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Raconte-nous, cadavre !

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Clémence Destrées
MessageSujet: Raconte-nous, cadavre ! Raconte-nous, cadavre ! EmptyLun 22 Sep - 19:04




Avant une dernière brève question et la rédaction du rapport, le témoin avait été envoyé vers le portraitiste. Un portrait robot des trois personnes présentes autour de la victime avant qu'elle ne décède avait pu être dressés. Mais celui du quatrième individu, l'homme à capuche, n'était pas exploitable. La piste du voyeur semblait s'arrêter là.
Le portrait du vampire avait tout de l'ado boutonneux et pas forcément des plus futés. Peut-être était-ce la perception de Jonas, mais les traits du dessin donnait au vampire un air niais. Mais ce portrait n'intéressait pas Clémence. Elle sentait qu'il ne leur serait pas utile.
Elle portait plutôt son attention sur celui du suspect. Le portrait était plus net. Le témoignage de Jonas avait permis au portraitiste de recréer le visage d'un homme blond. Si le portrait était bien réalisé grâce aux indications de Jonas, il pouvait très bien comporter quelques incohérences avec le visage du suspect. Après tout, la perception de Jonas était guidée par ses émotions. Un témoin ne voyait pas tout, généralement il ne percevait correctement que quelques détails du visage, parfois un témoin ne voyait même que certaines choses. Le crime ayant été commis de nuit, avec la faible lumière des réverbères, Jonas ne pouvait pas non plus être apte à bien voir le suspect. Si le portrait robot était proche de la réalité, d'expérience, Clémence  savait qu' il n'en était peut-être pas pour autant une copie conforme du visage du suspect.


Raconte-nous, cadavre ! Portrait-robot-bax-44adc28


Jonas avait demandé d'être sous protection. Clémence avait hésité. Mais l'affaire était tellement étrange qu'elle ne pouvait se permettre de perdre cet unique témoin. Plus pour éviter qu'il ne fuit que pour le protéger, elle consentit à lui accorder la présence de deux policiers. Jonas avait donc été reconduit chez lui, mais n'allait pas être débarrassé du lieutenant Destrées, qui avait gardé ses coordonnées bien au chaud sur son calepin.

Une fois seule à son bureau, Clémence s'était attelée à la rédaction d'un rapport récapitulant les faits et son analyse de la scène du crime.
Elle récapitula les faits tels qu'ils avaient été rapportés par Jonas,  dans l'ordre chronologique, tels que le témoins les avait vu, ainsi que les éléments trouvés et observés sur la scène du crime avant que celle-ci ne soit détériorée par l'explosion de la Nevada bleu façon corbillard du suspect inconnu.
Clémence nota que dans un premier temps, la Nevada bleue foncée était arrivée et s'était garée le long du trottoir. Un homme loin d'être négligé en était sorti et avait ouvert la porte passager à Amélie, qui descendit à son tour de la voiture. Jonas trouvait qu'elle avait l'air bourrée.
Clémence pensa plutôt qu'elle devait être droguée et elle s'était fait une note pour demander un examen toxicologique de la victime.
Puis, après l'avoir extraite de la voiture, l'homme blond l'avait entraîné dans une ruelle. Jonas ne sut ce qui se passait dans la ruelle. Mais Amélie réapparaître au bout d'un moment, juste quand un jeune vampire boutonneux, selon les dires du témoin, arrivait dans la rue. Le vampire s'intéressa à Amélie, l’entraîna un peu plus loin dans la même ruelle qu'Amélie venait de quitter.
Ensuite, Jonas avait vu une lueur faible devenir soudainement vive. Elle provenait du fond de la ruelle où s'étaient engouffrée le vampire et Amélie. La lueur fut accompagnée d'un cri de bête qui souffrait. Le témoin expliqua qu'il pensait qu'une rixe s'était déclenchée avec un clochard.
Clémence doutait pour l'altercation avec le vampire. Près de la scène du crime, elle n'avait vu aucun campement de clochard. Il n'y avait que le tas de cendre qui avait commencé à s'éparpiller juste à côté du corps. L'hypothèse de Jonas, selon laquelle le brasier venait du vampire, était plus crédible pour Clémence. Car
Enfin, l'homme qui accompagnait la victime repointa le bout de son nez, seulement quand Amélie fut morte. Il ne s'était pas montré pendant tout ce temps.
A ce moment, Jonas avait constaté qu'il ne semblait pas choqué par la mort d'Amélie. Et il vit aussi que l'homme était observé par un quatrième, avec des yeux comme des braises perçant la nuit. Il portait une capuche et se cachait derrière un camion. Jonas était persuadé que ce quatrième individu était un vampire. Clémence croyait bien volontiers l'hypothèse du témoin.
Pour finir, Jonas avait vu le conducteur de la Nevada s'éloigner à pied. Il fit tomber un papier de sa poche en sortant un briquet pour s'allumer une cigarette. Et il disparut, suivi par le type à capuche.
A la fin de son interrogatoire sur la scène du crime, juste après que l'explosion eut lieu, Jonas avait apporté un élément intéressant : le suspect portait des gants. Trouver des empreintes allaient être difficile, voire carrément impossible.
La victime était une femme blanche de petite taille, blonde, les yeux gris. Pour Clémence, il ne faisait aucun doute que la mort d'Amélie Dubreuil n'était pas une habituelle mort en tant que casse-croûte à vampire. Elle doutait même que la victime soit morte vidée de son sang. Même s'il y avait bien une trace de crocs dans le cou d'Amélie et que son visage affichait la terreur habituelle des repas des Imortels, son corps n'avait pas l'aspect d'une personne à qui le sang manquait. Sa peau n'était pas pâle, mais bleue. Et il y avait cette étrange cicatrice chirurgicale, qui partait de la clavicule gauche au plexus. Clémence n'expliquait pas autrement la présence d'une cicatrice que par les trois jours de congés apparemment pris par la victime.

Une fois le rapport terminé, la pendule de son ordinateur indiquait que la matinée était bien commencée et qu'il était temps de songer à manger quelque chose. Elle avait été tirée de son lit durant la nuit pour être envoyée au Palais Bourbon, puis avait ensuite été envoyée sur la scène du crime. Puis il y avait eu l'explosion et Jonas blessé. Manger n'avait pas effleurer son esprit depuis la veille. Si elle voulait tenir toute la journée après une nuit si agitée, elle devait prendre des forces et même s'accorder une petite sieste, si la journée le lui permettrait.

Assise à son bureau, une bouteille d'eau devant elle et une barre chocolatée en main, elle attendait le coup de téléphone des légistes. Elle avait même demandé à être présente lors de l'autopsie, afin de prendre des notes et voir par elle-même. Elle attendait aussi des nouvelles de Jonathan, tout en relisant sans cesse ses notes et en fouillant dans une boite à preuve posée sur son bureau.

Ses collègues lui disaient qu'elle devait plutôt se reposer et aller prendre des nouvelles de Jon. Mais non. Ce n'était pas comme ça qu'ils fonctionnaient tous les deux. Jon avait déjà été légèrement blessé lors d'une enquête, elle aussi d'ailleurs. Mais l'un comme l'autre n'avait perdu son temps au chevet de son coéquipier. Ils ne se le permettaient pas.
Cette fois-ci, même si Jonathan était dans un état plus grave, elle ne comptait pas changer pour autant. Clémence avait donc passé le reste de la nuit dans le témoignage de Jonas, dans la rédaction de son rapport et dans l'observation des éléments ramassés sur la scène du crime.

Certains de ces éléments se trouvaient dans la boite posée sur son bureau. Bien rangés dans des sachets à preuves, les éléments récoltés par Jon avant qu'il ne soit blessé lors de l'explosion, et d'autres collègues de Clémence attendaient patiemment d'être utilisés.
La boite contenait un échantillon de cendre ramassé par Jon près du corps de la victime. Un autre échantillon se trouvait déjà au labo pour analyse.
Il y avait un papier de métro, un peu mouillé, portant l'oblitération de la station Pasteur, retrouvé non loin du tas de cendre. Jonas avait fait mention d'un papier tombé par terre. Il était tombé lorsque l'homme avait sorti son briquet. Clémence avait donc noté dans son rapport que le suspect était un fumeur.
Il y avait aussi un morceau de la voiture : une plaque minéralogique carbonisée. Clémence avait chargé un des sous-officiers de faire une recherche de la plaque dans les fichiers. Elle attendait la réponse. Mais elle ne fondait pas de grands espoirs. Le suspect avait pris soin de faire exploser le véhicule pour effacer ses traces et sûrement faire plus de dégâts encore. Et il n'était pas certain que la voiture lui appartenait. Les chances de trouver la plaque dans les voitures signalées comme volées étaient grandes.

Soudainement, le téléphone retentit. C'était un appel de Necker, plus précisément de la morgue. Amélie allait passer sous le scalpel des légistes. Clémence fourra la petite bouteille d'eau une des poches de son manteau, engloutit le restant de la barre chocolatée et se leva brusquement de son bureau. Un de ses collègues lui demanda ce qu'elle avait, si c'était un appel pour donner des nouvelles de Jon.


- Gnan, répondit-elle en crachant un morceau de riz soufflé enrobé de chocolat. Ch'est 'a gorgue.

Le collège leva les sourcils et Clémence avala difficilement sa collation et répéta :

- Non, c'est la morgue qui m'appelle pour l'autopsie. Je file. Comme je serai sur place à Necker, je passerai prendre des nouvelles de Jon et je vous les communique.

- Comment peux-tu manger avant d'aller voir une autopsie.

Clémence leva simplement les épaules. Puis elle prit son sac et fourra ses notes dedans.

- N'oublie pas ma recherche de plaque, et de faire circuler le portrait robot à tous les brigadiers, dit-elle au sous-officier avant de quitter le bureau.

Elle dévala les escaliers vers le sous-sol où était garée sa voiture. Ni une ni deux, elle se jeta au volant. Elle mit la voiture en marche, les pneus crissèrent et la voiture fila vers Necker.

Une fois sur place, Clémence se précipita vers la morgue, tout en mangeant les restes d'un paquet de chips trouvé dans le vide-poche. D'habitude, elle aurait gueulé parce que Jon avait laissé ses restes. Mais finalement, ce vieux sachet de chips était le bienvenu.
Elle se frotta les mains sur les côtés de son manteau pour en retirer le sel des chips et poussa la porte de la morgue.


- Lieutenant Destrées, on m'attend, lança-t-elle à un stagiaire qui vint à sa rencontre.

Clémence passa comme une fusée devant le stagiaire et se rendit vers la salle où avaient lieu les autopsies, tout en cherchant les médecins légistes, chaque fois qu'elle passait devant une salle dont la porte était ouverte.


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Landry Montalier
MessageSujet: Re: Raconte-nous, cadavre ! Raconte-nous, cadavre ! EmptyMer 24 Sep - 15:38
Rendez-vous à la morgue

Landry avait pris soin de se nourrir convenablement durant la nuit. Il se sentait donc en pleine forme pour se rendre à une autopsie où on réclamait sa présence comme à chaque fois que la morgue recevait un cadavre au teint bleuté. Le meurtre avait été commis durant la nuit et il avait reçu le mail avec un rapport succinct de la police. On parlait d'un vampire aperçu, de l'explosion d'une voiture. Il verrait sur place avec la police. Tout cela sentait un peu l'urgence.
Il faut dire que tout le monde était énervé avec les yétis moldaves qui avaient débarqué, braillards brutaux et sentant le fauve d'après le témoignage du laborantin qui en avait croisé une dizaine sur les pelouses des Invalides. Le Cercle siégeait en permanence et officiellement, Osbern était en conférence avec le chef de la troupe. Landry était rentré à l'aube directement chez lui, avait dormi trois heures pour se restaurer le métabolisme et filer  ensuite au centre de recherche installé dans l'ancienne Ecole de Chimie où le Cercle lui avait octroyé un labo conséquent. Il avait six assistants humains qu'il faisait travailler en trois-huit pour ne pas perdre ce temps précieux de la nuit où un vampire est au mieux des ses possibilités.
Il prépara son matériel, vérifia ses équipements de protection et ses seringues d'antidote au cas où... et prit sa voiture, une honnête Citro-Cercle 13, à économie d'énergie et housses de siège intachables car beaucoup de jeunes vampires en virée se mettaient du sang partout. Ce n'était pas son genre et en songeant à la nuit fort agréable qu'il venait de passer, il se sentit d'excellente humeur.


