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Constantin Basarab

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Constantin Basarab
Messages : 116
Date d'inscription : 23/08/2014
Constantin Basarab
MessageSujet: Constantin Basarab Constantin Basarab EmptyVen 29 Aoû - 10:03

     
     

     

     
     
Constantin Basarab

     
-L'art et la beauté sont ma famille, les œuvres, mes enfants, la création, ma seule compagne. -


     
Identité

     

Nom : Basarab
Prénom : Constantin
Street name : Ucigas Lup, "le Tueur de Loups" dans les Chasses, Stan chez les F2.
Groupe : Vampire
Âge :  572 ans
Date de Naissance : Sa date de naissance précise n'est pas établie. On la situe par approximation à la même année que son ennemi héréditaire Stefan Lupu, soit en 1641. Il est mort à l'âge de 25 ans.
Lieu de Naissance : Principauté de Moldavie officiellement, sur l'ile de Chios en vérité.
État Civil : Célibataire et sans enfant.
Emploi : Constantin ne travaille pas, il vit de ses rentes et mène une activité d'artiste, occupant son temps libre à l'écriture, la sculpture et la musique pour lesquelles il a un certain talent.
Maître/Sire/Tuteur : Darkan Lupu.
Esclave/Infant/Disciple : Zélie Delhomme (en fuite)
Religion : Aucune en particulier. Il voue un culte à la seule beauté, sous toutes ses formes.
Lieu de Résidence :  Un hôtel particulier hérité de sa famille, dans la vieille ville et Minerve dans le sud de la France
Armes :  Une épée et des pistolets de duel
Autre :  écrire ici
Avatar:   Persian_Beauty_by_milads2001


     

   
Physique

     


       Encore une longue journée de sommeil qui s'étire. Le déclin du soleil m'a fait sortir de l'oubli de ma chambre scellée à la lumière et aux tentures sombres. Il n'est pas aisé d'accepter cette perte de temps que m'imposent les jours mais je les sais nécessaires à la survie de mes proies qui ne pourraient vivre une nuit perpétuelle et donc à la mienne. En me rendant à la salle de bains je me dévêts nonchalamment de mes vêtements de sommeil, comme à mon habitude. Évidemment point n'est utile de passer devant un miroir que je ne possède pas pour savoir que je suis égal à moi-même depuis un demi millénaire. Toujours ce regard bleu acier, presque gris, froid et parfois teinté d'ironie mais point dénué de charme. Ce visage allongé, au nez volontaire et droit, ces pommettes un peu hautes qui trahissent mes origines, ces lèvres pleines au rictus souvent dédaigneux ou moqueur, avares en sourires, ce menton creusé d'une légère fossette, ce front haut, ces sourcils expressifs. Je passe une main dans mes cheveux que je porte longs depuis toujours. Noirs, si noirs comme les ailes de celui que j'incarne sous ma forme animale.

J'entre dans la vaste baignoire éclairée d'une multitude de bougies que je peux allumer ou éteindre d'un simple geste. L'eau chaude, fumante, réchauffe mon grand corps glacé. Je m'y plonge avec délice. Les plaisirs simples, comme ils rendent agréables l'éternité. J'asperge mon torse et mes bras de ce bienfait, passe une main sur mon visage et me laisse glisser complètement sous l'eau. Les bruits de l'extérieur m'y parviennent encore plus étouffés. Je savoure cette transition du sommeil à la "vie". Émergeant à nouveau, je m'accorde un massage agréable avec un onguent délassant, adoucissant et parfumé. Qui a dit qu'un non mort devait sentir la mort ? Je délasse mon corps de jeune homme toujours fixé dans sa vingt- cinquième année depuis près de cinq cent ans. Grand, plus que la plupart des humains, musclé mais sans que cela soit spectaculaire. Bien proportionné mais pas exempt de cicatrices multiples récoltées au cours des siècles. Diable ! Lorsqu'on traverse les époques troublées de ma région d'origine et même celles des autres capitales d'Europe, il en reste forcément des traces. Je souris. Ces stigmates sur mon corps n'ont jamais rebuté les femmes qu'elles soient mortelles ou non, bien au contraire. Hé, oui je sais que je plais et je ne me prive pas d'en user. Bien sûr lorsque je révèle ma vraie nature, les réactions sont variables, oscillant de la peur incontrôlable à la fascination. Peu importe à vrai dire, la rencontre se finit toujours de la même façon. Après le plaisir des sens, le plaisir de se nourrir et de voir la vie quitter ma victime.
     
Caractère

       


       Je n'abuse pourtant pas de mes prérogatives, préférant rester discret et mener une vie tranquille et retirée de l'agitation du monde... Le monde dont je sens à présent les palpitations derrière les baies vitrées de ma grande demeure. En peignoir, je colle mon front à la vitre qui m'offre un panorama magnifique de la ville parée de ses feux nocturnes. La Capitale dans tout son faste nocturne , mon terrain de chasse et de jeu, d'exploration. Vaste territoire où je croise les pistes de mes congénères, eux aussi en quête de sang, d'amusement, de distraction à leur éternité. Et puis il y a les humains... Quel curieux destin que le leur. Celui d'étoiles filantes traversant ma vie ou la frôlant juste. Je ne les méprise pas. Je vois en eux ma subsistance. Les voir s'abîmer, se faire du mal me désole. Malades ou malheureux, ils ont moins de saveur. Leur sang me parait plus fade. Je préfère prendre la vie qui éclate de rire et de jouissance que celle qui se languit et se flétrit. Je ne tue pas pour délivrer mais pour absorber la joie et le bonheur de mes victimes. Quelle belle fin je leur offre finalement dans ce baiser mortel. Bien plus digne que la plupart des morts dégradantes auxquelles ils sont naturellement destinés. Pourtant je n'en ai encore croisé aucun qui fut digne de devenir infant. Indépendant et esthète, je ne veux aucun lien qui m'enchaîne. Être Sire ? N'est-ce pas devenir finalement esclave de sa "progéniture" ? Et puis, je n'ai jamais croisé quelqu'un qui m'en donne l'envie.

Certains des miens se sont crée une famille, prenant compagne puis "enfants " en offrant leur sang à leur victime. Pour ma part, je préfère la solitude que je promène de palais en palace, d'hôtel en château au fil des siècles, même si elle me pèse parfois terriblement. J'ai essayé plus d'une fois de la partager avec une de mes"conquêtes" mortelles mais las, sa beauté se flétrissait alors que je demeurais égal à moi-même. J'ai aussi essayé avec mes congénère de tromper mon isolement mais aucune ou aucun n'a tenu le choc ce mon rythme de vie. Aucun surtout n'a pu satisfaire ma soif inextinguible de beauté et de perfection esthétique. Je me suis lassé de tous et toutes. Il a bien fallu que je les fasse disparaître discrètement, leur charme s'étant terni à mes yeux. La solitude est ma seule compagne et je l'orne de douces dévotions à mes inspirations, composant au piano, usant des plumes à noircir des parchemins de poèmes, pamphlets et récits d'outre temps, à plonger mes mains dans l'argile si malléable de mes sculptures. Ahh comme j'aime sculpter cette terre si douce comme je modèle le désir des âmes que je croise. Le contact si sensuel de cette douceur minérale glissante et lisse, humide et spongieuse comme un cœur tout chaud sorti d'une poitrine. J'adore le faire en écoutant de l'opéra ou des compositeurs des époques que j'ai traversées. Mes goûts, en matière d'art, sont très variés. Je trouve en chaque période mon bonheur en même temps que ma nourriture et je me fonds dans le paysage, tantôt violoniste au côté de Chostakovitch, tantôt leader d'un groupe de métal violent , ou bien encore batteur dans un groupe de percussionnistes tribal, peu importe, j'aime aussi bien Rodin en sculpture que nos contemporains, en peinture la Renaissance trouve aussi bien grâce à mes yeux que le cubisme. L'art et la beauté sont ma famille, les œuvres, mes enfants, la création, ma seule compagne.

Sauf... sauf ... lorsque je sors de ma retraite, de mon palais. Alors je me mêle à la décadence du siècle, à cet univers post apocalyptique. Je croise mes frères qui ignorent eux aussi parfois, ma vraie nature, malheureux jeunes immortels qu'ils sont. J'arpente les ruelles de cette ville où je ne suis pas né mais avec laquelle je partage le souvenir des siècles. Je sens les pierres anciennes des bâtisses me murmurer leur histoire, le souffle des âmes défuntes des temps jadis courir le long des ruelles, je revois le faste des rois d'antan se dérouler dans un plan parallèle sous mes yeux lorsque j'arpente les avenues célèbres de la Capitale. Oui cette ville bat au rythme de mon cœur, ancien et immuable, perpétuel renouveau et recommencement, identique et différente à chaque nouveau dais de nuit qui l'étreint. Je suis vieux et jeune à la fois, brillant et sombre, joyeux et mélancolique, généreux et monstrueux, magnifique et vil. Je suis comme cette ville qui m'a ouvert les bras, m'a accueillie comme le fils prodigue, me cajolant de ses douceurs et ignorant quel fléau elle enserrait dans ses bras mondains. Je peux me faire dandy à mes heures pour donner l'illusion d'être un être sociable et raffiné, ce que je suis par mon éducation. Je cache ainsi ce que je suis par nature: un être assoiffé de sang et avide de plaisir et de chaleur... J'ai tellement froid... Oui tellement froid dans mon corps ,dans mon âme et dans mon cœur... Il faut avoir été enterré vivant pour comprendre ce que je ressens parfois.

   


En savoir plus à mon sujet...

