dessous dans des boîtes en carton raffinées en les pliant savamment dans du papier de soie de façon à les mettre en valeur. Elle le faisait sans regarder juste à la délicatesse de ses doigts qui effleuraient les tissus satinés qu'elle ne pourrait jamais s'offrir. Elle ne sortait plus de la maison. Souvent on lui livrait du travail, de lourds cartons pour faire son travail à domicile. Cecil alla bientôt les chercher lui-même et les soulevait sans peine du haut de ses dix ans.

Il trouva ainsi son premier emploi de livreur et entra aussi dans le monde des femmes. Il n'était pas rare qu'au cours d'une livraison, il assista à des essayages ponctués de petits gloussements ravis de ces dames. Son minois farouche amusait les jolies femmes de la bourgeoisie. Il était bien inscrit à l'école mais il préférait travailler et courir de boutique en boutique avec ses gros cartons. On lui octroya un vélo pour faire plus de courses. Ses cuisses et ses bras se musclèrent. Il croisa un jour une lumière. Elle s'appelait Clara en plus et avait les plus beaux yeux qu'il lui eut été donné de voir, hormis ceux de Svetlana malgré sa cécité. Clara était la fille d'une cliente de "la Rosée du soir". En fait, la maman de Clara n'était pas une cliente comme les autres. Elle était mannequin et posait avec les dessous de la boutique. C'était un ravissement. Il s'attardait avec Clara à regarder les défilés et les flashs des photos. La jeune maman élevait sa fille seule, ce qui était très mal vu à l'époque mais elle veillait à son éducation et souvent la fillette faisait ses devoirs pendant que sa mère posait et faisait des essayages. Un jour qu'elle apprenait une leçon sur l'art russe, elle lui parla du Bolchoï. Il lui répondit qu'il savait bien que c'était cette espèce de grande coupole ou un détroit. Elle hurla de rire en le moquant de confondre Bolchoï et Bosphore. Il s'enfuit mortifié et ne revint plus que furtivement dans cette boutique pour y déposer les cartons.

Ce fut à cette période aussi qu'il commença à participer à des combats de rues entre gamins et sur lesquels de plus âgés pariaient. Il se battait souvent avec de plus mûrs que lui, sa corpulence le faisant paraître plus vieux qu'il n'était réellement. Il revenait parfois bien amoché de ces rixes monnayées mais avec en poche un peu d'argent. Sa maman ne voyait rien , bien sûr et lorsqu'elle sentait des plaies en effleurant son visage, il trouvait toujours une excuse rassurante. Un soir pourtant, on frappa à la porte de l'appartement et sa mère l'envoya ouvrir. En se trouvant nez à nez avec Clara et sa mère , il la claqua aussitôt. Il avait tellement honte qu'elle puissent voir l'endroit où il vivait. C'était tellement à des lieux des jolies dentelles raffinées et des robes fleuries de la fillette. La porte se rouvrit pourtant. La jolie femme prit Cecil par les épaules et le regarda droit dans les yeux.

- Clara a été très peinée de ne plus te voir. Elle m'a avoué qu'elle s'était très mal conduite envers toi. La jeune femme soupira. Sache que j'ai trop souffert des moqueries pour élever ma fille dans cette mentalité. Elle a des choses à te dire et moi je dois parler à ta maman, entre mères. Tenez, allez vous acheter une pâtisserie au coin de la rue et réglez votre différend. Ajouta-t-elle en glissant deux pièces dans la main de Cecil.

Les deux enfants dévalèrent l'escalier pour se rendre à la boutique à beignets du coin. En mordant dedans, il était facile de garder le silence. Pourtant Clara finit par parler d'une voix nouée par l'appréhension.

- Je n'aurai pas dû me moquer... Maman m'a expliqué que tu n'avais pas le temps d'apprendre parce que tu travaillais pour aider ta famille. Je pourrais te prêter mes livres que j'ai déjà lus et tu les lirais le soir dans ton lit ?