Ma nuit chez Maud
Il était passé à " Jour et Nuit" un club de loisirs particulièrement bien tenu où il avait ses habitudes. Maud, la directrice, connaissait ses goûts et lui avait envoyé une esclave éduquée qui ne l'appelait pas Messire mais Monsieur et qui ne se croyait pas obligée de lui faire la conversation. Elle avait un très joli cou sans cicatrice apparente. Evidemment, le tarif était plus élevé mais Landry n'aimait pas qu'on lui rappelle qu'il buvait dans un verre qui avait déjà servi et où on voyait les traces du buveur précédent. Il savait bien entendu que des chirurgiens se faisaient une spécialité de remettre à neuf les épidermes trop marqués mais il n'était pas maniaque à ce point. Ni vu ni connu lui suffisait pour ne pas lui gâcher l'appétit. Ses appétits, plutôt, car  il aimait baiser en même temps que boire. Là aussi; il préférait ne pas voir de cicatrices, mais elles étaient plus faciles à dissimuler et  Landry n'était pas un obsédé du nu intégral. Les clients mordaient le plus souvent ailleurs que dans le cou, parfois pour d'obscurs fantasmes, mais surtout par simple précaution, car évidemment, la carotide interne accidentellement tranchée pouvait entraîner la mort rapide de la malheureuse et Maud était intransigeante sur ce point : Pas de cadavre chez elle.
Ses esclaves des deux sexes étaient de premier choix, très cotés sur le marché, même après plusieurs mois de service. Il n'était pas question qu'on lui démolisse son matériel. Elle n'employait pas le terme, préférant parler de "ses pensionnaires", mais Landry n'était pas dupe des mots, ni pour lui, ni pour les autres. Il satisfaisait ses besoins physiques avec des esclaves, produits d'un marché taxé par le Cercle et parfaitement autorisé. Lui, il y trouvait une alimentation saine et équilibrée en fonction de son métabolisme et une satisfaction sexuelle des plus naturelles. Rien de mal à cela. Pourquoi se mentir ? Certains vampires croyaient utiles de prendre des précautions oratoires ou de se trouver des justifications métaphysiques, mais enfin, rien n'était plus normal que de se nourrir et de copuler quand la nature l'exigeait. Et le faire dans des conditions propres, légales, en ménageant l'intérêt de tous, était un acte responsable. Evidemment, le plaisir de la chasse n'y était pas inclus, mais un vampire n'est pas un animal. Enfin, pas toujours.
Certes, d'un point de vue moral, l'esclavage d'état était contraire à l'égalité, principe cher à ceux qui se réclamaient encore des droits de l'homme. Mais Landry se souvenait parfaitement qu'en tant qu'homme"libre", il avait été constamment obligé d'obéir à des lois contrariantes, discriminatoires, vexatoires, et que finalement, dans une société bipartite fondée sur la loi du plus fort, les plus faibles ne peuvent être que soumis, qu'on les décore du titre de citoyen ou non. Or les vampires étaient par nature indiscutablement et collégialement les plus forts. Le totalitarisme vampire était donc justifié par leur existence même.
L'esclave sexuel et nourricier n'était qu'un humain comme un autre, simplement moins chanceux ou moins malin que ses congénères  et qui s'était retrouvé en fin de liste quand les meilleures places avaient déjà été prises. D'ailleurs était-ce une meilleure place de s'échiner dix heures par jour dans un atelier insalubre, d'y laisser sa santé et de se faire vider de son sang un soir en rentrant chez soi plutôt que de servir chez Maud qui vous soignait et empêchait qu'on vous égorge?
Après, les filles se sentaient juste faibles et un peu étourdies. Maud leur accordait deux ou trois jours de repos et un régime reconstituant. Le client qui dépassait par trop ce stade se voyait interdire l'entrée dès la deuxième infraction. Ailleurs, le plus souvent, il suffisait de payer le prix du dommage. Ce n'était pas digne d'une société civilisée. La vie est en soi une valeur à respecter.
Le plus difficile lorsque comme lui, on mordait au cou, restait de mettre ses canines au bon endroit et puis de s'arrêter plus vite que si vous aviez mordu un poignet ou une épaule. Il n'y avait que l'artère fémorale d'aussi dangereusement accessible. Mais Landry non plus ne voulait pas de cadavre et s'il avait encore faim, Maud lui tenait toujours prête une seconde esclave.
En tant que vampire, Landry n'avait vraiment aucun trouble de conscience. Il fallait s'adapter à la réalité et la réalité, c'était la domination des buveurs de sang frais sur les mangeurs d'animaux morts. Un vampire peut choisir de ne pas être un assassin. Il était médecin-chirurgien, même s'il ne pratiquait qu'à titre expérimental. Il savait très bien mordre là où il fallait  et n'avait jamais raté son coup.
Au bon moment, il pratiquait  une compression hémostatique, lèvres serrées sur les incisives. Certaines  filles trouvaient même une volupté supplémentaire à ce qu'elles pensaient être un baiser spécial. Il est avéré que la morsure du vampire, surtout si elle se pratique dans un contexte sexuel, est pratiquement indolore sur le moment et même, peut s'accompagner d'une sorte d'extase des sens. Sur les causes possibles de ce phénomène, Landry avait même publié un article de biochimie dynamique dans The Lancet, la célèbre et très ancienne revue médicale britannique. Non, vraiment, il n'avait qu'à se féliciter de sa transformation, en particulier s'il pensait au plaisir ressenti dans sa condition de vampire, même s'il avait choisi cet état pour des raisons moins hédonistes.
Du côté sentimental, ce n'était pas aussi brillant, mais aurait-il trouvé mieux s'il était resté lui-même ? En amour, il n'avait jamais été un foudre de guerre du temps de son humanité.


Un vampire en pleine forme
[i]
Le boulevard Montparnasse était encombré de militaires et on avait fermé  certaines des rues adjacentes avec des chicanes. Des barrages filtrants ralentirent par deux fois la CC13, mais Landry partait toujours en avance, ayant horreur d'être attendu. Il n'aperçut aucun des Huns signalés en vadrouille pendant que leur Attila discutait avec Osbern. S'étaient-ils mis d'accord ? Il faudrait penser à regarder la télé ce soir, si elle était rétablie.
Il rangea sa voiture à sa place attitrée dans la cour principale et se dirigea vers la morgue.
Oui, il était vraiment en forme malgré son peu de sommeil et plus  de trente-six heures d'activité. Le rythme nocturne  traditionnel du vampire était de plus en plus contrarié dans cette société où les activités nécessaires étaient le plus souvent biraciales. Et les humains avaient tellement de mal à renoncer à leur cycle circadien diurne. Les vampires, êtres de la nuit, avaient fini par s'accoutumer puisque chez eux, il n'y avait pas accumulation des perturbations dues aux décalages horaires. C'était d'ailleurs aussi une des raisons qui poussaient Landry à se réjouir d'avoir provoqué sa transformation et il comprenait mal la réaction catastrophée des humains apprenant qu'un des leurs était devenu Immortel. Le mot était hyperbolique mais que d'avantages ! et en particulier, cette résistance étonnante, cette rapidité des gestes, cette acuité de perception. Il pouvait suivre une expérience sans dormir pendant plus de quarante heures, l'oeil toujours vif et le cerveau lucide. Et il n'avait que cent ans ! Plus les vampires avançaient en âge et mieux ils exploitaient leurs capacités. On disait que certains se lassaient de leur fringante longévité physique, que le goût d'exister se perdait dans le sempiternel recommencement.. mais ce ne devait pas être des scientifiques ! Quand il atteindrait 600 ans, il pourrait enfin vérifier si sa théorie de l'évolution supralente du chromosome X était, sinon vérifiée, en tout cas, avait des chances de l'être.
En attendant, il avait tout le temps pour étudier le sujet. Tout le temps ! Comment des vampires pouvaient-ils éprouver la moindre lassitude de ce don merveilleux. Il comprenait mieux ceux qui devenaient hyper-arrogants, quasiment fous de leurs  pouvoirs. Quant à lui, il n'oubliait jamais qu'il restait soumis à des limites, à des contraintes. Par exemple le fait que s'il manipulait sans précautions certains oxydes d'argent, ils s'accumulaient dans son organisme et qu'ils ne disparaissaient pas au réveil. Et son fameux antidote, celui du Prix de la Recherche, n'y pouvait rien.
Ces pensées le ramenèrent à la victime au teint bleuté. L'argyrisme était rarissime et encore plus depuis l'interdiction de l'exploitation et du commerce de l'argent. Voilà donc qui s'annonçait intéressant.
Il consulta le tableau d'affectation des salles, vit son nom en salle 111 et pénétra dans la pièce glaciale après s'être changé dans les vestiaires. Il n'y avait encore personne. Il avisa l'équipement d'analyse et commença à disposer ses instruments et à vérifier le matériel sur place. Le sujet n'était pas encore arrivé. Oui, il avait le temps !


HRP :
Spoiler:
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MessageSujet: Re: Raconte-nous, cadavre ! Raconte-nous, cadavre ! EmptyLun 29 Sep - 11:07
Comme à chaque fois, j'y avait cru fermement, avant que la réalité ne me fasse redescendre de mon petit nuage, de manière violente.
Cinq ans, cinq ans qu'avec mes coéquipiers humains nous travaillions sur le projet Hg147, persuadés que cette fois, enfin, nous allions arriver à fabriquer un sang synthétique équivalent en qualité au sang humain.
Mais, comme les 146 fois précédentes, j'avais échoué. Comme à chaque fois, j'avais testé ce substitut moi-même, afin de voir ses effets. Les deux premières heures, j'avait cru que cela avait fonctionné, avant de tout vomir et de m'écrouler, terrassé par des douleurs et des crampes effroyables à l'estomac. Je mis plus d'un mois à m'en remettre, ma tuberculose n'arrangeant pas les choses, bien au contraire, et je fus même obligé de me rendre dans une maison de plaisir pour me nourrir suffisamment et récupérer un peu.
Moi qui détestais ces lieux, j'en revins en meilleure forme physique certes, mais d'une humeur massacrante. Tout en ces lieux me répugnait, des pauvres esclaves considérés comme de la nourriture, aux vampires emplis de luxure. Jamais je n'avais pu accepter cela, jamais. Bien sûr, j'étais bien obligé moi aussi de me nourrir en me "servant" de mes collaborateurs, mais du moins étaient-ils payés et consentants. Et j'ai développé au fil des ans un processus très clinique, pour ne prélever que le minimum vital, sans contact direct entre moi et les humains. Mais, ce processus, qui fonctionne ma foi pas si mal en temps normal, ne marche plus lorsque j'ai besoin rapidement de me refaire une santé. Je dois alors me résoudre à employer la méthode "naturelle"...
Et, comme à chaque fois que je reviens d'une maison de plaisir, je me suis métamorphosé pour partir droit devant moi et tout oublier.
Oublier...


j'étais revenu il y avait moins d'une semaine, pour retrouver les humains qui travaillaient pour moi, terrifiés a l'idée que j'ai pu les abandonner définitivement. Malgré le fait qu'ils doivent me fournir du sang pour subvenir à mes besoins, leur situation était plutôt enviable. Je travaille désormais avec la quatrième génération, les enfants des mes collaborateurs choisissant presque tous de rester pour travailler pour moi, plutôt que d'affronter le monde extérieur...