   


Maladies : Anémie et très légère hémophilie, ce qui est, me direz-vous gênant dans mon cas. C'est une des raisons qui font que je n'ai pas encore accordé à un "humain" de devenir mon infant.
Transformation : Certaines légendes laissent à penser que je peux me transformer en corbeau ... A vous de voir si vous y croyez ou pas...
Groupe Sanguin : AB rhésus négatif
Famille : Mon père se nommait Radu Basarab, ma mère, sa maîtresse, morte en couche, que je n'ai donc pas connue, Taranis Eliade. Je suis fils unique, de fait. J'ai eu trois demi-soeurs, toutefois, dont une se maria à l'homme auquel je succédai sur le Trône de Valachie.
Origines : Né en Moldavie pour la postérité, j'ai résidé en Valachie , puis en Pologne. Issu d'une famille princière moldave par mon père et d'une famille de riche marchands italiens par ma mère.

     

     
Surnom : j'en ai tellement ^^
     • Âge : 34 ans
     • Comment avez vous connu le forum ? : je l'ai fondé
     • Comment trouves tu le forum ? : perfectible ^^
   


     
MADE BY .ANGELUS

     

     
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Constantin Basarab
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Date d'inscription : 23/08/2014
Constantin Basarab
MessageSujet: Re: Constantin Basarab Constantin Basarab EmptyVen 29 Aoû - 10:52

 
 

 

 
 
En chacun de nous sommeille un héros

 
- Époque I-

 



Chroniques d'un Prince égaré

Au commencement...

Je suis né caché ... dans un village grec, enfin une petite île plutôt, Chios ... Maman était italienne, fille d'un riche marchand, séduite par Radu, le Magnifique, mon père, lors que sa flotte mouillait dans le port de ce rocher ensoleillé. L'enfant du soleil et du froid moldave, si l'on peut dire. Enfant illégitime et embarrassant ... L'accouchement clandestin valut certainement la mort de ma pauvre mère. On remit un paquet à ce vieux prince en guerre qui faisait escale. Que faire de ce nourrisson brunâtre qui hurlait bien fort ? Le jeter par dessus bord fut probablement la première pensée qui traversa l'esprit de mon tendre père. Il avait épouse. Certes, elle ne lui avait donné que deux filles mais elle était jeune et robuste et tous les espoirs étaient encore permis. Un quartier-maître eut une étonnante pitié et supplia Radu de lui confier le "paquet. Nous étions en 1641, au milieu de la Mer Egée. Il chargea le carré des esclaves circassiennes, auxquelles on avait arraché leurs enfançons des bras pour mieux les revendre comme filles de joie, de s'en occuper. Elles avaient du lait et de l'affection à revendre. Je passai mes trois premiers mois dans la cale d'un navire de guerre, infesté par la vermine et les rats. Je ne manquais pas trop de nourriture ni de caresses, mes "nourrices" étant remplacées par d'autres au fur et à mesure qu'elles s'affaiblissaient, que leur lait tarissait et que leurs corps étaient jetés par dessus bord. D'aucuns diront que mon détachement et ma difficulté à nouer des liens durables avec un corps ou une âme ont possiblement été marqués par ce défilé de seins contre ma bouche innocente et de visages se penchant au dessus de mon minois. Je ne sus ces faits que tardivement dans ma vie humaine lorsque l'une de mes demi-soeurs, mon aînée de cinq ans, Elena, me le jeta à la figure alors que mon vieux père me reconnaissait officiellement l'année de mes huit ans, alors que sa jeune épouse venait de décéder dans sa trentième année.

J'avais donc grandi, mes premiers mois, au milieu des nuisibles et des esclaves. Deux statuts presque équivalents à cette époque. Bien sûr, une fois débarqué sur les terres de la péninsule tatare et le territoire traversé jusqu'à la Moldavie ancestrale, le traitement fut à peine amélioré. Je fus placé chez des paysans qui m'élevèrent aux rudes lois de la terre. Sauvageon courant les bois, j'avais tout physiquement de l'enfant sauvage du Docteur Itard lorsqu'on vint me chercher l'année de mes six ans. L'exceptionnelle intelligence et la férocité en plus. Personne n'avait épargné le bâtard que j'avais conscience d'être. Aussi, ni les fastes de la cour du château de Bran, ni les costumes sombres et serrés dont on m'affubla ne changèrent profondément mon caractère rétif et méfiant. On me donna pourtant l'éducation d'un prince. L'époux de ma demi-soeur aînée, Maria, se mourait et comme elle , pas plus que sa mère, ne semblait vouloir donner d'héritier mâle à la couronne de Valachie, on regardait le petit Constantin, baptisé ainsi lors du passage du bateau, au large de Constantinople, par le charitable quartier maître, d'un œil de moins en moins méprisant. Il fallait commencer à s'y résoudre, ce petit moricaud était le seul jeune garçon de sang princier disponible. Mon beau frère agonisa tout de même près de trois ans et mourut finalement après père et "mère" à la fin de ma neuvième année. Le Prince de Transylvanie pensant sans doute mieux diriger l'état voisin du sien s'il était à la tête d'un enfant que d'une femme, soutint auprès des cours de Hongrie et d'Autriche que je fusse placé, puisque légitimement reconnu depuis par mon père, à la tête de la principauté et ma soeur écartée à mon bénéfice. Je me fis d'un seul coup trois féroces ennemies dans les personnes de ces trois princesses issues du mariage de mon défunt père : Maria , Elena et Ancuta. La dernière devant jouer un rôle décisif dans la fin de ma vie" humaine", comme vous le verrez plus tard.

Prince de Valachie

Je me retrouvai donc à dix ans, Prince de Valachie et à la tête d'un petit peuple de montagnards rustres et sauvages dont je ne savais rien. Pas vraiment dépaysé par rapport à la terre moldave sur laquelle j'avais passé mes premières années, je m'accoutumai très vite aux montagnes escarpées couvertes de neige et battues par les vents l'hiver et au vals fleuris, aux vallons parfumés de fleurs des étés chaleureux. Le peuple était pauvre mais riche de sa culture millénaire à laquelle je me sentais de plus en plus intégré. Mes sujets étaient courageux, accrochés depuis des générations à ces alpages. Bien plus rustres et bourrus que les Moldaves, ils avaient juste soif de justice et de probité. Sous la régence du conseil des cours des pays voisins, j'avais peu de marge de manœuvre jusqu'à l'année de mes seize ans. J'employai donc ces six années à voyager à travers le territoire pour mieux connaitre mon peuple et aussi mais surtout, à me forger une âme de guerrier. J'étudiai pour cela avec un précepteur qui avait été conseiller militaire à la cour de Hongrie. Lequel se prit, je crois, d'une véritable affection pour moi. Brancu Nadwal, ainsi se nommait le brave homme, m'enseigna l'art militaire, l'histoire et les langues. Il me choisit non pas un mais deux maîtres d'armes, un Florentin expert en lame fine et légère et un Saxon qui maniait la claymore comme un dieu. Les entraînements éprouvants auxquels les deux hommes me soumettaient me faisaient souvent dire que j'étais l'esclave le plus laborieux de Valachie. Pourtant à l'Aube de mes seize ans, c'est en homme que je reçus la couronne des mains du Prince Georgu de Transylvanie.

Je pris alors les rênes du pays en main et m'attachai à imposer ma vision des choses au conseil de façon plutôt ferme. Lutter contre la corruption qui sévissait au sein de l'état et de ses dirigeants me parut la plus urgente des batailles intérieures à livrer. Je le fis avec la rudesse qui prévalait souvent en ces temps obscurs, écartant des postes clefs ceux que je jugeais plus soucieux de leurs intérêts personnels que du bien de la Principauté. La révocation était la première mesure appliquée. Si elle ne suffisait pas et soulevait les protestations des personnes concernées et de leurs partisans, j'usai des geôles de la Forteresse de Brancia sans aucun état d'âme. Que j'apprenne qu'un complot s'ourdissait pour faire libérer ceux que j'avais fait arrêter et les représailles ne tardaient pas à tomber. Il y eut plusieurs vagues d'exécutions et aussi plusieurs tentatives d'assassinat sur ma personne durant les trois premières années de mon règne. Cependant, peu à peu, voyant que je rétablissais aussi la sûreté dans les campagnes et rues des cités de Valachie, les bourgeois et petites gens commençaient à soutenir mon effort de probité malgré la terreur que j'avais fait régner dans les rangs des nobles et dignitaires. Le climat s'apaisa un temps dans nos montagnes sauvages. J'en profitai pour marier mes deux soeurs cadettes alors que l'aînée, veuve de mon prédécesseur avait intégré le couvent d' Althung. Si la plus âgée était finalement la moins virulente, ayant trouvé l'apaisement dans la Foi, Elena et surtout Ancuta me vouaient une haine farouche qui décupla lorsque je leur choisis mari selon les alliances qui m'arrangeaient.

Elles prirent des amants par réaction pour la première et par véritable passion pour la seconde. Cela ne me dérangea pas outre mesure tant que cela n'eut aucune incidence sur le cours des affaires publiques. Je les faisais toutefois surveiller de près. Quelques cinq années plus tard, le trône de la principauté voisine, ma terre des premières années, la Moldavie, fût vacant par le décès de son prince emporté par la peste. Convoitant ce territoire, je me présentai aux portes de la capitale avec quelques troupes, fort de ma légitimité. Mon père avait été Prince de Moldavie lui-même et suite à son décès, on avait placé un cousin au troisième degré qui avait donc lui aussi rendu l'âme. Il me semblait évident que j'en héritais. Aux portes de la citadelle, quelle ne fut pas ma surprise d'y voir une forte armée menée par un chevalier à l'armure vermeille qui se présenta à moi comme Prince légitime de Moldavie. J'avais dix-neuf ans et je croisais pour la première fois, un des représentants du clan ennemi héréditaire du notre: Stefan Lupu.

