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Peu importe que le rêve soit mort et enterré, en Italie, il se lèvera et marchera à nouveau. [PV Baxter Finnes]

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MessageSujet: Peu importe que le rêve soit mort et enterré, en Italie, il se lèvera et marchera à nouveau. [PV Baxter Finnes] Peu importe que le rêve soit mort et enterré, en Italie, il se lèvera et marchera à nouveau. [PV Baxter Finnes] EmptyLun 8 Déc - 17:58
- Tu reviendras n'est ce pas ?

Occupé à renfiler mon pantalon, je lève soudain les les yeux et fixe la jeune femme sans répondre.

- C'est que... Tu es différent des autres... Toi, tu m'écoutes parler... murmure-t-elle d'un air presque gêné.

Je pousse une sorte de grognement et répond :

- Déformation professionnelle...
- Ha, tu es un genre de psy ? me demanda alors la fille avec un éclair de compréhension
- En quelque sorte, dis-je en m'absorbant cette fois dans l'enfilage de mes chaussettes.

Bien sûr, difficile de changer sa nature quand on a plus de 500 000 ans. J'écoute les gens qui ont besoin de parler, c'est même pour ça que je suis arrivé sur Terre.
Et cela fait de moi le client préféré des prostitués, parce que je me lave, d'abord, et parce que je ne leur dit pas de la fermer quand elles commencent à parler de leurs problèmes.

- Tu dois être un super psy, me dit alors la fille avec chaleur

J'ai un espèce de ricanement ironique :

- Je ne crois pas non... M'enfin je ne suis pas le pire.

Je me lève alors et regarde la fille. Dans la lumière pâlotte du matin, et sans maquillage, elle semble beaucoup plus jeune, plus fragile, bien éloignée de la femme ultra sexy que j'ai suivi hier, en sortant du bar.
Je sais qu'elle ne fait pas ce boulot par plaisir, et qu'elle ne rêve que de s'en sortir. Mais je doute qu'elle y arrive un jour.
Si peu y parviennent...


Je sors de chez elle sans me retourner. Je n'aime pas être mis en face de ma propre impuissance à pouvoir aider.
Je marche un long moment dans la ville de Bari encore déserte à cette heure. J'aime le petit matin, quand tout est encore calme, propre, presque pur.

Lentement, Bari s'éveille et les rues de remplissent de monde. Je m'éloigne du centre ville et finis par me retrouver dans mon quartier de résidence du moment.
Une vieille église désaffectée se délabre doucement entre deux immeubles lépreux. je fais le tour en évitant les ronces et les tessons de bouteilles et rentre par la porte de la sacristie qui ne ferme plus depuis des lustres.
Une fois entré, je reprend ma forme d'ange et étire mes ailes pour me détendre.

J'ai quitté Paris depuis un mois, parce qu'ils ont entrepris de rénover les tour de Notre Dame, me chassant de fait de ce que je considère comme mon chez moi.
Du coup j'ai décidé de partir vers le sud, pour profiter un peu du soleil. Et Bari est juste la ville qui me convient. De nombreux bars regorgeant d'alcools locaux sympathiques, des prostitués accueillantes et plutôt jolies et cette église en ruine parfaite comme résidence secondaire.

Je farfouille sous l'autel pour sortir une bouteille de bière, à température idéal grâce au marbre, et m'allonge sur l'autel avec un soupir d'aise, mes deux ailes me faisant comme un oreiller et retombant de chaque côté.

Mais soudain, je me redresse, les sens en alerte. Quelqu'une est en train d'entrer dans la sacristie. Rapidement, je reprend forme humaine.
Ce sera sans doute un sdf en quête d'un abris, où un jeune qui veut fumer son joint à l'abris des regards...
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Baxter Finnes
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Baxter Finnes
MessageSujet: Re: Peu importe que le rêve soit mort et enterré, en Italie, il se lèvera et marchera à nouveau. [PV Baxter Finnes] Peu importe que le rêve soit mort et enterré, en Italie, il se lèvera et marchera à nouveau. [PV Baxter Finnes] EmptyDim 18 Jan - 18:11
Début juin 2214