Depuis mon retour, je m'étais enfermé dans mon bureau, et je restais là, assis dans l'ombre.
Je n'avais pas encore retrouver le courage de me remettre au travail et je remâchais de sombres pensées, lorsqu'un de mes assistants vint me dire qu'un policier était à la porte et souhaitait me parler.
Plus par entêtement que pour autre chose, j'ai toujours refusé d'avoir le téléphone. Les très rares personnes qui veulent me parler doivent donc prendre la peine de m'écrire (j'accepte les mails cependant, je ne suis pas un réactionnaire) où se déplacer.
La présence de ce policier me tira de ses sombres méditations. Que me voulait-il ? Je me levais alors et me dirigeais vers la porte. Le policier se dandinait d'un pied sur l'autre, sans doute intimidé à l'idée de s'adresser à un vampire qui n'était plus de première jeunesse.
Mais lorsqu'il vit le vampire devant lui, il put a peine masquer une expression de déception. *hé oui, j'ai beau être un vampire, je brille avant tout par ma banalité* pensais-je. Cette réaction ne surprit pas, mon état vampirique ne m'ayant pas doté d'un charme que je n'avais jamais eu lorsque j'étais humain.


Ce qui me surprit plus en revanche, c'est lorsque Le policier m'apprit que j'étais attendu à la morgue pour effectuer une autopsie. Une autopsie ! Voilà qui avait au moins le mérite de titiller ma curiosité ! Si l'on faisait appel à moi en particulier, c'est que l'affaire devait être complexe...
Et impliquer des vampires...

Après mes années d'errance, lorsque je m'étais décidé à revenir s'installer à Paris, je m'étais (relativement) vite rendu compte que la vie m'était devenue désespérément ennuyeuse et monotone. J'avais alors repris le chemin de l'université pour acquérir une spécialisation en chirurgie cardiaque dont j'avais pensé à l'époque qu'elle pourrait m'être utile. Cela n'avait pas été le cas, du moins pour mes recherches, mais je m'aperçu que les semaines où j'avait étudié m'avait semblé beaucoup moins longues.
J'enchaînais alors toutes les spécialités, de la dentisterie à la podologie, au cours des années qui suivirent. Et je suivis donc également des cours pour devenir médecin légiste, une spécialité que je pense être le seul à maîtriser chez les vampires. Bien sur, je ne m'étais pas servi du dixième de ce que j'avais appris, mais j'étais quand même un peu fier de son CV. Qui d'autre pouvait se vanter de posséder absolument toutes les spécialités de médecine (même la proctologie !) ?


J'avais ensuite travaillé deux trois fois en tant que légiste sur des affaires assez délicates, mais cela faisait des années que cela ne s’était plus produit. Aurais-je encore le coup de main ? Je l’espérais... Je demandais au policier ce qu'il savait de l'affaire, mais celui-ci ne semblait être au courant de rien. Bah, j'aurais la surprise et mes conclusions sur les causes du décès ne seraient pas influencées !
Je demandais au policier de m'attendre, puis remontais chercher mes affaires. Je m'était même acheté mes propres ustensiles, un petit caprice, mais j'aimais cette trousse en cuir qui renfermait tout le nécessaire pour faire parler les corps. Je prévins également mon assistant que je serais absent probablement toute la journée, puis je rejoignis le policier en sifflotant un air joyeux. Une autopsie, une affaire criminelle, voilà qui allait me tirer de ma mélancolie pendant un moment !



Je marchais vivement jusqu'à la morgue (n'aimant pas plus les voitures que le téléphone), puis entrais, réprimant à grand peine un soupir de satisfaction. Je vis alors que l'autopsie que je devais pratiquer était prévue en salle 111 et partis dans le couloir en oubliant complètement le policier qui m'avait amené.

Je commençais à me demander pourquoi on avait fait appel à moi spécialement, et ce que j'allais découvrir dans la salle d'autopsie. Heureusement que j'étais de nouveau en pleine possession de mes moyens !
Je me changeais rapidement et ouvris la porte de la salle, respirant presque avec délice une bouffée d'air froid et aseptisé.
J'entrais dans la salle et remarquais alors qu'un homme était déjà là, mettant en place soigneusement ses instruments...


- Bonjour, dis-je doucement, je m'appelle Armand Delcourt, je suis le légiste...
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Clémence Destrées
MessageSujet: Re: Raconte-nous, cadavre ! Raconte-nous, cadavre ! EmptyLun 29 Sep - 16:27
Clémence passa devant la salle 111 et vit à travers une vitre donnant de la salle au couloir que deux légistes étaient présents. Elle enfila la blouse, les gants, la charlotte et les protections sur les pieds, puis elle frappa à la porte, qu'elle ouvrit ensuite.

Elle pensait avoir eu un peu d'avance sur les légistes. Arrivée aussi vite que possible dès le coup de téléphone lui annonçant que l'autopsie allait être entreprise, elle s'était précipitée sans penser à demander à la personne qui l'avait contacté, l'heure exacte de l'autopsie. Mais il n'en fut rien. Quand elle arriva devant la salle 111 et qu'elle vit les deux légistes, elle comprit que sa précipitation n'avait pas été suffisamment grande pour arriver en même temps qu'eux. Cependant, elle ne se sentit pas pour autant en retard. Peut-être que si elle avait attendu que le stagiaire en médecine légale qui l'avait accueillie, la conduise directement à la salle 111, ou si elle avait simplement pris la peine de regarder le panneau d'affichage, elle aurait pu arriver en même temps qu'eux et... avoir une expression moins béate sur le visage, lorsqu'elle remarqua que les deux médecins étaient vampires. Il n'y avait pourtant aucune raison d'être surprise de voir deux vampires dans la salle, puisqu'elle savait qu'il y avait deux vampires parmi les médecins légistes. Les visages des légistes n'étaient pas inconnu pour les policiers de la Crim', même pour ceux qui ne les avaient jamais croisé. Qui ne les avait jamais vu en photo dans le couloir de la morgue ! Clémence fut surprise car elle n'avait simplement jamais eu affaire à eux jusqu'à maintenant, elle ne les avait jamais vu en chair et en os. Ils relevaient quasiment du mythe, des rumeurs. Les voilà maintenant édifié au rang de réalité pour Clémence.

Elle fut à la fois surprise, inquiète et admirative de voir ces deux créatures immortelles exercer dans un univers qui mettait leur addiction au sang à rude épreuve.
Surprise car elle ne s'attendait pas à tomber sur les deux en même temps. Inquiète car elle se demandait si elle ressortirait vivante de la salle 111. Après tout, si une faim violente, indomptable et bestiale les prenait, il était certain qu'ils préféreraient son sang frais à celui de la morte. Enfin, elle se sentit admirative car ces deux hommes devaient sûrement faire plus d'une fois dans la journée de gros effort face au sang froid qui coulait devant eux.

Clémence referma la porte derrière elle et s'avança vers les deux médecins. En entrant, l'un d'eux se présentait aussi, tandis que le second préparait ses instruments. Clémence en conclut donc qu'ils se rencontraient tous les trois pour la première fois. Elle fit donc de même :


- Bonjour, je suis le lieutenant Clémence Destrées, je suis en charge de cette affaire et je viens assister à l'autopsie.

Déguisée comme les techniciens en identification criminelle, elle se dirigea vers le petit bureau habituellement utilisé par les policiers qui assistaient aux autopsies et y posa son dossier. Elle conserva son calepin et son crayon puis se rapprocha des deux vampires.

- Chaque légiste a sa façon de travailler, certain nous empêche de trop nous approcher de la table d'autopsie. Personnellement, je n'ai rien contre le fait de tout regarder. Me laisserez-vous m'approcher de temps en temps pour voir par moi-même vos constatations et prendre des notes pour mon enquête ? Avez-vous besoin d'informations complémentaires sur la scène de crime avant de procéder à l'autopsie ou la copie du dossier que j'ai constitué vous a été transmise ? demanda-t-elle, rapidement et en une seule fois, avant de se préparer à se taire pour un bon moment afin de mieux observer.

Sur la table d'autopsie, la victime était déjà là, prête à laisser son corps subir quelques dernières tortures avant de rejoindre un cimetière. Clémence ne put s'empêcher de regarder de loin la petite étiquette qui pendait à l'orteil afin de s'assurer qu'il s'agissait bien de la victime de son affaire. Non pas pour vérifier que le stagiaire s'était trompé de cadavre en préparant la salle, quoi que... mais plutôt pour s'assurer qu'elle ne s'était pas elle-même trompée de salle. Ce fut une fois apprêtée en "femme plastifiée" de la tête aux pieds, une fois entrée dans la salle et présentée aux légistes qu'elle se demanda si c'était vraiment là qu'elle était attendue. Elle remarqua enfin une chose : dans sa précipitation, elle n'avait pas regardé le tableau d'affichage.

Rassurée par le nom sur l'étiquette qu'elle put voir non sans quelques difficultés puisqu'elle dut lire à l'envers, Clémence resta planté comme un piquet à une distance raisonnable de la table, pour ne pas gêner les médecins et ne pas en perdre une miette non plus.
À ne plus bouger, une petite douleur s'éveilla dans son genou. La veille, elle n'avait pas mal. Elle ne se souvenait pas s'être blessée durant l'explosion de la voiture qui avait envoyé John à l’hôpital.  L'origine de ce petit bobo était un mystère qui fut vite oublié par la présence des légistes et du cadavre, qu'elle fixait avec des yeux montrant aisément son impatience. Elle avait hâte de connaître le fin mot de cette enquête et ainsi pouvoir commencer à traquer le tueur.
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Landry Montalier
MessageSujet: Re: Raconte-nous, cadavre ! Raconte-nous, cadavre ! EmptyMar 14 Oct - 13:07
Raconte-nous, cadavre ! 404700visnjic150x

Il y a vampires et vampires !

 Son matériel de protection était succinct- un vampire ne craint pas les infections et ne risque pas de contaminer les échantillons humains avec un souffle absent et  un sang statique. Une paire de gants suffisait et une blouse pour ne pas salir sa veste en tweed pied-de poule toute neuve.
Le premier intervenant qui se présenta était un vampire du type que Landry  se plaisait à appeler type "Moyen ordinaire", voulant signifier par là que peu de traits les distinguaient extérieurement des humains dont ils étaient issus.  
Ni très beaux, ni franchement laids, d'âge variable mais rarement séniles,  plus ou moins capables d'apprendre, de comprendre et d'entreprendre au moment de leur transformation,  les Moyens Ordinaires gardaient pour l'essentiel cet aspect neutre et passe-partout qui avait été le leur dans la vie mortelle. Leur métamorphose les avait nettement améliorés quant aux performances physiques et sensorielles et ils pouvaient jouir des avantages de la longévité pour perfectionner leurs talents d'origine dans un corps toujours renouvelé. Adieu, la fatigue des ans accumulés, adieu la mémoire qui s'en va,  la main  qui tremble, la vue qui se brouille avec les jours qui passent. Au contraire, permission  sans limite de devenir exceptionnels dans le domaine où ils avaient été  bons. Mais  au premier coup d'oeil, on ne leur trouvait rien de remarquable et c'était leur seule aura  qui révélait leur nature à leurs congénères.
Landry se classait lui-même dans cette catégorie, entre les vampires  "Classe Plus" - d'ailleurs les plus nombreux , choisis comme infants  en raison de leur beauté et de leurs dons,  ce qui constituait une forme d'eugénisme perpétuant les plus beaux specimens de l'espèce - et les "Exceptions",  ceux-là heureusement plutôt rares comme l'indiquait leur nom dans la classification Montalier.
Humains décatis, disgraciés du corps ou de l'esprit, ils avaient été transformés pour des motifs variables, allant du noble au pervers le plus absolu.  Après chaque sommeil de restauration, ils se réveillaient, arthrosés, flétris, bancroches, pustuleux, déficients en neurones, ni plus ni moins qu'ils l'avaient été le dernier jour de leur vie. Landry avait entrepris un programme de recherche pour voir si on ne pouvait pas revenir sur cette fatalité, au moins en ce qui concernait les tares physiques. Mais les sujets qui se prêtaient à ces expériences se lassaient vite, déçus à chaque réveil  ramenant sempiternellement leurs courbatures ou  leur gueule de travers. Le physicien-biologiste  restait persuadé que du côté des nano-particules on pourrait trouver quelque chose  quand on aurait de nouveau le matériel suffisant pour en synthétiser d'appropriées au problème. Il avait d'ailleurs au fond plus d'intérêt pour les nano particules que pour ces  êtres souvent agressifs et irascibles, ce qui était d'ailleurs parfaitement compréhensible,comme le taux élevé de suicides dans la catégorie.
En pensant à ces possibilités, et tout en admettant que la recherche pour l'amélioration des vampires ratés intéressait peu de monde, il fallait  espérer que l'effervescence politique actuelle se calmerait. Les ostrogoths qui venaient de débarquer dans un Paris à peu près policé, ces suppôts de Lupu, risquaient de retarder les démarches entreprises auprès du ministère pour accélérer les programmes de recherche. Ce qui était extrêmement contrariant, ces inconscients avaient détruit un relais hertzien et  une bonne partie du réseau en avait été perturbé. Landry souhaitait vivement que le Cercle reprenne vite la situation en main.  