Cecil baissa la tête et donna un coup de pied rageur dans un caillou. Les poings enfoncés dans ses poches, il avait la tête des mauvais soirs.

- Ça ne servirait à rien ...

- Pourquoi ?

- Que veux-tu que je fasse avec tes livres ? Je sais à peine lire ... j'ai dix ans et je ne sais pas lire... Voilà , tu es contente ?


- Non, je ne suis pas contente ... Je vais t'apprendre, alors ... Répondit la gamine en lui piquant une bise sur la joue.


En rentrant, il avait eu droit à un sermon bien senti de Svetlana. La maman de Clara avait fait sa petite enquête pour trouver leur adresse mais elle avait aussi appris à quelles activités se livrait le jeune garçon pour se faire de l'argent et , bien évidemment , elle en avait fait part, inquiète pour lui, à la jeune maman aveugle. Il dut promettre de rompre avec ces mauvaises habitudes et les fréquentations peu recommandables qui en découlaient et d'accepter l'aide de cette femme au grand cœur qui voulait bien que sa fille l'aidât à s'instruire. Un peu honteux de son ignorance et de faire pleurer les yeux éteints, il avait promis.

Il avait ainsi commencé à s'élever et à s'instruire par cette femme et sa fille, grâce à leur bienveillance. Il apprenait vite, partageant son temps entre le travail, les séances d'étude avec Clara et les entraînements à la salle de sport pour avoir la condition physique. Il avait rapidement compris que si accéder à l'éducation était un avantage sur les enfants qu'il côtoyait dans la rue, savoir se battre et être plus fort était aussi un atout majeur. Il se mit à faire de la boxe junior. A seize ans, il intégra les cours du soir pour apprendre encore davantage que ne pouvait l'instruire Clara, plus jeune que lui et partagea ses soirées entre les cours et les combats. Clara devenait une belle jeune fille et à quatorze ans, elle faisait déjà tourner les têtes et battre les cœurs. Pourtant, alors qu'il entrait à la fonderie comme simple ouvrier, délaissant ses cartons de livraisons pour un meilleur salaire, la jeune fille et sa mère s'exilèrent vers les Etats-Unis, celle-ci ayant trouvé un Américain qui voulait l'épouser. Cecil en conçut un profond chagrin mais ne l'avoua jamais. Il se promit alors de ne plus jamais trop laisser son esprit rêver. Deux mondes trop différents ne pouvaient s'accorder. Il fallait conquérir le monde qu'on convoitait et devenir le meilleur en son sein. Dès lors, il se focalisa sur le sport et son travail pour assurer une vie meilleure à ses parents.


La Sueur et le Sang

La monotonie de la vie ouvrière avait refermé ses bras sur Cecil, érodant peu à peu son enthousiasme naturel et sa joie de vivre. Ses parents vieillissaient pendant qu'il gagnait en force mais pour combien de temps ? Combien de temps avant que la fonderie ne sape sa puissance et sa vitalité, ne détruise sa santé comme elle l'avait fait de celle de Dragan ? L'homme dans la force de l'âge, n'était plus que l'ombre de lui-même, terrassé par la maladie de l'amiante, les poumons ravagés par l'air chargé de poussières nocives qu'il avait inhalées jour après jour pour nourrir sa famille. Il n'était plus apte au travail et gardait le lit, attendant une mort atroce par suffocation. Son épouse n'avait que ses yeux aveugles pour pleurer. Son maigre petit salaire et l'absence de pension pour l'invalide ne suffisaient plus à les nourrir. Cecil avait naturellement cherché un second emploi pour aider ses parents. Il avait trouvé un travail de conducteur de trans-palettes sur les quais du fleuve et déchargeait la nuit durant les bateaux qui y accostaient, ou les chargeait suivant les flux commerciaux. Il lui arrivait aussi de finir le travail à la main quand cela nécessitait plus de précision pour ne pas perdre un mètre carré de soute. Bientôt, il abandonna sans regret son travail à la fonderie pour devenir un docker à temps plein. Il cumulait les jours non ouvrés avec de petits emplois de maçonnerie. Il se rendait de temps à autres à la salle de boxe pour continuer à s'entrainer. La rage devint son moteur lorsque la fin du mois d'avril lui ravit son père. Cecil venait de fêter ses vingt et un ans, l'âge qui marquait légalement l'entrée dans la vie d'adulte, à cette époque, mais il y était entré bien des années plus tôt. Svetlana ne survécut que quelques mois à son époux qui était son âme soeur. L'hiver trouva le jeune homme orphelin et plus sombre que jamais. Son désespoir de n'avoir pu extirper ses parents de cette pauvreté qui les avait tué le galvanisait. Il abattait le travail de trois hommes et passait ses heures libres à la salle de musculation ou sur le ring à épuiser les rares camarades qui acceptaient de s'entrainer avec lui.