J'avais eu chaud aux fesses à Paris et je savais que je devais faire profil bas le temps que les choses se tassent. J'avais même du renoncer à profiter du berlingot que j'avais acheté à cet imprimeur fouineur. Il y avait eu du remue-ménage au Quai d'Orsay et à Necker, de sorte que l'air de Paname devenait vraiment trop insalubre pour moi. J'avais appris par quelques relations pas nettes que la fliquette en charge de l'enquête sur ma petite personne était devenue un zombie et que son successeur avait la sale réputation d'être encore plus enragé qu'elle. Pas que me colleter avec un coriace m'aurait déplu. Mais j'avais des projets dont l'ampleur m'obligeait à renoncer à quelques menus plaisirs. Les médias n'étaient pas très performants. On avait droit à un bulletin d'information radiophonique par jour et bien entendu radio Paris était noyauté par le Cercle . Il y avait bien des radios dissidentes ici et là mais elles étaient tenues soit par des Illuminés cul-bénis, soit par ce ramassis d'idéalistes utopistes ou le Comité qui n'émettait que pour revendiquer un attentat par-ci par-là. Ce n'était donc pas par les informations que j'avais eu vent d'une horde d'ours mal peignés venant de Compiègne dans un long cortège caravanesque avec femmes, enfants, gamelles, roulottes et canassons. Sans doute les mêmes ou les potes de ceux qui avaient semé la pagaille la nuit du 1er Mai sur le Champ de Mars. J'avais su ça par un de mes fournisseurs de plantes, un sous-traitant qui faisait de la chrysanthème à la campagne et les avait vus passer sur la route qui longeait ses serres, chevauchant l’œil luisant et la dent longue. Dans le même temps, j'avais aussi reçu du secrétaire de la cure, le nouveau planning cérémonial des prêtres de mon secteur, qui à cause de ma profession m'était toujours scrupuleusement communiqué. J'avais été étonné de constater de nombreux changements de noms dans la liste des officiants. Interrogé et gratifié d'une bouteille d'eau de vie de contrebande que je lui offris, il délia sa langue à la chaleur de l'alcool. De nombreux "frères" avaient été rappelés auprès du Nonce Jandeval dans la perspective d'un grand voyage de la plus haute importance. Ayant trinqué quelques petits verres avec le brave homme, j'arrivai à savoir que la destination en était la Roumanie et qu'il y aurait des représentants du Cercle dans la délégation. Ma surprise dut s'afficher spontanément car le cher curé hocha la tête et m'assura lui-même de son étonnement d'apprendre pareille équipée.

Pour ma part, vous vous en doutez bien, je n'y voyais que des combinaisons binaires et l'occasion de former de petits couples de notables. Il fallait que j'emboite le pas à cette caravane, d'une façon ou d'une autre. Quelques habiles pots de vin, jamais l'expression n'avait été plus appropriée, et je sus l'itinéraire prévu. Ainsi j'appris que l'expédition devait passer par le sud de l'Italie, Bari plus exactement, pour récupérer les reliques de Saint Nicolas. J'étais, par obligation professionnelle, assez au fait des lieux saints et je n'étais pas sans ignorer ce que représentait la ville et ce trésor aux yeux des Orthodoxes. Comme toutes les religions avaient été rassemblées par les vampires en une sorte de culte œcuménique, sans doute pour mieux les surveiller, la Nonciature devait receler des prélats de chaque culte. Je ne savais pas ce qui se tramait mais je n'étais pas inculte au point d'ignorer que la Roumanie avait depuis toujours une histoire passionnelle et tumultueuse avec le culte orthodoxe. Qu'est-ce qu'on nous mijotait en cachette ? Ma curiosité naturelle, couplée à la perspective de perpétrer mes petites affaires astringentes au cœur de ce beau linge attisa plus que jamais ma soif de défi. Il fallait que j'en sois ! De toute façon, il était évident que j'étais grillé sur Paname. Trop de personnes commençaient à se poser trop de questions embarrassantes. Un jour où l'autre ces personnes finiraient par se parler et mettre bout à bout ce qu'elles savaient sur moi. Ce n'était pas tant la perspective de me faire prendre qui m'ennuyait que celle de ne pouvoir achever la mission pour laquelle j'étais né. Une fois que je serais le dernier être de sang et de chair vivant sur Terre on pourrait bien me prendre. Enfin la place serait nettoyée et rendue au végétal et au minéral. Mais avant d'en arriver là, j'avais un combat à mener. Et désormais, le mener loin de Paris me devenait vital.  