Quand un vampire rencontre un autre vampire...

Donc, le nouveau venu  n'avait rien de remarquable. En lisant son nom sur le tableau d'appel, à l'entrée de la salle, Landry  avait eu un vague sentiment de le connaître. Médecin, il n'était pas légiste agréé, mais son laboratoire à Necker consacré à l'argyrisme  poussait les responsables à faire appel à lui  pour effectuer certaines analyses biochimiques et il se pouvait qu'il ait lu ce nom sur un rapport . Les légistes ne couraient pas les rues dans un monde d'immortels, où la seule forme d'autopsie possible les concernant  était la vivisection. Ce terme traduisait d'ailleurs très mal  le fait d'ouvrir un vampire endormi pour voir ce qu'il y avait dedans, en sachant qu'au réveil, le corps se reconstituerait de lui-même. Pour connaître les causes de sa mort "vraie", il n'y avait qu'à l'interroger de vive voix....
Quant aux cadavres humains suspects,  la plupart du temps, la police ne demandait pas d'autopsie pour déterminer  les causes du décès. Cela  était le plus souvent évident, coûtait cher et  n'intéressait pas grand monde. L'homme est mortel et donc, il meurt. Point très final.

Landry avait lu le rapport embryonnaire qui accompagnait sa convocation et aurait préféré voir arriver en premier le lieutenant de police. A son nom, c'était une femme. Pas étonnant qu'elle soit en retard et vu son grade, il y avait beaucoup de chances pour qu'elle soit humaine et fort peu qu'un simple lieutenant en sache plus que le minimum. Les huiles n'avaient pas daigné se déranger. Il aurait  aimé  cependant lui demander de préciser certains détails, bien que par peur de se compromettre, les humains  pratiquaient la rétention d'informations  avec maestria. En particulier, les témoignages  concernant la "disparition" du vampire. Il était aussi  intrigué par l'immortel encapuchonné. Il se souvenait d'une vague rumeur qui courait à Necker. On avait vu, il y avait déjà quelques temps, une semblable silhouette franchissant un mur de l'hôpital. Mais ce n'était qu'un souvenir flou. Il faudrait qu'il le signale au lieutenant si elle n'était pas au courant. Il devait bien y avoir des archives quelque part, un rapport de gardien.
Enfin, au moins Armand Delcourt était vampire et vraisemblablement d'assez grande expérience car le cas paraissait agiter la sphère politique. Son propre mail de convocation avait été  émis du Ministère de l'Intérieur.
Et cette fichue policière qui n'arrivait pas. Elle allait être en retard, c'était certain.

   
Enfin, la police !

Mais non, après un bref toc, la porte s'ouvrit et une jeune femme en tenue de protection complète apparut juste au moment où il ouvrait la bouche pour répondre au salut de son confrère. Il poursuivit d'ailleurs sans accorder plus à la nouvelle venue qu'un bref coup d'oeil. Ce n'était pas par mépris pour les humains, mais parce qu'il n'aimait pas les  entorses au programme établi pour ses actions, même les plus  minimes et elle aurait dû attendre sur le seuil au lieu de se précipiter.
Il répondit donc à Armand Delcourt avec la courtoisie attendue entre collaborateurs bien élevés, déclina son identité, précisa sa spécialité, du moins celle qu'il devait exercer en cette occasion : biochimiste
L'arrivée du cadavre les dispensa de bavardages oiseux sur les évènements qui agitaient Paris et on s'approcha de la table où  reposait le corps étendu  par les auxiliaires repartis avec le chariot. La victime, sous l'ultime protection d'un sac plastique opaque, n'était qu'une forme menue, ce qui serait moins désagréable et plus rapide que de devoir écarter les capitons de graisse pour accéder aux organes.
C'était à l'assistant du médecin légiste de dégager le cadavre de l'enveloppe mais il n'était pas arrivé non plus. Et maintenant, il serait réellement en retard , en admettant que la morgue en ait fourni un. Tout était assez perturbé avec la panne informatique et les restrictions en matière de circulation . Armand Delcourt devrait peut-être s'en passer et lui, il ne refuserait pas un coup de main à son collègue.
 
Son nom décidément lui disait quelque chose . Un programme de recherche en cours dont il aurait eu connaissance ? Une conférence tenue dans  dans le cadre  des Chercheurs Indépendants ? c'était une association  dominée par le courant utopiste et qui l'intéressait fort  car on y entendait exposées toutes sortes de pistes non officielles, riches en possibilités de découvertes. Certes Landry soutenait à fond la politique du Cercle mais il fallait bien admettre que la priorité était moins orientée vers la biologie que vers la renaissance des technologies de production.
Il finit par émettre un salut distant à la femme policière. Elle se comportait avec aplomb et en territoire connu, ce qui n'était pas à regretter d'un point de vue professionnel, bien que Landry préférât les femmes discrètes, efficaces, mais ne cherchant pas à se faire remarquer. Celle-là parlait trop à son goût. On aurait cru que c'était elle qui était chargée d'expliquer aux deux vampires comment régler l'organisation  de l'autopsie. Il n'était pas intéressé par ses états d'âmes et ce n'était pas à elle de demander s'ils avaient besoin d'informations. Comme si cela ne leur viendrait pas à l'idée de le faire sans son invitation !
La femme était jeune et son grade, obtenu précocement pour une humaine, devait la conforter dans l'idée qu'elle avait un bel avenir devant elle et les capacités pour le réaliser. On ne pouvait lui en vouloir. C'était...humain .

Il lui poserait des questions plus tard ; en attendant, il fallait sortir le sujet de son sac.
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MessageSujet: Re: Raconte-nous, cadavre ! Raconte-nous, cadavre ! EmptyVen 31 Oct - 9:02
Le vampire se retourna vers moi et j'eus l'impression fugace de l'avoir déjà rencontré auparavant, sans savoir à quelle occasion. L'aurais-je rencontré avant ma transformation ? Non, les chances seraient vraiment infimes, et je ne le revoyais qu'en habit "moderne".
Vu ma vie sociale plus que limitée et son métier, j'en déduisis que j'avais dû le croiser lors d'une de mes conférences pour les Chercheurs Indépendants. Depuis que j'avais terminé l'étude des toutes les spécialités de la médecine, c'était en effet, l'une des rares raisons qui me poussait encore à sortir de chez moi (sous forme humaine, j'entend). A chaque fois que j'arrivais au bout d'une autre session de recherche concernant le sang synthétique, je venais exposer mes échecs à la communauté, dans l'espoir, de plus en plus ténu, qu'un jour quelqu'une aurait l'idée ou la suggestion qui me permettrait enfin d'approcher de la solution.

Avant que j'ai pu demandé à mon collègue s'il s'était déjà rendu à des conférences des Chercheurs indépendants, la porte s'ouvrit de nouveau et une jeune femme entra. L'ignorant complètement, le vampire se présenta, sans lui prêter aucune attention. Son nom, Landry Montalier, ne m'évoqua rien de précis, et je résolus donc de lui demander après l'autopsie ou nous avions pu nous rencontrer. J'étais surpris de rencontrer un autre vampire exerçant une activité médicale, nous n'étions pas si nombreux. Cela voulait également dire que l'affaire était vraiment d'importance, pour que l'on soit venus spécialement nous chercher. J'étais donc d'autant plus content d'avoir un spécialiste à mes côté, qui pourrait mener toutes les analyses nécessaires.

Après que Landry Montalier ait fini de se présenter, la jeune déclina à son tour son identité,  et je compris qu'elle était en charge de l'enquête. Je me demandais brièvement si c'était une marque d'estime ou une punition de la mettre à la tête d'une enquête qui allait certainement s'avérer délicate et au cours de laquelle elle aurait à côtoyer de nombreux vampires...  D'ailleurs, appréhendait-elle de passer plusieurs heure enfermée avec deux immortels et un cadavre ? La situation était pour le moins inédite...

Le lieutenant ne semblait en tout cas visiblement pas trop perturbée par cette situation. Elle parlait d'une voix assurée et d'une façon concise, ce que j'apprécia. Voyant que Landry ne semblait pas motivé pour répondre à ses questions, je toussotais et déclarais :

- En ce qui me concerne, vous pouvez vous approcher de la table d'autopsie pour mieux voir. Je vous signalerais si j'ai besoin que vous vous éloigniez à un moment. Concernant la scène de crime, je veux bien que vous m'en fassiez une brève description, car je n'ai pas reçu votre dossier, et cela peut aider à expliquer certaines constatations.

Je me décidais alors à enfiler ma blouse, afin de ne pas tâcher mes vêtements, tout en écoutant la description de la scène de crime par Clémence.. Je ne mis pas de gants, mais je passais mes mains à l'alcool et les enflammais brièvement à l'aide d'un briquet afin de les désinfecter parfaitement. Je préférais travailler sans gants, car je trouvais que l'épaisseur de latex, aussi mince soit-elle, amoindrissait mes sensations et mes perceptions. Et, comme je ne risquais pas d'attraper quoi que ce soit en touchant du sang potentiellement contaminé, je me permettais cette petite entorse au règlement de la morgue.

Je branchais ensuite un enregistreur, afin que tout ce que nous allions dire soit conservé, puis j'entrepris de sortir le corps de sa housse de plastique, avec l'aide de Landry.

Une fois le corps déposé sur la table, je commençais les constatations préliminaires :

- Jeune femme de type caucasien. Environ 25 ans, blonde, 1m65, 60kg.

Je m'approchais alors du cadavre pour l'examiner de plus près. L'odeur fade et entêtante de la mort me heurta les narines. Plus diffuse, mais plus sensuelle, je percevais l'odeur de Clémence Destrée qui se tenait non loin de moi. Je me forçais à revenir à l'autopsie et chassais cette pensée parasite de mon cerveau tant bien que mal.

- Elle ne semble pas porter de marques de coups, de blessures sur la face avant du corps...

Je basculais alors le corps sur la côté, et ne pus retenir un sifflement de surprise. Je m'approchais alors beaucoup plus près du corps, pour observer de plus près

- Présence d'une cicatrice d'environ 6cm sur l'épaule gauche. Reste d'une opération je dirais. On distingue encore les points de suture, l'opération était très récente, peut-être quelques jours seulement avant sa mort...

Je me redressais et reposais le corps à plat.

- Nous tâcherons ensuite de déterminer la cause de cette cicatrice, mais je préfère terminer avant les constatations préliminaires.

Je m'approchais alors des jambes de la morte et continuais :

- Toujours pas de marques, de coup ou de traces de lutte.

Puis j'écartais doucement les jambes.

- Pas de traces de violences sexuelles apparentes... Dr Montalier, souhaitez-vous faire tout de même des prélèvements ?