Cette vie de lutte acharnée dura sept longues années pendant lesquelles il enchaina les combats d'abord clandestins, avec toute la pègre qui tournait autour de ce genre d'activité, ce qui lui valut de jouer des poings tant sur le ring que sur les docks, puis en amateur soutenu et coaché par le propriétaire d'une salle de boxe privée de Skopje, mais là aussi les magouilles n'étaient pas absentes des matchs et il dut accepter de perdre plus d'un combat pour faire entrer le flouz dans les poches de son manager. Puis l'ambiance changea curieusement autour des cordes, alors qu'il continuait à travailler toujours et encore ses muscles et sa constitution pour les rendre plus robustes. Les combats se durcirent singulièrement tandis que la foule qui se pressait à la salle de sport devenait plus huppée et étrange. Les disparitions et les crimes se multipliaient dans le quartier, sur le ring même les combats semblaient presque se dérouler à mort. Nombre de boxeurs partaient pour l'hôpital et n'en revenaient pas toujours. Cecil s'en tirait bien malgré les incitation des coaches à leurs poulains, les exhortant à se battre avec toujours plus de violence pour satisfaire ce nouveau public avide de sensations toujours plus fortes, avide de sang. Il devint le plus redouté des poids moyens. Il écopa de nombreuses cicatrices mais en laissa aussi beaucoup à ses adversaires. Le sang et la sueur étaient plus que jamais son lot quotidien.

Il se trouva plus d'une femme pour panser ses plaies et l'admirer. L'une d'entre elle, Marisa Demkers, une directrice d'agence de mannequin, le remarqua et lui proposa un contrat alléchant avec une marque d'articles de sport. Elle lui offrit en prime, un sponsor et l'accès à son lit. Songeant qu'il ne gagnerait pas sa subsistance avec ses poings toute sa vie, Cecil, en homme avisé, ne refusa pas la proposition et ses clichés se vendirent bien dans les encarts publicitaires des magazines de sport, sur les grandes enseignes de la marque. Il connut même une petite renommée mondiale avec sa belle gueule de sauvage des Balkans. Avec un sponsor digne de ce nom, il accéda aux combats nationaux et internationaux mais la gloire ne lui montait pas à la tête. Il avait juste acheté l'immeuble où étaient morts ses parents et le faisait réhabiliter à grands frais, tout en ayant à cœur de conserver son style rétro. Ayant travaillé un temps dans la maçonnerie, il venait fréquemment sur le chantier pour suivre l'avancée des travaux et s'assurer qu'on respectait ses consignes.