Destienne avait eu une attitude assez ambigüe avec moi, non pas sur le plan romantique, ne vous méprenez pas, mais sur le plan transactionnel. J'avais eu la fâcheuse impression qu'il me sondait pour autre chose que pour s'assurer que j'étais bon payeur. De fait, je l'avais payé en espèces donc il n'avait pas d'inquiétude à avoir au sujet d'un chèque en bois. Il m'avait semblé que tous ses propos de dernière minute avant que nous ne nous séparions sous entendaient qu'il me testait mais pour quoi diable ? Mystère... mystère que je n'avais pas, pour le moment, très envie d'élucider. Il n'était pas exclu qu'il soit un indic et m'ait repéré. Aussi  n'avais je pas pris de risque pour aller légaliser mon achat le lendemain. J'avais revendu la voiture à un de mes confrères qui cherchait un corbillard peu coûteux. Le Berlingot était court mais il me dit que vu son prix, il ferait un très bon véhicule pour transporter de "petits" cercueils. Et oui, les gosses mouraient aussi. Dans cette saleté d'époque, plus que jamais. De tout... De malnutrition, du manque de soins, des Vampires qui les buvaient bien sûr jusqu'à l'avant dernière goutte. Avoir un infant enfant, ça les branchait pas. Imaginez ... Un chiard sur les bras, pour l'éternité, et avec un appétit particulier... Donc les enfants mourraient sous les dents des sangsues. Il faut avouer que c'était le fait de vampires transformés tardivement, donc moins vifs que les autres ou au contraire de dadais mal dégrossis qui trouvaient en ces chérubins des proies faciles. Las ados et leur flemme légendaire:
"maman , qu'est- ce qu'on a à bouffer ce soir ? " " T'avais qu'à te lever plus tôt, tu aurais fait le repas pour changer!  Va donc au fast food du coin! " . Et le fast food pour un ado c'était souvent la main sur le berceau. Bon, il y avait aussi des Vampires dégénérés adultes et en bonne santé qui préféraient le sang des gosses, mais c'était dans la même proportion que les infanticides chez les humains.Quand même rare. Il arrivait néanmoins qu'un parent transformé saigne toute sa portée. Bref mon collègue avait un créneau dans son activité et le Berlingot lui avait convenu.

Je lui avais expliqué qu'il n'aurait qu'à se présenter à ma place avec les papiers et expliquer à Destienne que j'avais vendu mon affaire pour aller rejoindre de la famille à l'étranger suite à un décès. Il n'avait sans doute pas manqué de repérer mon accent. Il serait intrigué mais rassuré par la présence honnête d'un autre client plus conventionnel, il estimerait finalement bien s'en tirer et puis j'avais insisté sur le fait que Blaise devait bien spécifier que je lui avais cédé la caisse sans profit aucun. Bien sûr c'était pas catholique mais ils n'avaient qu'à refaire les papiers vite fait à son nom avant de se présenter au bureau d'enregistrement. Destienne trouverait ça louche et au pire ce serait pour mon pote que les ennuis commenceraient. Comptes à rendre aux flics, interrogatoire à mon sujet, saisie du montant de la vente, et autres joyeusetés. Oui, ça c'était possible, si Destienne était indic, ou s'il était vertueux au point de ne rien craindre de la police et de dénoncer un truc louche juste par esprit de "collaboration" gratuite. Le type avait l'air d'être maniaque, donc c'était aussi possible qu'il fasse ça pour que "tout soit vérifié et en ordre". Un zélé lèche cul des sangsues... L'obséquiosité humaine, je connaissais...

D'un autre côté, le type pouvait fort bien ne pas pouvoir sentir les vampires et leur faire la nique en ne disant rien de l'aspect louche de la transaction. Financièrement, après tout, il n'y perdait rien. Les vampires eux, pourvu que les papiers soient en règle, se moquaient bien qu'il vende à Mr Dupont ou Mr Durand. En l’occurrence à Monsieur Granier au lieu de Mr Plantif. D'autant plus s'ils ne savaient jamais qu'il y avait eu un monsieur Plantif. J'apprendrais peut-être la suite par le journal, dans une gare. Ou pas.