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MessageSujet: Re: Raconte-nous, cadavre ! Raconte-nous, cadavre ! EmptyDim 23 Nov - 20:42
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Clémence Destrées

Les Vampires et leurs messes, basses ou pas ! Et cette façon de toujours péter plus haut que leur redingote, enfin là c'était des blouses. Elle ne s'y ferait jamais. Tous n'étaient pas comme ça et sa Léonie, par exemple, savait se montrer accessible et sans condescendance, même si elle s'amusait à la faire mourir de trouille avec ses attaques surprise. Clémence décida de passer outre ces simagrées de cabots aux dents trop longues et d'ignorer la morgue de ce Montalier, au demeurant plutôt bel homme, enfin, beau vampire, selon ses goûts. Elle en avait vu d'autres en matière d'arrogance et rien ne pouvait surpasser Darkan Lupu en la matière. Une violente douleur lui vrilla le cerveau au moment même où ce nom se formait sans son esprit. Qui était-il ? La respiration de la jeune femme se fit plus saccadée et elle se sentit soudainement fébrile. Elle approcha avec hésitation de la table d'autopsie où était allongée la malheureuse extirpée de son sac par le vampire hautain. L'autre paraissait plus amène et l'avait encouragée à s'approcher, mais bizarrement, la façon dont il s'adressait à elle lui parvenait comme un ronronnement envoûtant. Elle fixa sans s'en rendre compte la jugulaire de Delcourt  puis son poignet alternativement. Bien sûr plus aucun sang ne pulsait des les veines de l'Immortel. Sang aussi stagnant que celui de la morte...

Le vampire quinquagénaire d'apparence était moins affriolant que son confrère mais il était plus aimable. Clémence s'en approcha plus volontiers. Il lui sembla qu'il était plus réceptif à son charme ... Son charme ? Mais que lui arrivait-il donc ?  Bon sang ! Il fallait se concentrer sur l'autopsie. C'est d'ailleurs ce que faisait Delcourt, très professionnel. Le lieutenant Destrées se surprit à admirer la précision des gestes, l'assurance des propos. Le supplice de la fille égrené par le légiste, ne lui parvenait que comme une trame secondaire, qu'elle connaissait déjà. Elle respirait à présent bruyamment et dût s'appuyer légèrement sur le bord de la table, sous couvert de mieux voir. Elle ferma les yeux lorsqu'il révéla l'incision qu'il identifia comme une opération récente. Pour elle et Jon, cela n'avait paru qu'une cicatrice certes récente mais pas à ce point. Elle n'arrivait pas à rouvrir les yeux, non qu'elle fût horrifiée par la vue du cadavre mais le noir la happait inexorablement. Lui succéda une sorte de flash lumineux durant lequel elle se vit clairement suspendue au cou de Delcourt et en train de téter son sang comme un nouveau né. Elle secoua instinctivement la tête pour s’extirper de cette mauvaise vision.

Ce qui eut pour incidence d'attirer l'attention de Delcourt bien entendu. Il plissa les yeux et lui adressa un curieux regard. Elle éluda...

- Désolée ... Pas beaucoup dormi... Cette sale affaire... J'ai un coéquipier sur le carreau. Poursuivez, c'est très intéressant. Monsieur Montalier, je suis aussi très curieuse de connaître vos constatations. Pensez-vous qu'elle soit morte de mauvaises suites d'opération ? Une hospitalisation écourtée ?

Mais lorsqu'elle fixa le vampire de l'autre côté de la table, elle eut un nouvel éblouissement et se vit cette fois faire avec lui des choses pas très catholiques ni orthodoxes d'ailleurs. Des choses auxquelles Léonie l'aurait encouragée. Clémence était toujours plantée à côté de Delcourt, du côté droit de la morte mais quelque chose d'elle avait bondi par dessus la table et, pratiquement assis sur le cadavre, avait plaqué en l'entourant de ses cuisses, le beau légiste, qu'elle trouvait décidément de plus en plus à son goût, contre elle et l'embrassait copieusement, avant de faire lentement glisser ses lèvres jusqu'à la carotide. Cette fois elle avait très chaud et elle porta la main à son front couvert de sueur. Une douleur lancinante lui vrillait à présent le ventre et un mal diffus se répandait dans ses membres. Elle avait mal dans ses chairs, dans ses os, dans ses entrailles et il lui semblait que son mollet était en fusion. Elle s'appuya à deux mains contre la table et lâcha dans un soupir:

- Auriez-vous l'amabilité d'aller me chercher un verre d'eau... je ne sais pas ce qui m'arrive... Et si l'un d'entre vous pouvait aller ouvrir un des vasistas au fond de la pièce... pour faire entrer un peu d'air frais . Je suis certaine que cela va passer...

Le Docteur Montalier s'exécuta et quoiqu'il pût penser sur la faiblesse des humains, ce dont Clémence se doutait bien, il n'en laissa rien paraître, sans doute parce qu'il avait reçu une bonne éducation... De son vivant. Il sortit donc dans le couloir, en quête d'un verre à remplir. On n'allait tout de même pas la faire boire dans un bocal à viscères.  Delcourt, lui, s'essuya un peu les mains dans une lingette, plus pour ne pas salir la commande de la fenêtre que par peur des microbes. Puis il traversa la pièce à grandes enjambées pour faire entrer un peu d'air. Ce fut suffisant à Clémence, qui n'était absolument plus maîtresse de ses gestes, pour s'affaler sur le cadavre et lui déchiqueter un morceau de poitrine. Cette morsure, pour sensuelle qu'elle pût paraître à certains détraqués, n'avait rien de sexuel. Clémence ne faisait que répondre à un besoin vital bien connu de tous les mordus. Elle avait besoin de sang. Le sang d'un de ces vampires aurait bien convenu mais elle n'avait pu se résoudre à supplier ou peut-être qu'un reste de retenue l'avait empêchée de passer à l'acte après les deux visions fantasmées qu'elle avait eu sur les légistes. Mais devant le corps sans défense, offert, de la victime, son instinct en plein éveil avait été le plus fort... Du sang, du sang, il devait bien en rester un peu dans ce corps. Si on mordait bien profond, près du cœur par exemple, dans le sein... Elle bût goulûment comme un nourrisson sa tétée. Il avait vraiment un goût métallique ce sang... Songeait-elle tandis que Delcourt arrivait en ... courant pour l'arracher au sein nourricier.

Elle eut un rire dément, et la bouche pleine de chair et de sang, éructa au visage du légiste :

- J'avais trop faim ... C'est sa faute ... il m'a mordue ...mordue... le grand barbu. Vous ne direz rien hein ?  Donnez-moi en aussi... votre sang doit être meilleur que celui de cette fille... Soyez gentil .

Puis elle tomba inconsciente et convulsa.

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MessageSujet: Re: Raconte-nous, cadavre ! Raconte-nous, cadavre ! EmptyJeu 11 Déc - 22:25
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Landry Montalier


Préparatifs

 Laissant le docteur  Delcourt  accueillir courtoisement le lieutenant, Montalier se pencha vers la table où il avait disposé son matériel et ses produits dont certains étaient  des inventions récentes des chercheurs  du Cercle.  En tant que vampire, il était fier de cette preuve de l'excellence de la  race à laquelle il avait choisi d'appartenir. Les Immortels étaient en tête dans la remise en marche du progrès et ils ne se contentaient plus de n'être que des sauveteurs de savoirs dont ils avaient  bien failli,  deux siècles auparavant, être les fossoyeurs définitifs. Ils avaient réalisé depuis quelques années des avancées significatives qui ne devaient rien à la science proprement humaine héritée du XXe siècle et le chimiste allait procéder en quelques minutes à des tests qui auraient autrefois nécessité plusieurs jours d'attente. Son argyrographe monochromateur  &t&it désormais parfaitement étalonné, il révélerait tout sur ce qui avait produit le choc argyrique qu'il soupçonnait. L'ombrage bleuté  du derme de la victime pouvait marquer un début de décomposition mais il avait trop travaillé sur la question pour ne pas penser à une intoxication  massive. S'il avait raison, encore fallait-il en interpréter l'origine, le degré, la nature  des sels d'argent utilisés et la méthode d'introduction. .
Montalier avait aussi l'intention d'utiliser  un  matériel  encore expérimental pour recueillir les plus infimes traces de matière pouvant se révéler d'origine vampirique qui seraient restées sur le corps de la femme. Circonstance favorable, la police avait enlevé le corps avant que la pluie ne délave tout. Voilà qui promettait d'être intéressant pour ses recherches sur les nanoparticules en rapport avec la toxicité de l'argent et aussi - ce qui le passionnait - pour l'étude qu'il menait depuis des années sur  la  désintégration du corps vampirique en cas de perforation du cœur ou d'absorption massive d'argent sous une forme colloïdale.
C'était selon lui un phénomène purement matériel, réductible à des formules de chimie organique et sans rien de magique ou de surnaturel. Cependant ce processus suscitait toujours la stupeur et les interprétations les plus irrationnelles, entre légende et métaphysique. Les cadavres humains avaient leur propres processus de dissociation et la chimie organique en rendait compte parfaitement et ce depuis des siècles.  Au contraire, les "cendres " des vampires étaient pratiquement inobservables, se dissolvant au contact de l'air avec une rapidité parfois quasi instantanée. Les prélever accélérait encore leur disparition, comme ces vestiges archéologiques s qui s'évanouissent dès qu'ils entrent en contact avec l'air. La même lumière qui les a brutalement révélés se charge de les faire disparaître aussi vite. Le phénomène restait donc en grande partie inexpliqué scientifiquement.
 Certes les  vampires tués peu après leur transformation connaissaient une dissolution moins spectaculairement rapide, avec des phénomènes plus proches de la putréfaction ordinaire. Montalier avait pu en étudier quelques restes mais sans en tirer rien de concluant : Ce qui se décomposait  n'était que des cellules humaines, vestiges d'avant la mutation, résidus mortels  et non poussière d'immortels. Cette fois-ci, peut-être aurait-il plus de chance, compte tenu de la fraîcheur du corps et de cette quasi certitude du témoin que le vampire s'était dissout tout près de la femme.


Nouvelles découvertes

Tandis que  Montalier préparait ses réactifs, dont certains très instables exigeaient une manipulation rapide, le légiste commentait  ses premières observations, ne s'attardant pas sur la morsure, très classique.
Mais la cicatrice chirurgicale révélée était particulièrement intéressante et secouant un tube à essai qu'il venait de remplir à demi, le chimiste se rapprocha, évitant la policière qui le regard absent et le souffle un peu bref, fixait bizarrement le docteur Delcourt. Elle n'allait pas être malade, non ?  On n'avait quand même pas envoyé une débutante en salle d'autopsie?
Le cadavre était en bon état , avec une rigor mortis qui semblait cependant commencer à se résoudre, vu la facilité avec laquelle le médecin avait pu écarter les jambes de la fille et ce, moins de vingt heures après le décès, ce qui confirmait la présomption d'intoxication.  Pour les policiers, la morsure semblait suffire à expliquer le décès et devait permettre, selon la plaisanterie éculée "d'enterrer l'affaire". Leur raisonnement était qu'ils seraient vite débordés si on commençait à s'agiter à chaque fois qu'un chasseur de nuit avait bu plus que de raison malgré les mises en garde officielles contre le gaspillage et la dilapidation du patrimoine humain … mais la fille n'avait pas été vidée de son sang. La morsure était remplie de caillots.

Delcourt venait de mettre à jour un nouveau détail. Le sujet avait un développement mammaire conséquent et en soulevant les chairs affaissées pour dégager la cage thoracique, il avait révélé sous le  sein gauche,  une tache d'un gris bleu accentué qui éveilla aussitôt un extrême intérêt chez Montalier.
Toujours à l'affût de cas d'argyrisme, il avait eu vent de trois rapports où avait été enregistrée une marque identique sur des cadavres suspects. Malheureusement la découverte des corps ayant été tardive, la décomposition interne était très avancée, les autopsies avaient été pratiquées à la va-vite dans des labo de  troisième ordre et on avait déjà disposé des restes quand  Montalier avait demandé un autre examen. Il  avait espéré que de nouveaux rapports suivraient mais si tueur en série il y avait eu, celui-ci semblait s'être mis en sommeil quelque temps.
Mais cette fois ci, il y avait du nouveau : d'abord, un témoin, ensuite la présence assurée d'un vampire avec la victime et une forte présomption  que le dit vampire  ait été désintégré en même temps que succombait la fille.  

Aussi à la demande du docteur  Delcourt concernant d'éventuels prélèvements répondit-il affirmativement.