De fil en aiguille, il acquit bientôt une petite partie du quartier et la salle de sport elle-même. Il était devenu un homme respecté et craint, un bienfaiteur pour les plus laborieux et un homme à abattre pour la pègre locale. Les choses se gâtèrent lorsqu'il voulut acheter la fonderie qui avait tué son père et imposer de nouvelles réglementations sur les conditions de travail. L'exemple inspira bientôt les ouvriers des concurrents qui se mirent en grève pour exiger les mêmes conditions. A vingt sept ans, il avait déjà échappé à deux tentatives d'assassinat dont les autorités judiciaires n'arrivèrent pas à identifier les coupables. Maffia ou patrons ? Pour tous, il était une épine douloureuse dans le talon, une épine qu'il fallait éliminer. Il avait engagé des gardes du corps, sur le conseil inquiet de sa maîtresse mais pourtant, la mort vint le cueillir, fondant sur lui, de là où il ne l'attendait pas. Ce fut son goût pour les jolies femmes qui le perdit et peut-être le désir de rester au sommet de sa gloire. En effet, à l'aube de ses vingt-huit ans, il continuait à combattre sur le ring pour le plaisir mais sentait bien que de jeunes loups, notamment venus du nord, le surpasseraient bientôt dans le carré de cordes. Aussi lorsque Marisa lui présenta une amie, lors d'un cocktail donné en son honneur à l'issue d'un combat victorieux, l'intérêt que lui porta cette déesse grecque ne le laissa pas insensible. Il se laissa charmer par les yeux de braise et le corps souple et ambré de la jeune femme et la suivit volontiers à l'hôtel où elle était descendue . Elle était une jeune mannequin, figure montante de la mode, posant pour les plus grands couturiers français, les parfumeurs, elle était le luxe et la richesse , la beauté et la volupté incarnées.

" Tu es mon Hercule, mia carino !" lui avait-elle susurré dans un mélange d'italien et de grec. Le Macédonien qui n'était jamais sorti de son Skopje natal que pour des shootings et des événements mondains ou des matches internationaux céda au mirage et ce d'autant plus facilement qu'elle lui avoua connaître le moyen de le rendre encore plus fort et invincible, encore plus puissant. C'est ainsi que Cecil tomba dans les filets d'Abigail Sumosis. Elle le testa de nombreuses nuits avant de lui révéler son fameux secret. De nombreuses nuits où il vécut la passion, la fusion à l'état pur avec un être dont il était loin de savoir la nature. Il s'émerveillait juste qu'elle put l'épuiser, lui qui en avait épuisé plus d'une. Il ne cessait de s'étonner de cette fougue qui semblait toujours se renouveler. Il lui parut évident qu'Abigail détenait bien un secret qui galvanisait ses forces. Elle avait toujours refusé cependant qu'il lui rende visite à l'improviste et ne sortait jamais le jour avec lui, prétextant ne pas vouloir peiner Marisa avec laquelle il avait pourtant rompu, lui brisant le cœur. Elle exigeait qu'il vint la rejoindre quand elle le désirait et s'en aille quand elle l'ordonnait. Cecil était si dépendant de cette femme qu'il obéissait comme un enfant. Il était tombé éperdument amoureux d'elle et chaque instant qu'elle lui accordait passé en sa compagnie était comme un accomplissement. Elle-même semblait l'aimer à sa façon.

Un soir pourtant, dans un sursaut de dignité, lorsqu'elle lui annonça une longue absence pour une campagne, il se révolta et exigea de la suivre. Elle le regarda alors comme elle ne l'avait jamais regardé, caressant les muscles de son torse, s'emplissant les yeux de sa contemplation, effleurant chaque courbe de son corps et trait de son visage. Dans un étrange sourire, elle lui murmura:

- Oui, pourquoi pas ... Tu es plus parfait que tu ne seras jamais, ce soir ... mais il te faudra me suivre alors, toujours et plus loin que tu n'imagines ... Il te faudra accepter d'être l'un des miens ... Es-tu prêt ?