Le Duel sans fin

La première bataille qui nous opposa, Stefan et moi fut sanglante et vit la défaite de ma petite armée. J'y reçus mes premières blessures sérieuses et dut battre en retraite dans les montagnes. J'y établis mon camp de base et cherchai à rallier des troupes à ma cause. Le Prince hongrois se garda bien d'intervenir dans ce conflit, laissant au hasard de la guerre le soin de départager qui des deux prétendants était le meilleur, même si dans un premier temps il m'avait envisagé à la succession. Finalement ce nouveau chien qui convoitait le trône de Moldavie et qu'il n'avait pas prévu, l'arrangeait bien. Si je gagnais, je monterai affaibli sur le trône et de même pour mon adversaire si je perdais. Un souverain qui a mené bataille et vu ses troupes décimées est bien plus facile à manœuvrer qu'un dauphin porté au pouvoir par ses voisins et sans embarras. Du moins était-ce ce que croyait Georgu mais il se trompait lourdement. Il ne me connaissait pas. Depuis mon enfance, j'étais habitué à batailler pour avoir ce que je désirais mais lorsque je l'obtenais il était bien difficile de me l'arracher. Je mis du temps à conquérir par la guerre ce que l'on m'avait attribué légitimement par mon rang. Mes hommes et moi passâmes deux hivers très durs dans les contreforts des Carpates mais au bout de deux années d'affrontement qui ravagèrent les campagnes moldaves, ayant rallié à ma cause tout ce que le royaume comptait comme engeance marginale et hors la loi, je défis Stefan et ses troupes. Je ne fis aucun prisonnier excepté lui. Ce fut ma première erreur. Le faire exécuter aurait été plus judicieux ou bien encore le tuer de mes mains alors que j'en avais le pouvoir mais une fascination malsaine et immédiate que je nourris instantanément pour lui m'en empêcha. Je devais le regretter durant quelques secondes quelques années plus tard.

Odeur de sang et de sueur mêlées, râles des mourants, cliquetis des lames des combattants encore debout. Nous avions pris bien des vies, l'un comme l'autre, lorsque nous nous fîmes enfin face sur le champ de bataille. Nous nous reconnûmes au premier coup d'œil aux armoiries arborées sur nos boucliers. Encore sur nos montures écumantes, nous nous lançâmes l'un contre l'autre avec une rage égale. Le choc fut à la mesure de notre haine réciproque. Nous ne nous connaissions pas et pourtant nous voulions annihiler celui qui se dressait contre nos rêves. Il se battait bien mais était moins bon cavalier que moi sans doute pour n'avoir pas perçu le léger déséquilibre qui s'accentuait dans l'allure de son cheval. J'identifiai toute de suite une blessure au jarret lorsqu'il commença à galoper à faux ; provoquer sa chute par une volte face soudaine me fut aisé et salutaire. Je commençais à faiblir sous ses coups puissants et rageurs. Je pensais avoir l'avantage une fois qu'il aurait chu de son destrier mais je n'avais pas prévu qu'il resterait la jambe coincée sous son flanc. Lorsque je sautai de mon cheval pour le rejoindre, il essayait vainement de se dégager de sous le corps inerte de la bête qui s'était brisé le dos en tombant. Je désarmai aussitôt l'ennemi immobilisé en faisant voler son épée et achevai l'animal en passant le tranchant de ma lame sur sa jugulaire. Je fus surpris d'entendre un remerciement émanant de derrière le heaume sombre. Encore plus d'entendre un rire fuser, m'exhortant à lui réserver le même sort. Voulant connaître le visage de mon ennemi, je dégageai sa tête du casque et découvrit un homme de mon âge au visage angélique et lumineux. D'immenses yeux d'un bleu étrangement sombre dévoraient cette figure au sourire narquois encadré de boucles blondes. Des traits virils démentaient la douceur presque féminine du regard. Je demeurai quelques secondes ma main armée suspendue dans les airs au dessus de lui. Il s'obstinait dans son sourire provocateur, le souffle court, narguant mon hésitation à en finir. Ma lame se planta en terre à quelques centimètres de son oreille alors que je rétorquais qu'il me serait plus utile vivant que mort. Si j'avais su ...

Il fut donc mon prisonnier à la cour de Moldavie où je demeurais quelques mois, le temps d'asseoir mon pouvoir et de former une cour de conseillers judicieusement choisis qui me représenteraient. Après avoir réglé quelques soucis d'ordre législatif et promulgué les réformes qui me convenaient, quand enfin la situation se fut stabilisée et que la paix sembla durablement établie, j'entrepris le voyage de retour vers ma chère Valachie. J'emportai Stefan avec moi comme un trophée. Une sorte de jeu étrange s'était établi entre nous. Il me parlait souvent d'un frère qui viendrait le libérer, disant que ce frère m'aimerait beaucoup, que je serais à son goût. Je le raillais en ne voyant en ses propos que des paroles amères de perdant et lui demandais souvent pourquoi ce fameux frère n'était pas à ses côtés lors des combats. Sa réponse invariable était que son frère avait été banni de la famille des Lupu à cause d'une particularité qui le rendait traître à leurs yeux mais qu'il aimait si fort son frère jumeau qu'il viendrait assurément le délivrer. Je le ramenai donc dans la ville fortifiée qui était la capitale de cette principauté sauvage de Valachie. Il fut installé dans le quartier réservé aux prisonniers et opposants qui était désert. Autant dire qu'il avait ses aises. Cultivé et d'agréable conversation, il fut de plus en plus souvent convié à ma table pour nous distraire de ses récits. Récits dans lesquels étaient souvent évoqué ce frère mystérieux qui avait beaucoup voyagé en Orient, par delà la Perse, par delà la Mer, le long du grand fleuve Nil. Les contes du beau parleur eurent tôt fait de séduire les demoiselles de la cour dont beaucoup succombèrent totalement à la perversité de l'individu. Nombre de personnes de mon entourage s'étonnèrent de ma clémence envers celui que j'avais défait. Aujourd'hui encore, c'est une faiblesse que je ne m'explique pas autrement que par le charme ravageur qui était le sien et auquel je n'échappais pas plus que mes sujets. La seule qui sut user de lui tout autant qu'il usait d'elle fut ma plus jeune soeur, Ancuta qui devint sa maîtresse attitrée. Ils avaient une grande passion en commun qui était, pensai-je, de me haïr autant que de me craindre. Le duo allait se nourrir mutuellement de rancœurs et de désir de vengeance à mon égard durant quatre ans.

Quatre ans durant lesquels mes conseillers me suggérèrent de prendre épouse parmi la noblesse des états voisins afin de m'assurer l'appui d'une alliance. Cette perspective m'avait amusé un temps à voir défiler les jouvencelles ou les veuves, rivalisant qui de beauté qui de richesse, mais dont rapidement la compagnie me lassait. Pourtant la raison d'état me soufflait de m'assurer descendance sans pour autant m'ôter la jouissance du libertinage auquel j'aimais me livrer. Une princesse venue du nord finit par trouver grâce à mes yeux. Non qu'elle fut une réponse complète à mes attentes dont j'ignorais moi-même la teneur, mais elle avait de l'esprit, était fort belle et témoignait d'une culture assez vaste. Je me laissais convaincre au grand déplaisir d'Ancuta et de son âme damnée Stefan. Si ma sœur demeurait dans une réserve désapprobatrice, mon cher ennemi, lui, demanda une entrevue que je lui accordai avec une pointe d'amusement. Il avait acquis une sorte de statut de bouffon plaisant qui me distrayait et me poussait à fermer les yeux sur sa liaison avec ma sœurette. Le début de l'entretien ne me surprit guère. Il commença par flatter ma vanité en me disant que j'allais m'enchaîner auprès d'une femme alors que je pouvais les avoir toutes, qu'il m'imaginait bien moins soumis aux traditions, qu'il voyait en moi un prince différent à cause de mon parcours si atypique, que je n'avais qu'à reconnaître un de mes bâtards comme l'avait fait mon père en son temps si je voulais un héritier. Sur ce, j'en vins à le questionner sur ce qui pouvait bien le déranger dans ma décision si ce n'était de voir s'évanouir ses espoirs de pouvoir. Je lui révélai clairement que j'étais au fait de sa liaison avec Ancuta et que je me doutais bien qu'ils ne nourrissaient pas de grande loyauté à mon égard. Quelle ne fut pas ma surprise de le voir blêmir et secouer la tête.

" Elle te hait, c'est vrai, mais je ne partage pas ce sentiment avec elle. Offre-moi le Trône que tu m'as ravi et tu auras en moi le plus fidèle des alliés. Ensemble nous pourrons étendre nos conquêtes. Tu ne peux régner sur deux terres parfaitement."

Ce à quoi je répondis que la Moldavie était ma terre natale et que j'en avais légitime héritage mais que la Valachie était ma terre d'accueil et que je devais la guider et la protéger et que mon cœur ne pouvait choisir entre les deux. Il rétorqua plein d'amertume que j'aurai mieux fait de lui donner la mort que de faire de lui un prince errant et enchaîné à un autre qui, à sa table, préférerait bientôt la compagnie d'une épouse à la sienne. Ironique, je lui demandai, cinglant, s'il était jaloux. La réponse me fit l'effet d'une immersion en eau glacée. Il se rua sur moi et avant -même que j'eus le temps d'appeler ou de dégainer mon épée, m'embrassa à pleine bouche. Tétanisé, je le vis se détacher puis se diriger vers la porte. Il se tourna vers moi, la main sur la poignée en disant :

" J'aurai quelque chose de toi, si ce n'est un royaume, ce sera plus ..."