Scandale en autopsie

Tout en posant  un plateau déjà préparé près de lui, il expliqua  tout en raclant un peu d'épiderme autour de la morsure :

- J'espère que si le vampire aperçu s'est dispersé selon le processus final habituel, quelques particules peuvent se trouver sur notre sujet. Le témoin les a vus très proches l'un de l'autre, sans doute quand la fille allait être mordue. Et les marques de succion sont très accentuées. Il a eu le temps de boire un bon coup  avant de disparaître.
Or, la tache bleue sous le sein  n'est pas une ecchymose  mais ressemble fort au noircissement observé par  un contact avec un composé argentique. Et ce contact est juste au niveau du cœur. La cicatrice récente, à cet endroit sous l'épaule, peut avoir un rapport et ….


Il ne put continuer. Le lieutenant de l'autre côté de la table bafouillait des excuses à Delcourt puis l'interpellait comme si elle n'avait rien entendu de ce qui venait de se dire. Se redressant, il rencontra un regard halluciné qui le fixait dans un visage congestionné. Landry fronça le sourcil. Il lui sembla que la femme s'apprêtait à lui sauter dessus, lèvres ouvertes et tendues dans une avidité grotesque totalement déplacée dans les circonstances.
Allons bon, une droguée en manque? Ou bien un cas d'hystérie liée à un désordre brutal du nerf pudendal ? Elle semblait souffrir, s'affoler même.
Il  fut assez content de devoir aller chercher  au vestiaire le verre d'eau qu'elle demandait. Il avait bien senti dès le début que  cette créature serait source d'ennuis. Il fallait l'expédier à l'infirmerie et lui donner un anxiolytique. Il pencherait pour un benzodiazépine en l'absence d'autres informations mais il fallait  l'examiner et il avait autre chose à faire. Le mieux était de la faire escorter et on se passerait d'elle en attendant que la police envoie un remplaçant. Pas question de reporter une autopsie aussi prometteuse et on n'allait pas lui gâcher une occasion pareille de trouver de quoi était vraiment composé ce que l'usage appelait pudiquement des "cendres" de vampire.  Après tout, on était dans un hôpital ,elle serait prise en charge convenablement  et il pourrait travailler tranquille. Delcourt avait une sobriété efficace très encourageante. Un confrère vraiment sympathique et capable.
Il rentrait dans la salle  un peu moins contrarié et le verre d'eau à la main quand il s'immobilisa devant un incroyable tableau. La police cannibalisait son  sujet !
Delcourt se précipitait vers la femme qui se remit sur ses jambes, prononça  des paroles insensées qui cependant éclairèrent brusquement la situation  pour Montalier et sans doute pour son confrère. Son irritation envers la malheureuse tomba d'un coup. C'était un cas de réaction  à une morsure de vampire  et vraisemblablement, un de ces  maniaques ou pervers qui ne savaient pas gouverner leurs pulsions vampiriques en société et s'amusaient à tourmenter leurs victimes en y ajoutant des manipulations hypnotiques. Comment aurait-elle pu avoir l'inconscience d'accepter cette mission après avoir été mordue si elle n'avait été sous influence? Il fallait toujours  mettre le mordu immédiatement en observation pour prévenir de telles réactions exacerbées, heureusement rares, administrer des calmants et en cas de tendances hématomaniaques, faire absorber de grandes quantités de viandes rouges crues ou  du sang animal sous contrôle médical. La plupart du temps, tout rentrait dans l'ordre, le plus long à guérir étant le choc moral.
Celle-là  était en mauvaise posture et quand elle tomba sur le sol, épileptique, il n'y avait plus qu'à appeler les secours et la faire évacuer.  Ce qui fut rondement conduit.
Landry jeta un coup d'œil  au sujet  sur la table. Il remonta un bras pendant. Pauvre fille. Même maintenant, on ne la laissait pas en paix. Et quelle idée de se jeter sur un cadavre évidemment sans circulation sanguine. Il passa un tampon de désinfectant sur la meurtrissure du sein. Il ne voulait pas de salive policière venant perturber ses échantillons.
En tout cas il avait raison : le corps contenait encore  beaucoup de sang ; le vampire n'avait pas eu le temps de terminer son repas.
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MessageSujet: Re: Raconte-nous, cadavre ! Raconte-nous, cadavre ! EmptyMar 20 Jan - 11:46
- J'espère que si le vampire aperçu s'est dispersé selon le processus final habituel, quelques particules peuvent se trouver sur notre sujet. Le témoin les a vus très proches l'un de l'autre, sans doute quand la fille allait être mordue. Et les marques de succion sont très accentuées. Il a eu le temps de boire un bon coup  avant de disparaître, me répondit le docteur Montallier.
J'acquiesçais silencieusement. C'était agréable de travailler avec un confrère...

- Or, la tache bleue sous le sein  n'est pas une ecchymose  mais ressemble fort au noircissement observé par  un contact avec un composé argentique. Et ce contact est juste au niveau du cœur. La cicatrice récente, à cet endroit sous l'épaule, peut avoir un rapport et ….


J'étais en train d'examiner la tâche dont parlait le docteur lorsque je sentis que quelque chose n'allait pas. Je relevais alors les yeux, et vis que le lieutenant de police me regardait avec des yeux vitreux. J'avais l'impression de la voir tanguer d'avant en arrière.

- Désolée ... Pas beaucoup dormi... Cette sale affaire... J'ai un coéquipier sur le carreau. Poursuivez, c'est très intéressant. Monsieur Montalier, je suis aussi très curieuse de connaître vos constatations. Pensez-vous qu'elle soit morte de mauvaises suites d'opération ? Une hospitalisation écourtée ? dit-elle, faisant visiblement un grand effort pour se reprendre.

Malgré moi, je continuais à la fixer discrètement. Ce n'était pas un problème de sommeil, elle semblait vraiment mal en point, au bord du malaise. D'ailleurs, elle se passa la main sur le front comme pour chasser une sueur froide, et s'appuya à deux mains sur la table d'autopsie.
C'était comme si elle était en pleine crise de manque. Je m'approchais d'elle pour la soutenir si ses jambes la lâchaient, lorsqu'elle murmura d'une voix éteinte

- Auriez-vous l'amabilité d'aller me chercher un verre d'eau... je ne sais pas ce qui m'arrive... Et si l'un d'entre vous pouvait aller ouvrir un des vasistas au fond de la pièce... pour faire entrer un peu d'air frais . Je suis certaine que cela va passer...

Je m'essuyais alors rapidement les mains sur une lingette, pour ne pas contaminer la salle qui resservirait pas la suite à des humains, puis j'ouvris en grand la fenêtre.
Lorsque je me retournais, j'eus une vision d'horreur. Le lieutenant était grimpée sur la table d'autopsie et avait déjà arraché un morceau de chair du cadavre. Je restais un instant paralysé par l'horreur et l'absurdité de la scène, avant de me précipiter pour l'arrêter.

Je la saisis sous les aisselles et la soulevais vivement, espérant brièvement qu'elle avait lâché le cadavre. Je la fis asseoir par terre. Nous étions maintenant tous les deux couverts de sang. Sans m'en préoccuper, je maintenais la jeune femme au sol tout en cherchant des yeux une marque de morsure.
Il n'y avait pas d'autre explication, elle avait été mordue... Et stupide, de croire qu'elle allait pouvoir assister à une autopsie sans problème !
Le docteur Montallier et moi sommes d'anciens vampires, il nous est faciles de nous contrôler. Mais pour quelqu'un qui vient d'être mordu, ces corps abandonnés, cette odeur permanente de sang... Il était difficile d'y resister.
Je m'en voulais un peu de ne pas avoir remarqué plus tôt que quelque chose clochait. Si je m'en étais aperçu, j'aurais pu agir...

La jeune femme, la bouche encore pleine de chair et de sang releva la tête vers moi et bredouilla

- J'avais trop faim ... C'est sa faute ... il m'a mordue ...mordue... le grand barbu. Vous ne direz rien hein ?  Donnez-moi en aussi... votre sang doit être meilleur que celui de cette fille... Soyez gentil .

Soudain, sans préavis, elle se mit à convulser. Je l'allongeais sur le sol en position de sécurité, avant de sonner pour appeler les secours.
Ces derniers arrivèrent rapidement et emmenèrent le lieutenant, toujours inconsciente.
J'espérais qu'elle allait s'en sortir... Elle avait l'ai douée et intelligente...

Je poussais alors un soupir et me dirigeais vers le lavabo pour m'essuyer un peu du sang qui me recouvrait. Tellement de sang... Le dernier repas du vampire n'avait pas dû être copieux...

Puis je me retournais et tâchais de reprendre mes esprits.
Je regardais alors le docteur Montallier et tâchais de me souvenir de ce dont nous parlions avant cette interruption.

- Vous parliez d'une tâche due à un composé argentique... Pensez-vous que l'on aurait pu l'injecter à cette jeune femme, pour la transformer en arme anti-vampire ? Mais elle aurait rapidement montré des symptômes assez...visibles, non ? Or sa peau ne présente pas de décoloration, à part cette tâche...

Je me rapprochais de la table d'autopsie à pas mesurés. De l'argent... Qui pouvait avoir eu une telle idée ?
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MessageSujet: Re: Raconte-nous, cadavre ! Raconte-nous, cadavre ! EmptyJeu 5 Fév - 1:52
Raconte-nous, cadavre ! Mini_315818montalier
Landry Montalier

Landry était très mécontent de cette scène indécente et brouillonne, heurtant sa tendance naturelle à éviter les conflits de personnes. Comment travailler avec profit si des incidents ridicules et hors de propos détournaient l'attention ?  Comment s'attaquer aux vrais problèmes, ceux que l'observation impartiale et la logique peuvent espérer résoudre, quand interfèrent des facteurs irréductibles à la raison et, pour parler franc, comme dans le cas présent, si des femelles hystériques abîment le matériel  et se pourlèchent en vous regardant  ?

Il n'en voulait cependant pas à la femme en tant qu'individu. Elle avait été victime d'un accident  physiologique avec des conséquences pénibles sur sa perception de la réalité. C'était très regrettable. Elle devait être une personne estimée dans sa profession pour qu'on l'ait envoyée ici et elle n'était visiblement pas responsable. Des centaines de personnes se faisaient mordre chaque jour, relativement peu succombaient à l'hémorragie, presque toujours correctement contrôlée. Après quelques jours il n'en restait rien, sinon le traumatisme moral. Quant aux empoisonnements, ils étaient rarissimes. Mais dans le cas présent cette transmission déréglée du besoin  de sang montrait qu'il y avait eu usage de pouvoirs vampiriques comme l'hypnose que seuls les très Anciens, disait-on, possédaient pleinement. Si l'excitation sexuelle qui accompagnait le désir de sang était plutôt normale, la malheureuse  avait débordé hors du mode opératoire vampire - mordre et sucer – pour sombrer dans le cannibalisme le plus animal. Ce n'était plus du vampirisme et d'ailleurs, le vampire n'avait nul besoin de nourriture solide.
Cette femme avait été manipulée par celui qui l'avait mordue et on ne pouvait décemment l'admettre. Ce n'était pas une raison parce que les Vampires étaient plus doués physiquement et mentalement que les mortels pour que tout leur soit permis. On ne pouvait agir sans frein en suivant sa pulsion du moment sous peine de retourner à l'ignorance et à la bestialité des ères sombres. Le vampire était un être social et civilisé, capable de progresser, tout comme les mortels l'avaient fait depuis la préhistoire. S'il était incapable de  contrôler ses pulsions mégalomanes, il devenait un danger pour les autres immortels. Le respect de son semblable et celui de la vie, même sous ses formes les moins abouties, était la base de toute éthique, malgré les hiérarchies inévitables.

Le calme étant revenu, Montalier ne jugea pas nécessaire de commenter davantage ce désagréable épisode et se contenta de remarquer en reprenant le support où s'alignaient ses tubes d'échantillons

-J'espère que nos résultats seront validés même si nous poursuivons en l'absence d'un policier. L'hôpital aura demandé un remplaçant. Mais pourquoi attendre ? Cette autopsie est importante puisque les autorités supérieures s'en sont mêlées. Je propose de continuer  immédiatement L'assistant de salle servira de témoin .