Elle l'enlaça alors qu'il acquiesçait en silence et le mordit férocement mais avec une sensualité diabolique. Il crut mourir pendant trois jours puis renaître à nouveau, ne se nourrissant que de son sang, puis lorsqu'elle le "lâcha" à la sortie d'une boîte de nuit mondaine, il fit un carnage dans la ruelle avoisinante où se regroupaient les amoureux en mal de sensations. Il ne s'était jamais senti aussi fort et aussi épris.

Paris nous appartient !

Elle tint sa promesse et lui fit connaître Paris et ses nuits chaudes et dépravées mais il n'y goûtait qu'un mortel ennui. Il ne la voulait qu'elle et pour lui seul. Cette soif d'exclusivité aurait pu peser à Abigail mais elle s'en amusait plutôt et trouvait cela charmant. Il s'adapta par ailleurs assez bien à la vie parisienne et commença à s'intéresser à la culture qu'offrait la capitale. Il reprit les cours du soir, qui, quelle aubaine, ne se déroulaient pas la journée. Il décrocha sans encombre le baccalauréat en candidat libre. S'étant fait délivrer une ordonnance il put le passer devant un jury, à domicile et en nocturne puisqu'il souffrait d'une "intolérance héréditaire aux rayons du soleil". Il accumula ensuite les formations par correspondance. Il était devenu insatiable de connaissances et avait "l'éternité devant lui" comme le lui avait expliqué Abigail. Il ne combattait plus. La boxe avait perdu son attrait puisqu'il était invincible. La chasse était bien plus exaltante. Elle, continuait à poser pour des collections, immuable dans sa beauté, figée depuis des années. Il avait encore ses accès d'exclusivité qu'elle crut apaiser en acceptant de l'épouser comme l'auraient fait deux humains, simplement à la mairie, bien sûr. Pourtant, il assistait à ses défilés, tapi dans l'ombre et crevant de jalousie. C'est au cours de l'un d'eux qu'il croisa une femme d'une quarantaine d'années accompagnée d'une autre aux cheveux grisonnants qui avait du être fort belle. La femme l'avait interpelé.

- Cecil !!! Cecil, c'est bien toi ? Tu ... parais si jeune ... Tu n'as pas changé ... J'ai suivi ta carrière ... J'avais espéré te croiser avec maman ... dans les défilés ... mais nous n'étions pas souvent invités ...

Il regarda la femme aux tempes grisonnantes et celle qui lui parlait , fixant les yeux d'un bleu si limpide avec incrédulité.

- Clara ???

- Oui ! Tu m'as reconnue, ça y est !

Il prit alors conscience du temps qui avait fui. Plus de vingt quatre ans... Depuis qu'elle avait quitté Skopje. Et onze depuis qu'il était devenu... Un monstre ... Il baissa les yeux et eut un étrange sourire.

- Tu as arrêté ta carrière, Cecil ? Pourquoi ? Tu es toujours aussi beau. Dit-elle doucement, ses yeux brillants d'émotion, alors que deux petites pattes d'oies se dessinaient déjà au coin des paupières. Il balbutia:

- Je fais des études maintenant, je m'intéresse à autre chose ...


- Je suis si fière de toi Cecil ... J'ai su tout ce que tu as fait là- bas, au pays ... Je suis fière que tu étudies... Il faut continuer ... Que fais-tu ici, alors si tu ne t'intéresses plus à la mode ?

- J'accompagne mon épouse ...

- Oooh, je vois ... Eh bien, je te félicite aussi pour cela, Cecil. Je ... maman est fatiguée, nous devons y aller ... peut-être nous recroiserons-nous un jour. Cela m'a fait plaisir ... De te revoir ...

Il l'avait laissé partir. Que pouvait-il faire ? Elle appartenait à son passé, un passé révolu. Elle aussi était partie un jour pour suivre sa mère même si elle n'avait pas choisi et que le lui reprocher était injuste. Il n'était plus de leur monde. Les événements allaient lui donner raison. Il leva la tête et lut avec une certaine amertume la banderole qui surplombait le podium du défilé. "Fashion international review december 1999" Il ne devait plus jamais les revoir, emportées dans la tourmente de la guerre totale entre les siens et les leurs, la tourmente qui devait lui enlever aussi Abigail, la seule qui comptait à présent. Mais il ne pouvait le savoir car même lorsqu'on est vampire on ne sait pas quand vient l'heure de la damnation.