Je répondis, affichant une assurance que j'étais loin de posséder sur l'instant

" Encore des menaces, Stefan, tu ne te lasseras donc jamais ? "

Il eut un sourire triste et disparut en refermant la porte sans un bruit.

La date des fiançailles fut enfin fixée et le protocole l'exigeant, de nombreux émissaires furent envoyés des états voisins pour féliciter les futurs époux et leur offrir présents et témoignages plus ou moins sincères de leurs souverains. Le défilé incessant dura plusieurs jours qui mirent à rude épreuve ma patience et celle de ma charmante promise. Nous en avions fait une plaisanterie entre nous, riant doucement, nous chamaillant pour décerner la palme de la plus grande flagornerie ou du ridicule extrême à différents ambassadeurs. Après que finalement la liste annoncée fut épuisée, je regagnai mon bureau au terme du troisième jour et me remis au travail véritable de chef d'état. Alors que j'étais plongé dans la lecture d'un pacte commercial avec un comptoir portuaire tenu par les ottomans, la porte dérobée de mon cabinet s'ouvrit et j'eus la surprise de voir s'y introduire Stefan en personne. Son regard avait quelque chose d'étrange. C'était lui mais je ne reconnaissais pas cette animalité pas plus que la voix rauque qui proféra ces paroles

" Tu ne devais pas prendre épouse sans donner une contrepartie à Stefan! "
Un peu troublé, je me levai et soupirai.

" Ecoute, j'ai été trop patient avec toi. Je ne supporte plus ces caprices. Tu es mon prisonnier et tu te comportes en enfant gâté alors que tu es déjà traité comme un invité privilégié. Tu te comportes à la cour comme si tu étais un de mes pairs, je ferme même les yeux sur tes mœurs dissolues et tes débauches ..."

" Peut-être parce qu'elles t'amusent et que tu aimerais t'y mêler ..."

" Par mes Ancêtres, non ! Je laisse cela à ma sœur"

" Ta sœur n'intéresse pas Stefan, espèce d'imbécile! C'est toi qu'il voulait ! "

" Tu parles de toi à la troisième personne à présent ? Ta mégalomanie est sans borne! " lançai-je excédé.

Pourtant ma voix se brisa lorsque je vis le regard injecté de sang et l'étrange rictus de Stefan juste avant qu'il ne bondisse par dessus le bureau pour me sauter à la gorge. Je me retrouvai projeté, maintenu dans le vide contre le mur alors qu'il serra sa main autour de mon cou me faisant suffoquer. Ma vue et mon esprit devaient alors se troubler car il me sembla voir un second Stefan debout vers la fenêtre, les bras ballants, l'air désemparé et à ses côtés Ancuta, les dents étonnamment longues, les yeux incandescents, qui susurrait

" Tue-le, vide-le de son sang, Darkan! Laisse m'en un peu ..."

Mon agresseur relâcha son emprise et je m'effondrai comme une poupée de chiffon. C'est alors que je le vis se pencher au dessus de moi et ouvrir la bouche dans un horrible sourire, dévoilant une fraction de seconde ses effroyables crocs. Je les sentis plonger dans mon cou alors qu'une sorte d'ivresse lente, de langueur cotonneuse s'emparaient de mes sens. Peu à peu la vie me quittait, mes forces m'abandonnaient sans que je puisse simplement tenter d'alerter les gardes devant ma porte. Aucun bruit n'avait attiré leur attention. Stefan ou qui il puisse être, avait proprement volé par dessus le bureau pour m'agresser. J'étais en train de mourir sous les yeux ravis de ma demi-sœur qui suppliait

"Laisse-moi l'achever, s'il te plait ... Laisse-moi quelques gouttes."

Un cri contradictoire avait fusé.

"Attends ! Arrête ! Non, finalement, je ne veux pas qu'il meure ! "

Deux grognements. Les deux êtres aux yeux rougeoyants s'étaient tournés dans un même élan vers l'autre Stefan.

" Que veux-tu, alors, petit frère ? "

" Je veux qu'il vive. "

" C'est un peu trop tard, là. J'ai été trop loin, il va agoniser. Tu voudrais le voir souffrir ? Remarque, pourquoi pas ? Ca pourrait être amusant ! "

" Non ! Je veux qu'il vive !"

" Comment ? Tu sais ce que cela suppose ? Ton ennemi à supporter jusqu'à ta mort ? L'aimes-tu donc autant que cela, ton cher ennemi ? "

" Il m'a épargné une fois. Je paie toujours mes dettes. Le condamner à l'éternité cela fait beaucoup d'intérêts. Mais je m'amuserai bien à le voir se débattre avec toi, mon jumeau éternel "

" J'ai du mal à te comprendre, mon frère, mais je ne sais rien te refuser."

C'est ainsi qu'au soir de mes fiançailles, je mourus pour renaître autre, des mains de celui qui m'avait ôté la vie et à la supplication de mon pire ennemi qui nourrissait une passion inavouable à mon égard.


Je mourus à l'âge de vingt cinq ans, Prince de Valachie et de Moldavie, encore invaincu et célibataire pour renaître, immortel par le sang de celui qui m'avait ôté la vie. Les mois qui suivirent furent marqués par le chaos pour les terres s'étendant sous ma principauté. Je renvoyai dans ses foyers mon infortunée fiancée afin de lui éviter une fin toute tracée et ce au grand dam de Darkan. Dire que les premiers temps je perdis tout sens de la mesure est un doux et terrible euphémisme. Ma malheureuse demi-sœur fut la première victime de mon nouvel état. Elle crut pouvoir mener à bien ce que les deux frères n'avaient pas fait et sa tête roula sous mon épée. Stefan ne sembla pas vraiment peiné de la disparition brutale de sa maîtresse et se consola, du moins était-ce que je pensais alors, dans d'autres bras à défaut des miens. S'il y avait bien une chose que mon état nouveau n'avait pas changé, c'était les sentiments que nous nous vouions. Une sorte d'attraction mêlée de défiance. Ma nature nouvelle qui me faisait égal ou presque de ce frère qu'il vénérait, le fascinait même encore davantage. Les jumeaux qui avaient été une énigme à mes yeux dans les premiers temps, se dévoilèrent au fil de nos discussions nocturnes après nos retours de chasse, Darkan et moi. Je retrouvais chez lui la même grâce que chez Stefan mais en plus brut, débarrassée de ce vernis de civilisation. Il n'était qu'un prédateur magnifique, un érudit que sa malédiction avait poussé à l'exil et au voyage. Plus que les récits de son frère, qui n'étaient que faits rapportés, ses narrations sur ses périples me faisaient vibrer davantage encore. J'appris alors comment sa famille, esclave des non morts depuis des générations, s'était rebellée, étant d'une nature tout aussi sauvage mais d'essence différente, avait convoité de longue date le Trône de Moldavie, l'antre des loups. J'appris comment il avait quitté son état mortel lors d'un voyage sur la Terre des Pharaons, le seul qu'il fit jamais accompagné de son jumeau, comment lors d'une rixe dans laquelle il avait protégé la fuite de son frère, plus fragile plus doux, moins loup, il avait été mordu par un immortel d'un âge canonique. J'entrevis alors la complexité qui régissait les rapports entre les deux frères et compris mieux pourquoi l'un refusait de transformer l'autre en son égal malgré ses supplications régulières.


Nous formions un étrange trio qui ravageait les campagnes en toute impunité. On me surnomma le Prince sanglant sans réellement apporter preuve concrète aux rumeurs qui fleurissaient. Les années passaient, Stefan prenait de l'âge et une affection bien réelle me portait à le protéger de l'horrible nature de son frère même si je lui devais ma perte. Je savais que j'étais aussi responsable de sa vengeance. Mon orgueil et ma soif de pouvoir m'avaient poussé à l'aveuglement devant la détresse de celui que j'avais vaincu. J'avais appris aussi qu'il n'avait jamais été l'amant de toutes ces femmes ni même de ma sœur mais que c'était son jumeau qui profitait sans vergogne de leur ressemblance pour assouvir ses désirs. Lorsque je compris que sa vengeance n'était dictée que par le dépit, mélange d'amour et d'orgueil blessé, je me sentis soudain responsable de notre déchéance commune. Je lui accordai alors, à défaut de mon amour, ce que je lui avais refusé de mon "vivant " et le plaçais comme mon successeur sur le Trône de Moldavie dans l'espoir de l'éloigner des chevauchées sanglantes que je partageais avec son frère, mon Sire, mon créateur. Hélas, il ne régna qu'une courte année et fut assassiné par un membre de sa propre famille qui voulut s'approprier cette part de pouvoir que je lui avais concédée. Les meurtres entre membres d'une même famille étaient monnaie courante en cette sombre époque mais j'en conçus un immense chagrin et une rage sans mesure, rage au début partagée par Darkan lui-même. Je traquais alors impitoyablement tous les Lupu qui avaient pu de près ou de loin avoir souhaité la mort de mon cher ennemi et les exterminai sans pitié. Cela me valut le nouveau surnom d'Ucigas Lup, le Tueur de Loups. Mon Maître vit au départ ce nettoyage d'un bon œil. J'accomplissais ce que lui ne pouvait se résoudre à faire pour venger son frère aimé. Pourtant, devant ma folie sanguinaire contre sa propre famille, qui semblait ne jamais vouloir s'apaiser, il se dressa finalement contre moi avant de voir son clan d'origine complètement éradiqué de la surface de la Terre. J'étais devenu pire que lui, une bête sanguinaire qui avait même perdu de vue les raison de sa rage aveugle mais prenait simplement plaisir à boire le sang toujours et encore, non par simple nécessité mais par satisfaction de voir ces corps, ces visages pétris d'effroi lorsqu'ils prenaient conscience de leur fin prochaine, devenir livides et exsangues.