Il se tourna vers l'assistant un peu blême qui venait de nettoyer les dernières traces au sol. L'homme ne devait pas être habitué à ce qu'on s'attaque à ses pensionnaires de cette manière-là et il murmura d'une voix faible que, oui, bien sûr, il témoignerait que tout avait été fait en conformité avec la loi. Il pourrait prendre des notes en attendant le remplaçant.

Delcourt semblait plus navré qu'irrité par ce qui venait d'arriver et Landry, qui appréciait  son comportement discret, aurait voulu lui montrer qu'il n'était pas lui-même un de ces vampires méprisants et considérant les humains comme  des matériaux consommables qu'on pouvait jeter devenus inutiles. Mais, très professionnel, le légiste revenait déjà à l'autopsie et enchaînait sur leurs dernières constatations. Sa suggestion que la femme ait pu être transformée en "arme anti-vampire, lui parut fort intéressante et elle avait le mérite de tout expliquer des anomalies rencontrées sur le cadavre.

Les artères ayant déjà commencé à se vider dans les veines, Landry piqua une seringue dans la jugulaire et remplit de sang un petit réservoir qu'il plaça dans  son argyromètre dont il précisa brièvement le fonctionnement puis en fit l'immédiate démonstration. Le résultat était concluant : plus de 1 g, une dose énorme si on pensait que les propriétés bactéricides de l'argent sont sensibles chez l'homme à des doses de l'ordre du nanogramme microgrammes .
Montallier ajouta :

Le teint du sujet n'a cependant pas pris la teinte gris bleu caractéristique d'une ingestion abusive de sels d'argent. Ce qui est la preuve que ce n'est qu'au moment de la mort que l'argent ou des dérivés d'argent ont été libérés dans le sang. Mais il y a cette tache très foncée sous le sein. Docteur,  je crois que vous allez trouver un cœur assez malmené en ouvrant. Il y a eu crime, c'est évident. Et ce n'est pas le premier. On a déjà signalé des corps avec cette récente incision près de l'omoplate mais les autopsies ont été très incomplètes ou inexistantes. Assez pour soupçonner un tueur en série mais il ne s'agissait que d'humains. Lè, le témoin est formel, un vampire accompagnait la femme et n'est pas ressorti de la ruelle où il l'avait suivie. Il l'a mordue....

De son doigt ganté, il pointa la carotide et ses quatre trous bien nets  entourés de meurtrissures

-...et ingéré quelques secondes plus tard une dose d'argent immédiatement létale. C'est le vampire qui était visé. Vous avez raison, le chasseur s'est empoisonné avec un gibier dûment farci d'argent à son intention.

Il se retourna vers la table où il avait rangé son matériel auprès des réactifs et instruments plus classiques de l'hôpital et conclut :

-Je vais analyser plus avant quels sont les sels d'argent qui ont été introduits dans le sang. Prévenez- moi sitôt que vous  avez ouvert la cage thoracique.

Et il ajouta, la voix soudain animée

- J'espère que le remplaçant  du lieutenant ne va pas tarder. Nous sommes sur la trace d'un assassin qui fait d'une pierre deux coups
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Noah de Saint Hilaire
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Noah de Saint Hilaire
MessageSujet: Re: Raconte-nous, cadavre ! Raconte-nous, cadavre ! EmptySam 28 Mar - 17:15
Hi !:

Noah lisait le mémo concernant l'autopsie de la seule victime attribuée avec certitude au dénommé Baxter Finnes, alias Edgard Duplantier et certainement bien d'autres encore. La pauvre gosse avait été charcutée quelques jours avant sa mort. Le rapport mentionnait un travail de pro mais fait dans des conditions basiques. La cicatrisation optimale n'était pas à l'ordre des priorités du chirurgien si on en jugeait par le choix des fils de suture utilisés. C'est feuillets en main qu'il franchit les portes battantes de la morgue de Necker. Cet hosto lui filait toujours des frissons et il n'aurait su dire pourquoi. La morgue encore davantage. Lui qui ne cessait de flirter avec la mort, n'aimait pas l'alignement de brancards recouverts de draps blancs. Pas peur de la faucheuse, ni du sang, ni de se prendre une balle en pleine tête mais peur des macchabées. Paradoxal non ? Une de ses petites amies africaines qui avait des origines Watusi lui avait dit qu'il était un étrange bangélé pas effrayé par la main blanche mais qui flippait des morts parce qu'ils étaient trop morts  mais pas encore assez inhumains. Des corps en décomposition mais qui pétaient encore, qui gargouillaient suintaient, craquaient même parfois. Ils étaient identifiables et doué d'une certaine forme de "vie", mais morts.

Morceaux choisis:
- " T'es trop chou mon Nono -ce surnom- t'as peur des morts parce qu'ils sont trop vivants! T'as peur des morts vivants! "
-"Arrête tes conneries! J'ai jamais trempé dans ce trip !"
-"Awé ? Pourtant t'as des prédispositions! Je le sens dans ton wangé."
- "Tu vas voir ce qu'il va te faire mon wangé !"


Rires et même fou-rires qui avait fini en partie de jambes en l'air. N'empêche que la jeune gazelle à la peau sombre avait vu juste. Noah flippait littéralement au milieu des morts pourrissants. Il n'arrivait pas, pour ces mêmes raisons à se projeter plus tard, rendant visite à ses parents, heureusement encore vivants, dans leur dernière demeure que ce soit Lachaise ou un autre. Pour cette même raison, sans doute, il envisageait la crémation pour lui-même.

Il respira un bon coup en avançant dans le couloir parfumé aux formaldéhydes. Il bailla parce qu'il n'était encore pas bien réveillé malgré la douche qu'il avait pris avec sa Russe du moment. Ducas faisait chier. Non seulement elle lui grattait un jour de congé mais en plus elle lui fourguait cette histoire de meurtre tarabiscoté  avec des cadavres dans tous les coins. La petite serveuse de la nuit du 1er mai n'était sans doute pas le moins amoché. Certains dataient de presque un an et il allait falloir demander un permis d'exhumer au juge et assister aux contres autopsies des légistes... Ces deux-là ... Les Nécromanciens, voilà comment Noah les avait déjà surnommés. Deux vampires qui plongeaient les mains quotidiennement dans du sang froid ... Fallait être tordu quand même. Des masochistes sans doute... Ça aussi ça s'exacerbait avec le vampirisme... Il se souvenait d'une de ses maîtresses... "Ohh oui Johnny, Johnny fais-moi mal ... "  Une timbrée ... Noah avait joué un temps, puis s'était lassé du cérémoniel un peu routinier. Être une éponge émotionnelle et sensuelle ne signifiait pas consommer n'importe quoi n'importe comment. Noah aimait choisir, avoir le choix même quand on le désignait comme dominant. Il aimait la variété parce que pour lui la répétition devenait forcément une forme d'aliénation. Même dans les pratiques insolites. Il réprima un sourire narquois en paraissant devant les deux médecins en blouse blanche. "J'espère quand même qu'ils ne sont pas nécrophiles. Ça, en revanche ça me donnerait un peu la gerbe" pensa-t-il élégamment en tendant la main au premier, un cinquantenaire au blond écureuil, puis au second, plutôt beau gosse à qui il adressa un sourire enjôleur.

- Lieutenant Saint Hilaire, je reprends l'affaire du tueur aux mains d'argent. Oui je sais... Je sais, c'est pas moi qui l'ai nommé ainsi. Et d'ailleurs je ne suis pour rien également dans le fait qu'on surnomme aussi le couple défunt Edward et Bella.

Il saisit une paire de gants en latex et un masque sur la desserte, contourna le corps et se pencha sur les mains.

- Elle a des traces noires sous les ongles de la main gauche... Il faudra analyser ça et c'est probablement des traces de cendre. Mhh. J'aurai besoin d'une expertise. En combien de temps un Immortel ayant un corps d'adolescent de corpulence moyenne entre-t-il en combustion après ingestion d'argent ? S'il l'ingère par la bouche, c'est son visage qui va commencer à brûler en premier, non ?

Adolescent de taille moyenne mais très pâle. C'était  la description d'un des protagonistes décrit par le témoin, le barman qui fumait sa clope. Le gamin avait disparu et on avait retrouvé un petit tas de cendres à côté de la jeune femme morte empoisonnée.

- Recherchez des traces de cendres sur le corps, les vêtements et dans la bouche de la victime. Si elle était proche de l'autre victime au moment de sa combustion, elle en a forcément ingéré. Vous recevrez bientôt des prélèvements que j'ai ordonnés sur la voiture du suspect. Elle a été en partie détruite par une explosion. Ce vicelard avait tout prévu mais l'avant de la voiture n'est pas complètement cramée. On a pu relever des fragments d'A.D.N. Plusieurs différents. Vous vérifierez bien entendu que celui de cette demoiselle y figure.

Il prit le pied de la jeune femme. Glacé. C'était on ne peut plus désagréable. Il écarta les orteils et y trouva une fibre et une coloration violette.

- Intéressant. La bétadine dont on se badigeonne avant opération est orange, pas violette. En revanche, il y a un désinfectant utilisé sur les cadavres qui est de cette couleur, n'est ce pas ? Le coupable est l'un de vos confrères, peut-être l'un de vous deux !

Noah éclata de rire devant la mine indéfinissable des deux compères. Il les avait à présent nommés secrètement Heckle et Jeckle.

- Détendez-vous ! C'est juste une plaisanterie ! Cela dit le coupable est probablement un de vos confrères ... La fibre peut provenir d'une moquette ou d'un tapis. Je vais demander qu'on vous confie tous les prélèvements de fibres que j'ai demandés au domicile du suspect présumé.

Il sortit son portable et prit lui-même en photo le corps sous plusieurs angles.

- J'ai gardé le meilleur pour la fin, messieurs. J'espère que vous n'aviez rien de prévu cette nuit. Voici la liste de tous les cadavres qu'on est en train d'exhumer pour nouvelle autopsie. Ce sont des victimes de crimes non élucidés. Il y a des similitudes, notamment une cicatrice post opératoire récente dans la région du coeur. Vous allez tout reprendre à zéro. Je veux un comparatif de l'A.D.N. relevé sur l'appui-tête du côté conducteur et de ceux relevés sur les corps de toutes ces victimes. Il faut qu'on puisse les relier à coup sur avec le suspect pour savoir si nous avons bien à faire à un serial killer. Le mec portait probablement des gants pour conduire, mais je ne pense pas qu'il portait de bonnet. Le témoin n'en a pas mentionné. Il a donc laissé des cheveux à lui sur l'appui tête. Je les ai fait rechercher. On vous amène tout ça dans l'après-midi. On joue contre la montre messieurs. Si c'est un tueur en série, il va recommencer. Nous devons rapidement l'intercepter.

Il visionna les prises de vues et ne put s'empêcher de soupirer.

- Ce devait être un joli brin de fille de son vivant. C'est ma ... collègue qui a causé ces dégâts en zone péricardique ? Votre opinion au sujet de cette perte de contrôle ? Et que pouvez-vous me dire au sujet de l'intervention chirurgicale avant que Clémence salope la scène de crime ? Est-ce une opération à visée thérapeutique ou une sorte de mutilation rituelle, genre secte ? S'agit-il d'une ablation, d'une greffe, d'une réparation ?


Noah prit conscience qu'il avait débité ses questions à une vitesse supersonique et sans temps mort. Même des vampires très véloces en matière de réflexion avaient besoin d'un temps de silence pour répondre.