Quoiqu'il en soit, j'avais éprouvé un violent besoin de changer d'air et Bari m'avait paru une évidence pour attendre le passage de la caravane officielle... Me faire des contacts et un réseau dans le coin serait utile pour avoir quelques renseignements en temps voulu, surtout si le déplacement de ces huiles était gardé secret. Encore que si j'en croyais l'éleveur de chrysanthèmes, elle ne passait pas du tout inaperçue, la horde des immortels sauvages. Ces vampires étaient d'un ridicule. La furtivité de la créature nocturne...Laissez-moi rire ! Aussi discret que Marc Antoine venant à la rencontre de Cléopâtre. Quoiqu'il en soit l'air du sud de l'Italie m'allait bien au teint et je pouvais aussi profiter de cette occasion pour m'offrir des vacances bien méritées au soleil. Arrivé dans cette ville ensoleillée à l'aube, je laissai imprudemment mes pas errer sur une plage qui offrait à la contemplation les beautés de l'Adriatique. Pour la première fois depuis une éternité, je me souvenais de la Nouvelle Zélande avec une forme de nostalgie. Je mourrais probablement sans avoir revu les contrées qui m'avaient vu naître. Je ne luttais pas contre ce sentimentalisme que je ne trouvais pas dépassé. S'attacher aux lieux, aux pierres, aux herbes qu'on a foulé est naturel et même sain. C'est s'attacher aux êtres vivants qui est pervers car contrairement au minéral qui perdure ou au végétal qui se renouvelle à l'identique, les animaux, dont l'Humanité et ses dérivés font partie, ne font que passer, et sont bien plus périssables que l'amour qu'on pourrait leur vouer. Il faut aimer souffrir pour s'y attacher, donc c'est malsain. A l'échelle de ma vie, les montagnes, les ruisseaux de mon pays, seront toujours là. Je pourrais toujours m'y adosser et m'y baigner. Ils ne se déroberont jamais à mon amour. Les espèces animales sont trop périssables. Elles font des promesses qu'elles ne peuvent pas tenir. A la pelle. "Maman sera toujours là pour toi, mon chéri" " Je veux vivre ma vie avec toi." Même les animaux!  Un chien ou un chat qui se frotte à vous pour quémander une caresse, fait comme si de rien, comme si chaque jour il allait faire ça. Puis un matin on le retrouve froid dans son panier. L'animal, ça fait mal. Rien ne vaut le végétal perdu au fond des bois et la sensation des galets qui vous meurtrissent le dos quand vous vous allongez sur la grève. J'avais tout ça chez moi, quand j'étais gamin. Mais ma vieille a tout gâché. Elle voulait du lien et je savais qu'elle mentait. d'abord elle ne m'aimait pas, contrairement à ce qu'elle prétendait. Comment aimer un gosse qui vous renvoie sans cesse à l'abandon du père ? Elle aimait jouer à la maman avec moi, et me contrôler. Mais quand on devient un homme, on s'en lasse. Il faut que ça passe... Alors on serre, on serre ses doigts autour du cou , ou on en rêve au moins. Et puis on imagine des scénarios. L'oreiller sur la bouche quand elle dort, le balai en travers de l'escalier... Et un jour, elle n'est plus là! Voilà! Je te l'avais bien dit maman, qu'il ne fallait pas faire de promesse que tu ne pourrais pas tenir ! C'est malin, regarde ! Tu es partie maintenant ! Comment tu vas faire pour m'aimer, hein ? Comment ?

Le soleil s'était lentement levé après m'avoir rendu ivre. Sous mes paupières closes, étourdi par la chaleur orange qui occupait tout mon champ de vision, j'avais voyagé loin et longtemps jusqu'à Kaikoura bay. Une autre plage, une autre mer. J'étais encore heureux à cette époque. Avec le sable de la plage et l'eau des vagues, des amis sûrs. J'arrivais à lui voler quelques moments de solitude et les Humains et autres bipèdes ne m'avaient pas encore trop manifesté leur monstruosité. Là-bas, on mourrait aussi des morsures de vampires, mais pas plus que des attaques de requins ou de chiens sauvages. L'horreur se faisait discrète. Mais j'avais déjà du mal avec les bestioles. Les méduses et les crabes qui venaient envahir mon royaume minéral. Je m'arrangeais pour qu'ils crèvent vite et bien. J'avais pas de malice. Je ne voulais pas les faire souffrir, juste les faire disparaître. Je me redressai doucement, un peu étourdi. Depuis Baxter avait changé. Il n'était plus heureux que lorsqu'il savait avoir fait du bon boulot. Il fallait que je m'y remette. J'étais à Bari pour cela. Mais avec toute cette errance nostalgique que la beauté de l'endroit avait engendré, j'avais complètement négligé de chercher un hôtel pour faire la sieste après mon long voyage. Une journée sans sieste en Italie, c'était comme la Suisse sans son chocolat. Je décidai de me rabattre sur une église. Après tout, c'était le seul bâtiment sûr et frais pour piquer un roupillon. J'en avais repéré une un peu esquintée à l'entrée de la ville. Il faut que je passe par le quartier des putes pour y revenir , mais ça me permettra de faire quelques repérages pour mes petits couples locaux. Je vous l'ai dit! Les affaires vont reprendre. Il faut que je me dérouille avant l'arrivée de la grande armada.