Un chemin de solitude

Pillages, barricades, dénonciations, justice expéditive, règlements de comptes personnels sous couvert du conflit qui avait éclaté ouvertement entre les damnés de la nuit et les humains, Cecil assista à tout. Le chaos, la terreur, le retour à l'aube de la civilisation alors que toute la technologie développée par les humains s'avérait inopérante à les protéger du souffle d'une bête tapie au fond des âges, le confortèrent dans sa conviction que l'intelligence seule ne suffisait pas plus que la force pure et aveugle. Le sang coula dans les deux camps. Le vampire qu'il était n'oubliait pas ce qu'il avait été et comprenait la lutte des humains pour subsister mais pas leur espoir de demeurer maîtres de la situation. Il choisit son camp, mais ce fut un choix sans haine et sans mépris, juste dicté par sa réflexion et son instinct de survie. Il se battit donc au côté de ceux de la nuit mais contre ceux qui voulaient leur mort, pas contre l'humanité. Il était bien trop conscient que scier la branche sur laquelle on était assis était une preuve de stupidité profonde. Il fut le témoin de carnages inutiles où des humains innocents étaient sacrifiés et d'effroyables scènes de boucherie dont furent aussi victimes les vampires.

Pourtant la tendance semblait s'affirmer en faveur des siens et il savait que seules les ignominies des vainqueurs resteraient dans les mémoires. Ainsi s'écrivait l'histoire depuis la nuit des temps. Cette histoire lui enleva le seul être qui fut sa moitié. Abigail, par son statut , était mondialement connue, égérie de la beauté éternelle. Elle fit partie des cibles que les résistants humains choisirent de frapper le plus symboliquement, pour marquer les esprits. Lors d'un défilé, un commando fit irruption dans la salle et lâcha des bombes incendiaires. Des guerriers humains avaient pris place aux endroits stratégiques, barrant les issues de secours. Elle s'était réfugiée derrière le bar avec quelques compagnes, indistinctement humaines ou immortelles. Toutes vêtues de leurs somptueuses toilettes. Les lances flammes vengeurs les y avaient acculées. Le feu qui les avait épargnées les rattrapa alors qu'elles étaient recroquevillées et terrorisées. Lorsque Cecil vint plus tard, appelé par les instances, il traversa une salle aux murs couverts de suie, jonchée de corps calcinés. Il ne put crier lorsqu'on lui désigna une silhouette noircie vitrifiée par endroit et tombant déjà en poussière à d'autres. Il revit fugitivement des images de Pompéi, aperçues dans les livres. Bientôt le corps aimé s'effondra sous le souffle de la brise de nuit et il sut que la lumière s'était éteinte à jamais en son coeur.

Il erra longtemps dans les lieux qu'ils avaient arpentés tous deux. Rien n'était plus pareil, comme si une main cruelle s'était abattue sur le monde pour punir ses enfants de ne point s'accorder. Il n'en avait cure. Que lui importaient les ruines fumantes de la capitale alors que son coeur était un cimetière de cendres. Il pensa chercher une deuxième mort, maudissant le destin de le laisser sauf alors que celle qui lui avait offert l'éternité n'était plus. Des images du passé lointain affluaient dans ses songes de cauchemars. Il n'avait pu la sauver comme il n'avait pu sauver ses parents. Il se promit alors de la venger et traqua sans relâche les opposants à son camp. Alors qu'il chassait une nuit dans un cimetière, il tomba en arrêt devant une tombe où il lut avec un curieux déchirement "Stella Atkins, Clara Skopel, her beloved daughter". Elles aussi étaient donc parties. Il en éprouva un étrange sentiment mêlé de tristesse et d'un honteux relent d'équité. Ce qu'il avait aimé de vivant était aussi mort que ce qu'il avait chéri de son immortalité. C'était un juste équilibre dans son coeur. Pourtant, en chemin pour regagner son hôtel, il se souvint des livres dévorés avec la fillette si fière et prit la résolution de changer de ligne de vie. Il apprendrait et deviendrait le meilleur pour mieux lutter contre ces chiens de rebelles qui semaient la terreur et l'extermination dans leur rangs et il devait cette soif d'apprendre à deux femmes du même bord que ceux qu'il combattrait grâce à son savoir.