- Bon excusez-moi, désolé ! Quand ça se met à turbiner la dedans... Je peux plus arrêter. Je vous laisse déjà répondre à tout ça.
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MessageSujet: Re: Raconte-nous, cadavre ! Raconte-nous, cadavre ! EmptyMer 8 Avr - 0:04
Raconte-nous, cadavre ! Mini_310
Landry Montalier

Encore un humain !
Le coup d'oeil de Montalier fut d'abord de  déception en voyant qui arrivait, muni du badge de la police.
Non qu'il ait été viscéralement raciste quand il s'agissait d'humains dans le travail, même s'ils étaient souvent peu fiables en raison de leur santé fragile et de ce rythme circadien dont la plupart ne démordaient pas, tant pour le sommeil que pour leurs sacro-saints repas. Il fallait s'accommoder aussi de leur dispersion d'esprit, de cette habitude de traîner leur quotidien de la maison au travail, jour après jour- le petit dernier est malade, mon père ne va pas bien, la télé est en panne, vivement le week-end - et toujours ce désir plus ou moins conscient de faire vite parce que " l'heure tournait".
Il savait bien que ce n'était pas de leur faute, qu'il s'était autrefois comporté comme eux, bien qu'il ait toujours été un peu différent. Ils étaient souvent malins, vifs, imaginatifs, comme sont les êtres qui doivent se démener pour survivre.
Et puis ils étaient plutôt amusants, avec un sens de l'humour et de l'auto-dérision qui manquait souvent aux immortels car l'humour est une façon de prendre du recul par rapport à soi-même, quand on se sent emporté vers la minute qui suit, l'heure qui passe, le soir qui vient, la nuit, tout qui  vous découpe l'existence en petits morceaux irrécupérables. Landry n'avait pas oublié ce que c'était d'être mortel.
Mais comme il semblait que l'affaire était importante, on aurait pu choisir un vampire, moins susceptible d'avoir ses vapeurs,ses borborygmes ou son mal de dents.
A moins qu'après le fiasco précédent, on ait jugé bon d'envoyer un individu dûment pistonné pour se mettre à l'abri des critiques. Les protecteurs de tout sexe ne devaient pas manquer au bel Adonis quelque peu métèque qui venait d'entrer. Malgré son uniforme de service, le nouveau venu avait un physique de star publicitaire pour montre suisse ou caleçon de luxe.
En tout cas, on avait été rapide pour dénicher un remplaçant et Delcourt commençait à peine les prélèvements d'organes. Lui, il en avait fini avec les échantillons externes.

En se présentant, le nouveau venu se montra très à l'aise, peut-être trop d'ailleurs,  offrant aux légistes une poignée de mains alors qu'ils étaient au travail et gantés.
Pour ne pas entrer en contact avec la peau de l'imprudent, Delcourt, selon le geste admis, présenta son coude à la main tendue tout en prononçant quelques mots accueillants.. Mais pour  rappeler au policier les règles de l'asepsie, Landry y alla franchement et serra donc la main tendue sans sourciller, d'autant qu'il avait changé de gants après avoir touché le cadavre et n'avait donc manipulé que ses propres flacons et pipettes. Mais l'autre aurait bien mérité de se voir refiler Clostridium difficile  pour quelques jours pénibles entre lit et toilettes.
En plus, pour compléter la leçon, le chimiste enleva aussitôt ses gants, désormais pollués, et il en enfila soigneusement une nouvelle paire sous le nez de l'apollon des tropiques qui, en se présentant, lui avait décoché un sourire absolument craquant. Sauf que c'était  apparemment un mâle et bien que tous les goûts soient dans la nature et qu'il n'y a pas de mal à avoir essayé, Montalier ne craquait pas pour un sourire entouré d'une barbe de trois jours.
Il  fut surpris par le ton guilleret  du lieutenant qui fit des allusions dont il ne comprit que la première : le Tueur aux mains d'argent.  Edward aux mains d'argent, oui, un film de cinémathèque, mais la fille ne s'y appelait pas Bella. Edward et Bella ? Une série TV sans doute...
Le lieutenant n'était peut-être pas très à l'aise dans une salle d'autopsie, ce que Landry comprenait tout à fait, et en prenant la situation à la légère, voulait-il seulement faire preuve de convivialité ?  Bien que ce mot puisse prendre un sens très particulier entre humain et vampires....
Cependant, sans plus attendre, le lieutenant avait déjà pris des latex, un masque, et s'approchait du corps. Delcourt l'avait déjà incisé en choisissant l'ouverture en Y  en raison de cette tache sous le sein gauche.
Montalier fut aussi satisfait de la rapidité avec laquelle  Saint-Hilaire se mit aussitôt à l'oeuvre. C'était bien un réflexe de policier de regarder sous les ongles - les victimes griffent, s'accrochent à leur agresseur. Mais lui aussi connaissait son métier et quand l'autre parla d'expertise, il montra du pouce la rangée des tubes et de boîtes de Petri contenant déjà pas mal de prélèvements..  Le lieutenant poursuivit en posant une question touchant le métabolisme vampirique et son processus de dématérialisation. Comme depuis des décennies, c'était le centre même de ses recherches, le biologiste trouva d'un coup ce garçon beaucoup plus intelligent qu'il l'avait cru d'abord. Ce fut sur un ton presque aimable qu'il lui répondit :

-J'ai fait un prélèvement sous chaque ongle, mais cela m'étonnerait que ce soit de la cendre de vampire. J'ai demandé à  la police d'avoir accès aux effets de la victime, surtout les chaussures, au cas où elles se seraient trouvées en contact avec le fameux petit tas de cendres. Mais en fait, il s'agit plutôt de poussière volatile. Le vampire se néantifie en quelque sorte. Depuis des décades, je cherche à comprendre ce qui se passe et je ne suis pas le seul. Il y a des tonnes d'élucubrations  métaphysiques mais pas une seule étude fondée sur l'expérimentation parce qu'il n' y a pas d'échantillon qui dure plus que quelques secondes. C'est propre et pratique pour tous, sauf pour le biologiste.

Et tout en passant la scie avec extracteur – un modèle performant tout récent, merci le Cercle ! - à son confrère qui attaquait la cage thoracique, il poursuivit à l'intention de cet intéressant jeune homme :

-Vous savez sans doute que l'on n'a pas encore réussi à établir le génome vampirique. Depuis  plusieurs années, avec l'appui des anciens savoirs, nous avons reconstruit des séquenceurs d'ADN et le génome humain est de nouveau accessible. Mais rien n'est encore établi pour le génome vampirique, pas même la certitude qu'il y en ait un. Le génome est caractéristique des êtres vivants. Nous gardons certes l'apparence de notre vie antérieure mais l'état de vampire reste à définir  scientifiquement.

Tout en regardant les progrès de la scie et admirant l'habileté de Delcourt,  Montalier abrégea la conférence qu'il aurait bien faite pour un policier qui posait d'aussi bonnes questions :

- Pour répondre à votre demande concernant le temps mis pour la dissolution d'un corps vampirique, ce temps dépend de l'âge réel du vampire. Il faudrait que nous ayons son état civil exact. C'est l'affaire de la police mais nombreux sont les vampires sans famille, assez âgés pour avoir changé x fois d'identité sociale.  Pour un Ancien, la dissolution est quasi immédiate sitôt le cœur atteint. Et il ne s'agit pas de combustion au sens propre. Les flammèches, voire explosions, sont le fait de vampires récents qui ont encore à éliminer des résidus de leur corps humain. Si vous n'avez pas de témoignage de flammes durables, d'odeurs et de grésillements, le jeune dont vous parlez ne devait pas avoir l'âge de son physique. De toutes façons,  la dissolution est rapide. Une minute, deux, grand maximum pour un vampire d'un an ou deux, quatre ou cinq secondes pour un vampire de plus d'un siècle. Et le temps diminue encore avec les siècles jusqu'à une disparition instantanée sans aucun phénomène observable. Mort et Disparition ; beau programme.

Montalier se dit qu'il parlait trop. Le regard de Saint-Hilaire accrochait votre attention et donnait envie de retenir la sienne. Il se détourna pour observer où en était son confrère mais il compléta cependant sa réponse :

-Le terme de brûlure par l'argent est discutable même si la sensation est proche, comme on dit une brûlure d'ortie. L'argent par contact sur la peau ou les muqueuses détruit la substance physique d'un vampire avec un effet diffusant, assez lent puisque nous n'avons pas de circulation sanguine. Si le cœur n'est pas atteint, une journée de stase, que nous appelons sommeil par facilité, réparera les dommages visibles tout en laissant cependant une anémie pernicieuse qui deviendra fatale s'il y a de nouveaux contacts.
Le seul sang qui circule dans un vampire c'est celui ingéré à partir d'un être vivant, et qui envahit aussitôt tout son système vasculaire et si ce sang contient des sels d'argent...il faut à peine une minute à un globule rouge qui vient de quitter un cœur humain pour parcourir tout le circuit sanguin et revenir au cœur. Entre la bouche et le cœur du vampire, ce doit être de l'ordre de trois, quatre secondes. Si la dose d'argent  est brutalement injectée dans le sang  qu'il boit alors qu'il en a déjà avalé  quelques gorgées encore inoffensives, il le sentira alors,comme un acide, mais il sera trop tard ; le coeur aura reçu la dose létale comme pour un humain qui ingère du cyanure et meurt en quelques secondes, foudroyé.


 Delcourt était remonté vers le cœur et ce qui apparut dans la cage thoracique leur fit échanger un regard de satisfaction. L'arme du crime !... ou ce qu'il devait en rester. Qui avait pu imaginer et réaliser cela ? Montalier ne savait presque rien de l'affaire vue du côté de la police.
Saint-Hilaire avait de son côté entrepris d'observer d'autres parties du corps et ses remarques montrèrent sa rapidité d'esprit, contrastant  par leur précision avec le rapport bâclé qui accompagnait la convocation reçue par Montalier. celui-ci le remercia d'avoir pensé à faire envoyer les échantillons. Tout un travail avait été accompli que le policier précédent avait tu, à moins qu'on ne l'ait pas mis au courant, ce qui se produisait parfois quand la coordination des vampires et des humains laissait à désirer.
Il demanda, baissant la voix pendant que Delcourt préparait la zone tout en commentant ce qu'il voyait pour l'enregistrement :

-Vous savez, je ne suis là que parce que je suis spécialiste de l'argyrisme en rapport avec les vampires. Ma convocation était accompagnée d'un compte-rendu plus que sommaire de la situation de l'enquête. Pourriez-vous m'en dire plus ? Vous avez des pistes ? Cela pourrait hâter au moins partiellement nos conclusions.
Saint-Hilaire ne se fit pas prier  Ce qu'il leur apprit trouva un écho des plus approbateurs du côté des légistes et surtout de Montalier qui aimait peu la chirurgie post-mortem mais beaucoup le travail sur échantillons. Il précisa aussitôt :

-Comme je vous l'ai dit, pour l'ADN, aucun problème si le tueur est un humain...

Ce policier était quand même assez surprenant. Aucun complexe devant des vampires, aucun souci de ménager une hiérarchie fondée sur l'inégalité des races etmise en application à tous les niveaux de la société. L'homme semblait avoir pris la direction de la salle d'autopsie et si cela ne gênait pas Montalier, qui comme il venait de le rappeler, n'était là qu'en tant que chimiste, Delcourt pouvait s'en irriter.
Il  se hâta donc de répondre au flot de questions que venait de lâcher le lieutenant :

-Votre collègue ? Vraisemblablement un cas de  contamination par morsure et  une réaction non surveillée. Très regrettable. Certains d'entre nous ne se disciplinent pas assez.Quant à cette opération effectuée quelques jours avant la mort et déjà en bonne voie de cicatrisation, c'est du travail bien fait. Nous pensons qu'il s'agit d'une ouverture pour introduire les sels d'argent,  vers le cœur, sans aucun doute. L'assassin connaît bien l'anatomie. Mais le poison devait être contenu pour ne pas empoisonner tout de suite le sang..C'est une mort à retardement.

Il s'arrêta. Delcourt avait fini de nettoyer la cavité cardiaque et de prélever au bout de ses pinces ce qui avait été le cœur de la jeune morte. Et il n'était pas beau à voir. C'est à Saint-Hilaire que Montalier s'adressa tout en  allant préparer ses coupelles :

-Vous vous y connaissez en mini-charges explosives ?

HRP : Repassant pour relire, j'ai vu que j'avais zappé la dernière partie de mon post. J'ai donc édité ( ce qui le rallonge encore ...) Toutes mes excuses au cas où il aurait déjà été lu.
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Raconte-nous, cadavre !

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