 
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Constantin Basarab
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Constantin Basarab
MessageSujet: Re: Constantin Basarab Constantin Basarab EmptyVen 29 Aoû - 20:52

 
 

 

 
 
En chacun de nous sommeille un héros

 
- Époque II-


 



Le Maître et son œuvre

Lorsqu'il pointa du doigt ma déraison, j'opposai le refus obstiné qu'il avait eu de faire de son frère un de nos semblables, arguant du fait qu'il serait toujours à nos côtés s'il avait cédé. Cela le rendait fou de douleur et étrangement plus touchant à mes yeux qu'il n'avait jamais été, me rappelant cruellement Stefan dont il incarnait la beauté éternelle. J'avais bien dû me rendre à l'évidence que ma clémence envers mon ennemi n'avait été dicté que par un amour inavouable dès que j'avais croisé son regard en le combattant. Ce que je me refusais à admettre de mon vivant et de son vivant, m'apparaissait dans son insoutenable clarté maintenant qu'il n'était plus. J'aurai pu le faire mon égal et le garder auprès de moi à jamais mais Darkan son frère maudit me l'avait interdit et moi lâche, j'avais obéi par dévotion à mon créateur et maintenant Stefan m'avait été arraché par une partie de sa propre famille, simplement par avidité de pouvoir. Puisque le meilleur des Lupu était mort, aucun ne trouvait désormais grâce à mes yeux et je continuais à les pourchasser avec plus de difficultés, mon Sire essayant de contrecarrer la plupart de mes tentatives.

Parallèlement je continuais à diriger d'une main de fer la Valachie mais surtout la Moldavie d'où j'avais bouté tout le clan des loups. Pourtant, dans leur exil, ils ne désarmèrent pas contre moi qui incarnait l'ennemi héréditaire, celui qui avait massacré les leurs et surtout, maintenant que ma véritable nature semblait établie, ce contre quoi ils s'étaient dressés depuis des générations, allant même jusqu'à bannir un de leur fils atteint par cet état. Darkan me combattait à présent dans ma volonté de les poursuivre sur leur terre d'accueil. Il le faisait sans volonté de m'éliminer, sans doute attaché à son infant mais dans un souci instinctif de préserver la survie de son clan qui l'avait pourtant rejeté. J'admirais cette loyauté et cet attachement que je n'avais envers personne. J'étais solitaire et sans aucune valeur autre que celle de satisfaire mes pulsions et d'étendre mon pouvoir de terreur. C'est à cette époque que je ressentis véritablement le vide qui était en moi. Plus j'essayais de le combler en ajoutant des vies à la liste de mes victimes, plus il grandissait dans mon âme. Ce qui devait arriver se produisit. Mes semblables se liguèrent contre moi avec mes opposants. J'exposais trop au grand jour ce que j'étais, mettant ainsi toute la communauté vampirique des nations de l'Est en danger. Déjà des chasses, des traques contre les créatures de mort que nous étions s'organisaient dans différents états.

Il vint me trouver pour une ultime mise en garde mais je lui ris au nez en affichant un orgueil sans borne.

"Tu vois le pouvoir de ton infant supplanter le tien et cela t'agace, Darkan ... Je n'ai jamais eu peur devant l'ennemi quel qu'il fût."

"Tu devrais pourtant. La peur est signe de sagesse et tu en manques cruellement pour un non mort de vingt cinq ans. J'ai eu des infants bien plus jeunes qui avaient plus de discernement que toi. Quand on s'est fait des ennemis de ses propres alliés, on ne peut trouver le repos nulle part... Nulle part, Constantin ..."

Je lui avais souri. Un de ces sourires désabusés que j'avais depuis la mort de Stefan.

" Je suis ce que tu as fais de moi, mon cher... Si tu ne t'étais pas mêlé de mes affaires avec ton frère, il serait encore là et je serais encore ce que j'étais... "

Il s'était rué sur moi dans un rictus douloureux et j'avais cru vivre mes dernières minutes de vampire lorsque l'enfer de sa bouche s'était refermé sur mon cou.

"Je devrais te faire disparaître! "

" Fais-le ! Qui t'en empêche ? "

" Mon frère... Une promesse faite à mon frère ... Il n'aurait jamais dû te croiser... Maudite sois l'ambition de ma famille qui l'a poussé à se dresser sur ta route ! Maudit sois-tu engeance de Basarab ! "

" Je n'ai jamais rien promis à personne, la promesse est une faiblesse qui nous lie , nous enchaîne. C'est pourquoi je suis plus fort que toi. Je suis libre, je n'ai pas d'infant et je n'ai pas peur de toi, mon "Sire"."

Le rugissement bestial qu'il poussa alors en m'envoyant m'écraser contre le mur trahissait toute sa rage impuissante.

"Tu devrais pourtant !" avait-il soufflé en disparaissant.

Je le revis le jour où je crus mourir à ma seconde vie. En guerre incessante avec les états voisins, depuis presque six ans, j'étais en campagne avec mes troupes sur les terres de l'un d'eux. Nous progressions et attaquions de nuit, ce qui était une difficulté de plus pour mes armées qui commençaient à se lasser des conflits incessants et des caprices de leur souverain, n'y obéissant qu'à cause d'une peur irraisonnée de sa réputation. La journée, mes troupes et moi nous nous terrions donc à couvert, ce qui était facilité par les forêts qui couvraient les collines de cette régions des Balkans. La grotte où je prenais du repos fut investie par un ennemi en surnombre qui surprit la vigilance de mes guetteurs à moins qu'ils n'aient laissé passer les cavaliers dans un accord tacite. Ce qui parait plus vraisemblable. Je fus tiré sans ménagement du sommeil par celui qui les dirigeait. Engourdi, je n'eus pas le temps de sortir mon arme que j'étais saisi par de nombreuses mains qui me plaquèrent au sol. Darkan lui-même se pencha au dessus de mon visage et le prenant entre ses mains, il riva ses yeux aux miens. Je compris alors qu'il voulait en finir avec moi mais je ne pouvais détourner mon regard du sien que je savais terriblement hypnotique et que j'évitais depuis longtemps de croiser. Je sombrais dans une sorte de catatonie consciente dans laquelle je percevais tout ce qui m'arrivait sans pouvoir réagir. Des hommes se démenaient au fond de la grotte alors qu'à l'extérieur j'entendais les ordres exhortant mes hommes à rentrer dans leurs foyers et leur annonçant que la guerre était enfin finie. Je savais pertinemment qu'ils ne se feraient pas prier, trop heureux qu'on les épargne et les laisse en liberté.

" Tu as été trop loin, Constantin. Le grand Belial lui-même ne le permettrait pas. Ton attitude risque de provoquer son réveil. Les plus anciens d'entre nous ont décidé de te neutraliser et je suis chargé de cette ... corvée. J'aurai préféré ne pas en venir là mais rien ne peut te raisonner. Je suis celui qui t'a donné ce pouvoir, je dois t 'empêcher de nuire à nous tous."

J'entendais les soupirs d'effort produits par les hommes qui creusaient dans la terre humide qui couvrait le sol de la caverne et je compris alors le sort qui m'était réservé. Je voulais me débattre et tous les envoyer brûler dans le Styx mais le regard bleu nuit que j'avais tant aimé chez Stefan me rivait au sol, paralysant mon corps plus sûrement que les nombreuses poignes qui enserraient mes poignets, mes bras, mes jambes, par mesure de précaution supplémentaire sans doute. On me souleva, toujours sous l'emprise du faisceau hypnotique de mon Maître. Je fus jeté dans la fosse et reçut immédiatement de nombreuses pelletées de terre sur le corps et le visage. Le poids d'une chape de pierre vint s'ajouter recouverte elle-même par des mètres cube de terre. Alors que je sentais l'air se raréfier et que mes fonctions vitales ralentissaient suivant l'instinct millénaire des vampires, je perçus le bruit sec de pierres, de cailloux qu'on entrechoque. Après m'avoir enterré vivant, ils m'emmuraient. Je me souviens avoir eu envie de pleurer mais ne pas y être arrivé. Le seul être sur lequel je pouvais compter m'avait trahi. Quelles que fussent ses raisons, je ne pourrais lui pardonner. Je sombrais dans le néant durant de longs siècles.

Le Réveil, le Retour

Des bruits sourds qui se précisent. Pioches, pelles qui s'acharnent. J'étais dans une sorte de latence. Le grincement d'une pièce métallique sur la dalle. Un levier. Des exclamations, des jurons étouffés dans un langage qui m'est inconnu. Des frottements, plus doux. Je sentis le poids diminuer, diminuer sur mon corps. Des sensations d'effleurement, presque des caresses. Une lumière très vive vint jouer sur mes paupières closes. Un hurlement et le choc d'un objet tombant sur mon torse. J'entendis leurs voix qui s'échangeaient des mots presque en criant, comme affolés alors que ma gorge me brûlait atrocement. J'ouvris la bouche et avalai une douloureuse bouffée d'air. La sensation était intolérable. Je toussais, j'expulsais des crachats terreux. J'ouvris lentement les yeux. Un groupe de jeunes gens bizarrement vêtus était penché autour de l'excavation, accroupis, m'observant d'un air incrédule. Ils s'échangeaient des questions en passant des mains fébriles sur leur visage anxieux mais curieux, tellement curieux. Parmi eux, un homme portant autour du cou, une croix et qui répétait inlassablement la même phrase que je ne comprenais pas.