Des années plus tard, il intégra les rangs de la grand université de la Sorbonne, en étant le plus assidu des auditeurs nocturnes. Ses choix se tournèrent naturellement vers la sociologie et l'histoire. La capitale se reconstruisait peu à peu, plus vite dans certains quartiers que dans d'autres. Il n'avait pas besoin de travailler pour financer ses études. Le bon côté des choses quand on était vampire, consistait à détrousser et se nourrir sur les bonnes personnes. Lorsqu'il entama son doctorat, il avait déjà écrit quelques ouvrages sur les systèmes de sociétés tribales adaptés au monde moderne et avait connu un petit succès d'estime dans les colloques. Ce fut lors de l'un d'eux qui clôturait sur un cocktail qu'il croisa Aurore. Il portait le smoking comme un Dieu et elle glissait de groupe en groupe comme une sirène dans sa robe de soirée émeraude. Il ne sut pourquoi elle lui adressa la parole tout d'abord mais intégra vite deux choses à son sujet : elle avait été favorablement impressionnée par sa "théorie de la meute en soirée mondaine" et était brillante intellectuellement. Il comprit très vite aussi qu'elle n'en montrait pas le dixième et à dessein, ce qu'il attribua par la suite à un subtil jeu de manipulation qu'elle exerçait sur son entourage. Ils parlèrent de choses et d'autres mais de sujets passionnants surtout , durant de longues heures et elle lui promit qu'il aurait des nouvelles en prenant congé. Il en eut effectivement. Quelques mois plus tard, il était contacté et invité à se rendre en un lieu que peu connaissaient. Il se retrouva face à une sorte de cercle dont il reconnut immédiatement l'aura. Des vampires d'une puissance rare. L'interrogatoire dura longtemps, le débat tout autant, sans qu'il parvint à s'en lasser. De questions personnelles, il y eut peu. Sans doute avait-il été aisé à ses "hôtes " de se renseigner sur son passé. Ils s'attachèrent donc plutôt à sonder ses convictions et sa résolution. Après avoir été accepté, on le mit un temps à l'épreuve, le plaçant devant des choix, lui confiant des missions pas très diplomatiques. Il sembla convaincre et intégra pleinement l'organisation, à l'apparente satisfaction de sa marraine qui comme toujours ne montra pas une fierté outre mesure. Leur complicité intellectuelle s'affirma pourtant au fil des années, une sorte d'émulation qui les menait à de longues conversations privées ou non durant lesquelles ils éprouvaient leurs points d'accord comme de désaccord. Elle était la seule avec laquelle il pouvait avoir des discussions sortant du cadre de l'organisation secrète, bien qu'il se refusât à parler de lui de façon intime, étant comme verrouillé dans ce domaine. Il appréciait de la voir alors que les autres membres le laissaient indifférent et ne lui importaient que dans la façon dont ils pouvaient servir ses desseins. Il avait rapidement compris que cette sorte de confrérie obscure qui se faisait appeler le Cercle était toute puissante et s'opposait naturellement aux activistes du Comité, héritiers directs des rebelles de la première heure. C'était tout ce qui lui importait de savoir. Il serait le plus déterminé d'entre eux...


     
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