Elles sont bien là, les jolies filles, tortillant du cul sur le trottoir, me lançant des regards salaces. Je souris, je fais un clin d’œil, mais toujours je refuse. Elles me sifflent et m'envoient des baisers sonores. L'une d'elle se plante en travers de mon chemin et m'appelle "le petit français". Je la fixe en souriant.

- Ôte-toi de mon chemin, espèce de roulure, ou je te découpe les tétons pour m'en faire des bouchons d'oreilles.

Peu de chances qu'elle ait compris le propos, mais c'est une fille assez intelligente dans l'instinct de survie pour saisir le ton. Et surtout, elle a lu dans mon regard certainement... Elle s'écarte en murmurant quelque chose à sa collègue venue en renfort. Elles me gratifient de noms que, moi en revanche, je comprends parfaitement. L'italien, c'est tellement proche du latin. Je leur tourne le dos, m'éloigne en levant juste ma main, majeur dressé. Puis je tourne à gauche à l'angle de la rue. Je l'aperçois enfin. Tapis dans son nid de ronces et de mauvaises herbes. Petit sanctuaire minéral dans un écrin végétal. Je pousse la porte de bois, fatiguée et poussiéreuse, couverte de tags. Elle gémit. La pénombre m'arrête un court instant. Puis je plonge dans l'obscurité fraiche avec délectation. Je repousse le battant derrière moi, pour ne pas gâcher le plaisir. J'avance lentement, je traverse la pénombre jusqu'à déboucher dans la travée centrale. Je me tourne vers l'autel.
Merde... un clochard en train de picoler ...
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MessageSujet: Re: Peu importe que le rêve soit mort et enterré, en Italie, il se lèvera et marchera à nouveau. [PV Baxter Finnes] Peu importe que le rêve soit mort et enterré, en Italie, il se lèvera et marchera à nouveau. [PV Baxter Finnes] EmptyMar 17 Fév - 15:30
Un homme entre doucement dans l'église.
Je m'avance de quelques pas pour voir de quoi il a l'air. Si c'est un camé, mieux vaut que je dégage, la dope a tendance à les rendre violent, et je ne suis pas de taille à me défendre.

En tout cas, aucun relent de vinasse et de saleté ne vient frapper mes narines. Si c'est un poivrot, soit il se lave quand même, soit il est tombé dans l'eau...

Soudain, je me rend compte de manière diffuse que l'homme est aussi sur la défensive. Si ça se trouve, il est en train lui aussi de se demander si je suis venu me cuiter à la fraîche dans l'église.
Bon, dans son cas, cette supposition n'est pas complètement fausse...

Faisant encore deux pas en direction de l'homme, je le distingue plus nettement. Il a des cheveux châtains mi-longs, est plutôt grand et ses vêtements me prouvent qu'il n'a rien d'un clochard ou d'un drogué.

Mais alors pourquoi est-il là ?

Et alors je laisse échapper un léger sourire.
Il est là pour les même raisons que moi. Pour profiter d'un moment de calme, loin de la folie du monde, dans un des rares endroits ou l'on peut encore ressentir une certaines paix de l'esprit, étrangement.

Nous avons donc un point commun.
Manquerait plus que se soit un autre ange... Mais il y a peu de chance. Personnellement, je n'ai plus revu d'ange depuis que j'ai rompu les ponts avec l’éternel. Et il y peu de chance que j'en revois un jour (D'ailleurs je n'en ai pas plus envie que ça).
Et, comme je suis d'une relative bonne humeur, et tout prêt à partager avec mon prochain  et blablabla, je lève ma bière en direction de l'homme et lance :

- Una birra?

Comme l'homme ne semble pas réagir tout de suite, j’enchaîne en désignant l'autel en marbre d'un mouvement du menton :

- Beer ? Une bière ?