Après la souffrance des premières inspirations, vint celle de la faim, bien plus vive encore. Mon corps affaibli réclamait du sang, beaucoup de sang et ils étaient là, à portée de main mais j'étais si faible et l'un d'eux semblait, en plus de la peur de me voir vivant alors qu'ils venaient de me déterrer, nourrir une grande méfiance à mon égard. Un autre était en train de compulser un livre épais et s'exclama " Romania... Vovoïd ! ". Il s'approcha et me parla dans une langue proche de mon dialecte natal. "Qui êtes-vous ? " me demanda-t-il. Je me redressai, lentement, péniblement. Ils échangèrent des exclamations dans leur langue que je finis par rapprocher du germanique dont j'avais appris des rudiments. Ils se demandèrent comment je pouvais être encore en vie et employèrent le terme de falsification. Mes mains griffèrent les parois de l'excavation au fond de laquelle j'étais assis. J'essayais de me hisser hors du trou. Une main se tendit, je la saisis. On me hissa hors de ma sépulture. Tout était confus dans ma tête. Le décor tanguait, le sol me semblait bouger, la lumière de leurs lampes qui sentaient fort, braquée sur moi. Je leur devais probablement la vie... La vie ... J'avais besoin de sang... Je voulais vivre. Une horrible bousculade s'en suivit. Ils étaient cinq mais deux prirent la fuite. Des trois restant, je n'en épargnai qu'un seul dans ma soif de revivre, ma rage de survivre. Ils se débattirent bien sûr. Eux aussi voulaient vivre mais leur faible volonté d'humain ne pouvait rien face à un non mort assoiffé de sang. C'est à peine si je sentis le coup de pelle que l'un d'eux m'asséna sur le crâne pour m'obliger à lâcher son compagnon. Je me retournai et lui sautai à la gorge après avoir déchiré le cou de celui que je tenais entre mes mains. Le dernier restant était tétanisé mais j'étais repu. Je décidai donc de le laisser vivre pour le moment. Il parlait un peu ce roumain étrange dont je l'avais entendu user pour s'adresser à moi. C'est fou comme la terreur peut délier les langues. Il répondit à toutes mes questions. Nous étions au printemps de l'An 1846 et je mesurais avec rage tout ce qui m'avait été volé comme temps par l'odieux supplice auquel m'avait soumis Darkan Lupu. J'avais été plongé dans un sommeil qu'on avait espéré éternel durant près de cent soixante quinze ans. J'examinais leur tenue vestimentaire qui différait notablement de la mienne et dévêtit le cadavre dont la taille était la plus proche de la mienne. A la nuit tombée, je me fis guider jusqu'au campement des malheureux par le survivant. J'eus le plaisir d'y trouver un substantiel confort et ramenais le nécessaire à la grotte, sur deux chevaux après avoir ligoté l'homme et l'avoir jeté en travers d'une troisième monture. Je retournais me baigner dans un ruisseau tout proche et me raser. Lorsque je revins auprès de mon prisonnier, j'avais l'air comme lui d'un jeune aventurier. J'appris par sa conversation, au demeurant assez agréable lorsqu'il ne bafouillait pas, qu'ils étaient un groupe d'étudiants en histoire et en archéologie envoyés par l'Université d'Oxford. Des Anglois. De jeunes érudits que leur passion du savoir avait conduit à la mort. Je décidais de leur donner une sépulture. J'avais toujours respecté les aventuriers et les savants. Dans leurs affaires je trouvais des cartes des différents pays traversés. Les frontières semblaient avoir beaucoup changé en un siècle et demi.

Le lendemain après avoir appris ce qui me semblait essentiel sur l'époque dans laquelle je m'étais réveillé, je pris mon repas sur le malheureux et l'enterrai au fond de la grotte avec ses comparses. Je me mis en route pour Brancia , chevauchant durant cinq nuits et me cachant pour me reposer le jour. Je dus me nourrir du sang d'animaux, faute de mieux jusqu'à ce je croise un brave paysan pour me sustenter. J'arrivais dans ma bonne vieille ville fortifiée qui n'avait guère changé d'aspect vue de l'extérieur. Dans le centre, en revanche , de nombreuses échoppes s'étaient développées mais j'évitais les premièrs temps les quartiers chics. Je dus vendre une de mes dague pour avoir quelque monnaie pour me loger dans une auberge miteuse. Dans les bas quartiers, je dégotais bientôt l'artisan que je cherchais: un faiseur de cachets et expert en faux. Grâce à son art, je m'établis une fausse vraie identité, me donnant le titre légitime de Prince de Valachie et reprenant le nom de celui que je prétendais mon ancêtre, c'est à dire moi-même. Il me fallait juste un acte officiel de reconnaissance de ce fameux Constantin Basarab dans sa vingt troisième année, à l'époque où il était encore un souverain pondéré et avisé, aimé de son peuple. Le Prince avait ainsi reconnu comme son fils Radu (du nom de son grand père) un enfant qu'il aurait eu avec la fille d'un obscure nobliau. Je fis établir également un petit arbre de lignée où était mentionné cet ancêtre et sa descendance jusqu'à mon père défunt. Bien sûr, étant donné la cruelle réputation de mon bisaïeul, sa descendance était restée très discrète après sa disparition mystérieuse mais moi, Constantin II Basarab, je revendiquais ce qui me revenait de droit. Je me présentais au palais fort de mes documents cachets et scellés authentiques et la bague des princes de Valachie ornant ma main. Le conseil réunis autour du régent qui régnait alors sur la province valaque annexée à la Transylvanie me reçut avec embarras. Les papiers semblaient authentiques et j'avais l'air de bonne foi mais depuis plusieurs dizaines d'années la Valachie n'était plus une principauté indépendante. La Moldavie avait été annexée également. Je me retrouvais Prince sans terres. Mais pas sans biens. Les archivistes de la couronne listèrent les possessions légitimes de mon ancêtre. J'ignorai moi-même posséder autant de terres et de domaines, notamment sur des terres étrangères, sans doutes acquises d'unions très anciennes remontant à avant Constantin. J'empochais les précieux titres de propriété et quittais à regret mais au soulagement du conseil, les terres qui avaient été miennes. J'errai à travers l'Europe, peu aguerri aux nécessités de la vie de vampire. Mon Sire était jeune encore quand il m'avait créé et lui-même avait été rendu éternel alors qu'il était tout jeune. Il n'avait donc pas pu m'apprendre à m'adapter aux siècles changeants à traverser, n'ayant d'expérience vampirique que ses dix ans d'errance entre l'Afrique et l'Orient.

Voici que j'étais propulsé à l'ère des grandes guerres. L'Europe se remettait à peine des guerres napoléoniennes, ne sachant si elle devait se réjouir de la disparition de cet empereur dévoreur de terre et de vies ou si elle devait déplorer celle du fondateur de quelques petits états semi libéraux et du Code qui portait son nom. Ce que j'appris sur l'homme, au fil de mes pérégrinations, me fascina. Je ne pus m'empêcher de l'admirer même si je mesurai en traversant les pays ravagés combien les guerres demeuraient dévastatrices et de façon encore plus durable, me semblait-il à cette époque-ci. Il paraissait que le nouveau grand homme du moment était le Tsar Alexandre Ier. Ma demi errance me mena en Terre polonaise aux prises avec la russification. La bienveillante destinée voulait que ma famille posséda un domaine à Cracovie. J'y arrivais en pleine annexion alors que la ville, dernier bastion indépendant, voyait son drapeau ajourné au profit de l'aigle roùs. D'abord opportuniste, je pris possession de mon petit domaine et le relevai par une gestion rigoureuse. Je l'avais trouvé clos et à l'abandon mais grâce au petit pécule amassé par la vente de quelques autres possessions je redonnais vie aux lieux en engageant des domestiques et métayers ainsi que des écuyers. Je mis sur pied un petit élevage de chevaux bientôt renommé dans le cercle fermé des officiers. La période troublée, émaillée d'insurrections me permettait de trouver une clientèle facilement et masquait les disparitions inexpliquées dans la masse des victimes d'affrontements. Je me nourrissais presque sans avoir besoin de chasser. Je vécus plusieurs années de relative prospérité et de tranquillité, dévorant des connaissances à travers les livres qui étaient un formidable moyen de diffusion des savoirs dont je me délectais mais bientôt l'ennui me saisit justement, l'envie de voir la vérité des choses et leur beauté originelle. Je confiais la gestion de mon domaine à un régisseur et entreprit de parcourir le monde.

Je voyageais ainsi durant plus d'un demi-siècle, envoyant des avoués pour s'assurer de la gestions de mes biens qui passèrent entre les mains de plusieurs régisseurs successifs. Au cours de mes voyages qui me portèrent d'abord dans les pays voisins comme la Hongrie où je fis la connaissance de Liszt avec lequel je sympathisais et qui me perfectionna au piano, m'en donnant véritablement la passion, l'Autriche ou je croisais Chostakovitch lors d'un concert privé, je pris ensuite de plus lointaines destinations, des rives du Nil aux chutes Victoria, puis aux confins de l'Himalaya où je retrouvais la nature et relief accidenté des Carpates, j'accumulais les expériences, les connaissances et les rencontres, je nourrissais autant mon esprit que mon corps froid. Je traversais la Chine, émerveillé comme un enfant par la Grande Muraille et les diversités des différentes cultures qui s'y côtoyaient. L'envie de revenir à mes racines de la vieille Europe et la nostalgie de ma terre me gagnait parfois et au terme d'une longue épopée je revins sous l'identité de mon "fils" alors que la première guerre mondiale s'achevait. De mauvaises surprises m'attendaient. Du moins le pensais-je au départ avec l'émergence de démocraties un peu partout. Les états monarchiques disparaissaient peu à peu mais la même tenaille pressait les états baltes et les peuples d'Europe centrale. Les Russes d'un côté et les Allemands de l'autre. J'assistais en spectateur aux premiers pas fragiles de la démocratie polonaise et je n'aimais pas le sort qui est trop souvent réservé aux petits peuples par les grands états, les compromissions successives, les traités qui trahissent les précédents.