HRP:
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MessageSujet: Re: Peu importe que le rêve soit mort et enterré, en Italie, il se lèvera et marchera à nouveau. [PV Baxter Finnes] Peu importe que le rêve soit mort et enterré, en Italie, il se lèvera et marchera à nouveau. [PV Baxter Finnes] EmptyJeu 14 Mai - 15:22
Finalement, non, ce n'était pas un clochard que j'avais saisi dans l'instant, mais une sorte de paumé indéfinissable. Il avait la tête d'un type qui n'a pas dormi depuis longtemps et le cheveu un peu hirsute, le regard errant et le sourire indécis. Tout dans son attitude corporelle trahissait une sorte d'abandon au sens littéral du terme. Le bonhomme avait laissé tombé. Mais laissé tombé quoi ? Mystère. Plus vieux que moi et légèrement moins séduisant, il semblait avoir perçu le côté accueillant et calme des petites églises et surtout leur fraicheur. Au premier abord, on pouvait éprouver une sorte de défiance et de répulsion à son égard. Il avait un physique difficile. Pas laid, pas beau, pas soigné pas sale. Indéfinissable sans être banal. Je compris pourquoi je l'avais pris pour un clochard tout d'abord. Il avait la gueule d'un type qui vient de se prendre une cuite. Légèrement gris, l’œil vague, la figure ni ouverte ni obtuse. Une coupe de cheveux improbable. Ni désordonnée comme en portaient les petits punks des squatts, ni banalement soignée. Il devait se couper les cheveux lui-même devant sa glace. Visiblement ça faisait longtemps qu'il ne l'avait pas fait mais je fronçai les sourcils en essayant d'imaginer ce que cela devait donner très court.

Je m'avançai dans la travée centrale. La vieille m'avait bien élevé et ce n'était pas aujourd'hui que j'allais commencer à me comporter comme un malappris. Cet homme venait de me saluer en exhibant une bière et en m'en proposant une. Un grand sourire détendit mes zygomatiques, dévoilant mes dents parfaitement alignée et d'une blancheur hollywoodienne. Une lueur malicieuse fit pétiller mes yeux tandis que je le rejoignais à grandes enjambées.

- Volontiers ! Si c'est cette bière-là ! Pour l'autre, j'ai tout mon temps... Vous aussi je suppose.

Tenant ma veste de costume sur l'épaule, d'une main, je tendis l'autre près à serrer la sienne.

- Horace Plantif ! Enchanté ! A qui ai-je l'honneur ? C'est un plaisir de croiser quelqu'un qui parle français ! Ajoutais-je en me doutant qu'il cherchait déjà à identifier mon accent. Je prendrais volontiers une bière puisque vous le proposez généreusement. Je n'ai malheureusement que le plaisir de ma conversation à vous offrir en retour. A charge de revanche ... Qu'est ce qu'il fait chaud aujourd'hui ! Enfin, je suppose que c'est normal pour la saison ici. Je me suis dis qu'une pause au frais serait des plus plaisantes... J'espère que l'hôte n'y verra pas d'inconvénient, ni vous même ?  Vous connaissez bien Bari ou vous êtes comme moi, de passage pour affaires ?

Je me doutais que le gus n'était pas le curé. Quoique, j'avais déjà connu un prêtre alcoolisé. Damned, celui d'un petit village dans la grande couronne parisienne. Il était tellement saoul qu'il était arrivé avec une demi-heure de retard. Nous avions déjà placé le cercueil dans la nef pour lui éviter de rester en plein soleil dans le corbillard. On était au mois d'août. Il avait écorché l'office en expédiant la messe dans des bredouillements pathétiques. La famille était outrée et je partageais son sentiment. Trois jours plus tard, j'avais offert le brave homme à un vampire de Sarcelles qui les aimait bien cuits, comme les pruneaux à l'eau de vie. J'essayais de faire plaisir au client, comme toujours. Je pris la bière qu'il me tendait, la décapsulai et appréciai la mousse fine et fraîche qui descendait dans mon gosier. Je fus agréablement surpris. Elle n'était pas de médiocre qualité. L'homme aimait les bonnes choses.  Je levai ma bouteille en souriant.

- A Bari et aux rencontres inattendues sous l’œil du Père !
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Peu importe que le rêve soit mort et enterré, en Italie, il se lèvera et marchera à nouveau. [PV Baxter Finnes]

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