Le retour du Guerrier

Ecœuré par la lâcheté de certains chefs d'état, majeurs ou autres, je décidai de m'engager dans l'armée de ce pays qui m'hébergeait finalement depuis presque un siècle. Si j'avais regardé de loin la première guerre qu'ils appelèrent mondiale, j'allais être actif durant la seconde. Fidèle à l'esprit de mes ancêtres, je dissimulai soigneusement tout ce qui avait de la valeur à mes yeux, essentiellement tous les objets d'art que j'avais ramené de mes pérégrinations à travers le monde et je laissais un domaine détruit, des sources empoisonnées, un village brûlé et des récoltes saccagées aux envahisseurs blindés de la Wehrmacht .

Je n'avais guère l'habitude de leurs armes mais je m'en accommodais rapidement. Je fis mon petit chemin dans l'artillerie juste avant l'exil du gros de l'armée polonaise vers le sol français dès 1940. Préférant le combat sur le terrain à l'exil londonien j'intégrai la colonne F2 de la résistance composée de beaucoup de Polonais et ... d'au moins un Roumain puisque c'était ma nationalité véritable, correspondant à mes racines bien que sur les papiers je fus sujet polonais. Ma propension à me glisser dans la nuit sans être vu étonna les chefs du réseau. Le petit peloton avec lequel je travaillais me bâtit bientôt une réputation de rôdeur éclaireur imbattable. Les sentinelles ennemies ne m'entendaient visiblement pas plus approcher qu'elles ne me voyaient. Les innocents comment pouvaient-ils se douter. Ma seule condition était d'opérer seul, afin de pouvoir prélever mon repas en toute tranquillité. Cette exigence éveilla d'abord la méfiance mais par la suite, voyant l'efficacité et la rapidité d'intervention de notre phalange, les responsables me laissèrent opérer comme je le souhaitais. Moult objectifs furent sabotés après que les sentinelles eurent été "rendues au silence". Encouragés par nos réussites mes compatriotes et moi, prîmes de plus en plus de risques. Les sites étaient de mieux en mieux gardés, de plus en plus inaccessibles. Une nuit nous dûmes escalader un piton rocheux. Le ciel était couvert, cachant la lune défavorablement pleine. Je devançais mes camarades comme à mon habitude pour vider gorges. Une fois le terrain dégagé, je leur fis signe du haut du promontoire de me rejoindre. Arrivés sur le plateau, ils se mirent à ramper jusqu'au bunker aérien d'où la DCA allemande descendait les avions de reconnaissance alliés. Nous étions sur les falaises situées à l'ouest des côtes normandes. De nombreux avions anglo-français reconnaissaient les lignes ennemies dans le but de mettre à jour les cartes d'état major et se faisaient ramasser au retour de mission par cette batterie mobile qui allait de bunker en bunker. Le commandement allié en avait plus qu'assez de cette aiguille dans le talon de leur reconnaissance. Nous n'avions pas le choix nous devions agir cette nuit malgré la clarté dangereuse. Pour ma part je ne rampais pas, je volais ou glissais plus exactement, invisible à mes propres compagnons. Ce qui leur faisait dire "on ne sait jamais où est Stan, mais on sait qu'il a été là aux cadavres des boches ".


Pourtant la chance allait tourner ce soir là pour notre fine équipe. Alors que mes compagnons progressaient à plat ventre dans les herbes des dunes qui poussaient sur le plateau en petits bosquets de tiges fines et coupantes, un coup de vent venu de la mer chassa les nuages et la lune brilla sur le sol clair comme un projecteur. Ces pauvres mortels allaient au cassepipe. J'entendis distinctement le claquement de langue , le "schnelllll , fire !!!" et le mécanisme de l'auto-mitrailleuse qu'on arme. La première rafale cueillit le rang du devant. Je hurlais " A couvert, roulez, roulez" alors qu'ils répliquaient. Je traversais le champ de tir plusieurs fois à vitesse lente pour moi, de façon à n'être qu'une ombre pour eux. La rafale suivante me suivit. Je m'élevai un peu et elle monta aussi. Je sentis quelques balles siffler autour de moi, quelques autres se ficher dans mes chairs. Pouvait-on être mort mais souffrir encore ? La réponse était oui. Enragé, je pris appui sur le mur du bunker et bondit sur le toit hérissé de barbelés. Je les connaissais les barbelés à triple tressage et à étoiles qui accrochaient les armes et les vêtements, entraient dans les muscles, nous enserraient à mesure qu'on se débattait, une vraie plaie . J'arrivai pourtant par l'arrière du refuge fortifié et j'arrachai la porte. Les deux premiers furent surpris et je leur brisai la nuque avant même qu'ils puissent ouvrir le feu. Le troisième m'envoya une rafale basse qui me cisailla la cuisse gauche mais j'arrosai les deux qui armaient et alimentaient l'auto mitrailleuse. Je sortis du bunker et courus en direction de la falaise. Mes compagnons à couvert commençaient à armer leurs fusils mitrailleurs pour couvrir ma fuite mais je fis un signe négatif de la tête en passant devant eux. Ils me crièrent " Plat ventre, Stan! au sol ! au sol !" Pourtant je continuais à courir, l'auto mitrailleuse crépitant sur mes talons. A la dernière salve je plongeai dans l'océan. Je mourus ainsi une fois de plus officiellement. Lorsque j'effleurai l'écume des vagues j'étais un oiseau au plumage noir tâché de sang, pour mes compagnons, j'avais sombré dans les flots. Stan le Roumain était mort pour le F2 mais pas pour tout le monde.

Le corbeau avait rasé les crêtes dentelées des vagues d'émeraude avant de venir s'échouer sur le sable humide au pied de la falaise. Il tomba presque comme une pierre et ses ailes eurent un dernier soubresaut avant de se figer dans l'immobilité. Inconscient... trop faible... Pourtant, il lui fallait réagir, son instinct le lui criait. Avec l'aube la mort viendrait. Il se remit chancelant sur ses deux pattes et reprit son vol un peu en biais à cause de la balle qui avait blessé le bras de l'"humain" qu'il était alors. Noir dans le ciel d'encre, il survola le lieu de ses exploits sans être vu. Le bunker semblait désert mais en y regardant bien on voyait des traces noires autour de la fente qui servait à la visée de la batterie. Ils avaient réussi à la faire sauter avec des grenades. Avaient-ils pu s'assurer que la radio n'avait pas prévenu ? Il avait fait en sorte de la mitrailler mais dans l'affolement, il n'était pas certain de l'avoir détruite. Les pertes étaient-elles lourdes dans les rangs des "polskis " ? Tant de questions qui le taraudaient mais auxquelles il n'aurait peut-être jamais de réponse. Il survola des champs de blé et cela lui rappela le pays ... Puis des pommiers et enfin une ferme... Se blottir dans la paille et voler des vêtements demain pour se rendre présentable ... il devait se reposer. Il visa la fenêtre du grenier à foin et y plongea épuisé.

Des bruits de pas le tirèrent de son sommeil. Au loin des tirs de canon couverts par le chant du coq... La ferme ... aah oui ... Il essaya de se cacher un peu dans la paille pour ne pas être visible, dérangeant quelque peu les poules qui y nichaient. Une voix douce qui chantonnait,c'était une femme... Dommage, il avait plus de facilité à égorger les hommes. La voix gronda quelques poules trop couveuses qui ne voulaient pas laisser prendre leurs œufs puis les pas s'immobilisèrent. Un murmure: " mais c'est .. du sang ..." Il y en avait tellement ... sur le plancher du grenier. Instinctivement ou bêtement, elle suivit les traces. Elle écarta la paille trop fraichement remuée et découvrit un homme ... blessé et ... totalement nu... Un regard de bête aux abois... Les yeux gris plongèrent dans le regard bleu de la petite normande. Elle balbutia

" Vous êtes blessé .. vous avez besoin d'un docteur ... "

"Non pas docteur ! Je .. guérir tout seul, juste repos et manger ... Je peux manger ... poules ? Juste une ou deux ... "

"Vous n'êtes pas français mais pas allemand non plus et pas plus un rosbif ! "

"Oui , moi Polonais ...pas faire de mal à vous... juste reposer ici ... caché.. oui ? "

Elle hocha la tête en silence et disparut rapidement. Je vécus de longues minutes d'angoisse, guettant des pas d'hommes, des voix menaçantes qui ne vinrent pas. Un quart d'heure plus tard, elle revint chargée d'un grand panier. Dedans, un broc d'eau fumante, une bassine, des linges et des vêtements pliés, une miche de pain et du jambon. Ce n'était pas ainsi qu'on traitait un homme qu'on avait trahi. Elle trempa le linge dans l'eau chaude qu'elle venait de verser dans la bassine et commença à nettoyer mes plaies. Je fermai les yeux et me laissai faire mais je stoppai son geste lorsqu'elle palpa les trous faits par les balles. Je savais que mon corps rejetterait les projectiles de lui-même. Il était inutile de les extraire mais comment expliquer cela à une jeune femme à peine sortie de l'enfance ? Je la remerciai vivement pour les vêtements qui me tiraient d'un embarras assez inexplicable. C'était la première fois que je me métamorphosais et j'avais peu prévu l'inconvénient d'y perdre mes frusques humaines. Elle m'expliqua que son frère aîné devait faire presque ma taille et en effet je le vérifiais, ses habits m' allaient presque bien ce qui, étant donné ma taille, était inespéré. En revanche je déclinai poliment l'offre de nourriture à sa grande surprise, disant que je n'avais pas faim. Je lui fis comprendre que j'avais surtout besoin de dormir afin de reprendre des forces pour pouvoir partir le plus vite possible. Plus je traînais ici et plus je les mettais en danger, elle et sa famille. Elle me demanda si j'étais résistant ou espion mais j'éludai sa question. Le silence était d'or plus que jamais dans ma situation. Dès qu'elle fut repartie à ses occupations quotidiennes je me jetais sur les malheureux volatiles, seuls êtres de sang que je pouvais atteindre sans m'exposer à la lumière. Ce faisant, je savais que je m'obligeais à prendre la route à la tombée de la nuit. Un carnage dans la basse cour en guise de remerciement pour le gîte ne serait certainement pas apprécié. Après avoir légèrement apaisé ma faim, je m'accordai un peu de repos et m'endormis en songeant à la perspective d'un meilleur "repas" à la faveur de la nuit qui viendrait.

Je poursuivis mon chemin à travers la guerre qui s'éternisait, témoin des faux pas de l'histoire, des erreurs de ce peuple qui symbolisait pourtant la liberté et les droits de l'homme. J'y voyais le meilleur comme le pire se combattre et malgré la noirceur de ma nature, je continuais à soutenir ceux qui se battaient pour ces valeurs contre l'hégémonie nazie. Je le faisais en perpétrant ici et là de petits actes de sabotage isolés. Je sillonnais ainsi la campagne française le long de la ligne de démarcation, passant sans cesse de la zone libre à l'occupée qui semblait s'étirer de plus en plus.


Quand l'artiste s'éveille

Cette vie d'errance commençait à me peser. Je regardais de plus en plus souvent les titres de propriétés qui m'étaient échus, un petit domaine en pays cathare dans le Minervois et un hôtel particulier dans les vieux quartiers de Paris. J'optais pour la campagne à contre-cœur. Je m'installais donc dans ce petit château plutôt mal en point, sous le regard méfiant des villageois. Je commençais à le restaurer, seul, lentement. Avec l'argent qui commençait à faire défaut, je dus le faire par moi-même, avec les moyens du bord. J'aimais ce travail physique tout autant qu'artistique. Remonter des murs, restaurer un toit, mais aussi repeindre des boiseries moulurées, des fresques naïves et épiques sur les murs. Il avait été fief d'un ancêtre par alliance de mon père Radu le magnifique, un seigneur cathare qui avait plutôt mal fini à cause de ses positions religieuses. Les vieilles pierres semblaient transpirer des heures de gloire comme des drames qui s'y étaient joués. Je m'oubliai plusieurs années dans la passion que je vouais à ces lieux. Je leur redonnais vie en les meublant, les emplissant des œuvres d'art que j'avais réunies au cours de mes voyages et pris soin de cacher en lieu sûr. Grand bien m'avait pris car le Reich avait pillé bien des collections privées sans vergogne. Une fois la guerre terminée, je fis acheminer toutes mes collections jusqu'à Minerve et me constituai un petit Musée privé. J'avais pris goût à la peinture et à la sculpture en retapant mon petit fortin et je m'y adonnais à présent sans réserve. Paris avait été libéré et pansait ses plaies mais je m'en tenais encore éloigné n'y faisant que de brèves incursions attiré par son pôle culturel.

Je vécus les année d'après-guerre isolé dans ma campagne, vivant une vie plutôt sauvage qui me convenait bien. Je suivais de loin les successions politiques, les mouvements de mode et l'évolution des milieux artistiques avec intérêt. Surtout ce qui concernait la peinture, la sculpture et la musique qui me passionnaient plus que jamais. Seule l'expression de la sensibilité artistique rachetait la vanité et la futilité de l'espèce humaine à mes yeux. Juste bon à s'entre déchirer, à détruire le merveilleux environnement que la nature lui offrait, l'être humain me désespérait souvent même si je n'oubliais pas avoir été l'un d'eux dans un lointain passé et avoir partagé ses préoccupations. J'avais un curieux rapport à mon passé de Prince. J'en étais fier et en même temps je regardais sans complaisance mes motivations d'alors. Conquérir, dominer, se battre pour un morceau de terre. Comme cela me paraissait futile à présent. Le vampire domine par nature, il est au dessus des possessions. La nuit lui appartient et toute vie qui s'y aventure. Son territoire n'a de limite que celles où commencent ceux de ses congénères et encore s'y croisent-ils volontiers tant qu'il n'y a pas d'abus. Désormais, la quête de la beauté qui m'avait toujours animé, même lorsque j'étais un simple mortel, avait pris le pas sur la soif de puissance et de pouvoir politique et militaire. Je traquais la beauté et l'harmonieux sous toutes ses formes, nourrissant mon esprit d'esthète en même temps que ma soif vampirique. Je traversai ainsi les années 50 puis assistai à la naissance du rock qui m'attira tout de suite. Vinrent les années de libération, de revendication de la femme, avec l'apogée des seventies que je trouvais affriolantes. Je me mêlais à ces découvertes des sens qui prévalaient alors. Woodstock fut une bouffée d'air frais et, en plus du piano, je pratiquais tous ces instruments de musique modernes avec délice. Je me mis à composer et à peindre plus que jamais. Ma passion créatrice semblait un rempart contre la folie qui prenait ce dernier quart de siècle. Je savais pourtant que les miens n'y étaient pas étrangers mais je restais encore en retrait même si je partageais leurs convictions sur la nature supérieure qui était la nôtre. L'humanité faisait un pas en avant pour trois en arrière. Même si des avancées médicales, des effondrements de dictatures,des réunifications avaient lieu, semblant faire souffler un vent d'espoir, parallèlement, les assassinats, les génocides, les famines tuaient l'homme par l'homme. Les miens eurent beau jeu d'user de ces failles pour exercer leur terreur et je savais derrière quel événement annoncé par les médias se cachait une de leurs actions. Je décidai alors qu'il était temps que je reprenne ma place, celle d'un très vieux vampire au milieu des miens qui, pour certains, m'apparaissaient comme de jeunes chiens fous. Je m'installai à Paris et fit de mon hôtel particulier ma résidence principale. Mes collections me suivirent ainsi que mes instruments de musique. Je tombai véritablement amoureux de cette ville que j'avais trop longtemps boudé et elle devint mon terrain de chasse. A tous niveaux. Elle l'est encore aujourd'hui. C'est dans ses Musées que j'aime flâner, c'est dans ses galeries d'arts que j'expose, c'est dans ses pubs et salles de concert que je joue à présent au sein d'un groupe que j'ai fondé et baptisé Zagiel. Un groupe qui mélange musique violente et envoûtante et auquel je prête ma voix. Quelle plus belle façon de trouver matière à nourrir mon esprit et mon corps par de belles rencontres ? Je connais l'existence du Cercle, mais nul ne sait véritablement quel lien j'entretiens avec ses membres, ni quelle est mon opinion au sujet de l'asservissement des humains qui s'est mis en place.

Aujourd'hui, il y a presque 200 ans que ce nouvel équilibre s'est instauré mais je sais par mon expérience que les rapports de force ne perdurent jamais qu'un certain temps et que les maîtres d'aujourd'hui peuvent aussi devenir les parias de demain. Je ne sais de quelle main je disparaitrai un jour, mais deux noms reviennent souvent à mon esprit lorsque j'y songe: Darkan Lupu, mon Sire. Est-il encore en "vie" ? Si je le recroise un jour, je sais bien que le combat qui en découlera n'aura d'autre issue possible que la disparition de l'un d'entre nous. Je pense aussi au Comité. Etant un très ancien vampire, je sais que s'ils m'ont identifié, je suis une cible potentiellement prioritaire pour eux. Je vis donc exposé par mon activité artistique mais extrêmement méfiant par ailleurs. Solitaire, je ne vis entouré que d'un domestique, d'un garde du corps manager avec lequel j'entretiens des relations assez ambigües. Platoniques mais placées sous le rapport de force. Il contrôle et rabat vers moi tout à la fois, les jeunes personnes sur lesquelles je jette mon dévolu. Bien conscient que rien n'est vraiment totalement éternel contrairement à ce que pensent certains de mes semblables, je mets un point d'honneur à profiter de chaque moment de plaisir qui m'est accessible grâce à mon statut social et ma nature vampirique. Je ne fais pas des valeurs qui régissent ma vie un combat politique mais je poursuis mon chemin solitaire en profitant sans vergogne du monde que mes congénères ont bâti et qui m'offre une source inépuisable de jouissance. Prédateur dans un monde où la prédation règne en maître, créature qui étend ses ailes sur les nuits des humains sans les mépriser pour autant mais les voyant simplement comme autant de proies potentielles.


 
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Le Narrateur
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Le Narrateur
MessageSujet: Re: Constantin Basarab Constantin Basarab EmptyJeu 30 Oct - 13:58





ienvenue sur nos terres obscures où chaque recoin regorge de mystères et de dangers.

u as hâte de croquer quelques pauvres victimes ou bien de combattre les créatures de l’Ombre ? Avant cela, nous te demanderons de bien remplir ton profil, d’ouvrir une fiche de liens ICI et une fiche de sujets ICI pour ton personnage. Nous t’invitons aussi à faire toutes les demandes dont tu auras besoin pour ton jeu. Le Staff reste à ton écoute.

u as lu la Loi des Chroniques en arrivant et tu connais donc son contenu. Merci, pour le respect de tous, de t'y conformer en tout point lorsque tu partages notre terrain de jeu.

e flood, les jeux et la chatbox t’attendent pour faire connaissance avec notre communauté.

ous te souhaitons un très bon jeu parmi nous et au plaisir de croiser ta plume !



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Constantin Basarab

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