Déjà la nuit commençait à s'estomper dans le ciel, faisant poindre à l'horizon les prémices d'une nouvelle journée. Une à nuit la lumières étoiles vacillaient avant de disparaître ne laissant derrière elle que le souvenir de leur présence jusqu'à la prochaine lune. Mais qui à part moi, en cet instant pouvait s'en soucier. Dans leurs demeures les gens, encore enveloppés par les délices des rêves n'avaient pas conscience qu'il suffisait de jeter un coup d'œil par la fenêtre pour profiter d'un tel spectacle. Non, à cette heure ci la majorité de la population de cette ville étaient plongés dans les bras de Morphée. Et pour ce qui est du reste, et bien nous dirons simplement que leur concentration est essentiellement orientée dans l'exercice oh combien compliqué de mettre un pied devant l'autre sans se manger le réverbère juste devant eux. C'était à la fois un spectacle pathétique mais assez divertissant je ne m'étais pas encore lassé d'observer.
Perché sur le rebord d'un immeuble, je toisais du regard cette ville « lumière » avec ennuis. J'aurais pu laisser s'échapper un soupir d'entre mes lèvres, mais à quoi bon? A quoi bon se laisser submerger par des sentiments aussi humain qu'inutiles. C'était, ma foi, une perte de temps même si paradoxalement de ce côté là je n'avais pas à m'en soucier. Tout n'était qu'éphémère autour de moi. Depuis des millénaires j'ai vu le monde évoluer et changer. Et pourtant l'espèce humaine reste cet enfant capricieux et exigeant qu'il a toujours été depuis que le monde et monde. S'en était presque désolant de voir cette immaturité suintant de tous les pores de l'Homme. Il fût un temps j'avais aimé ces créatures. Leurs maladresses étaient touchantes et donnait envie de les aider. Les premières fois ou je dû leurs ôter la vie furent à contre coeur tellement nous nous ressemblions. Pourtant cette culpabilités a totalement disparu de mon être tout entier. J'irais même jusqu'à dire que j'y prend un certains plaisir maintenant. Voir l'appréhension de la mort qui s'abat autour de soit. La conscience que nul n'est éternel. Les pleurs et les colères dû à la perte d'un être aimé. Tellement de démonstrations prouvant que la vie n'est pas un long fleuve tranquille et qu'elle est d'une extrême fragilité.
Mais pourquoi Père a t il voulu ça ? Pourquoi a t il rendu l'homme aussi faible? N'était ce que la punition administrée à Adam et Eve pour avoir désobéit à ses ordres? Faillait il vraiment en arriver là?
Tuer l'humanité aurait été un jeu d'enfant je dois dire, mais qu'elle aurait été l'intérêt de cette distraction de quelques secondes? Non, il fallait insuffler le poison de la destruction en eux. Mais avant cela, il me fallait régler un petit problème que Père et Fils avaient engendré il y a de cela des millénaires. Lycans et Vampires étaient des abominations effleurant la croute terrestre depuis bien trop longtemps. Si les premiers étaient des animaux sanguinaires bêtes et méchants, les secondes avaient mis en doute mon autorité. Il s'était joué de la mort en recevant une nouvelle vie, ou plutôt une « survie ». J'avais effacé ces noms de ma liste, j'avais fauché leurs corps mortels, mais avant que je ne puisse mettre la main sur leurs âmes une aberration distillé dans le sang me les avaient arrachés. Pire encore, telles des fourmis ils s'étaient multipliés et répandus comme une maladie sur la surface du globe. Et je n'avais rien pu faire. Ma fonction avait été spolié, comme si cette étape de la vie n'avait pas de raison d 'être que l'on pouvait tromper la mort. Lorsque celui que j'appelle Père était venu à moi, jamais il ne m'avait parlé d'une pareille éventualité. Je l'admet lorsque je vis le premier « vampire » reprendre vie sous mes yeux, la surprise fît place à une colère que j'avais nourri au fur et à mesure que les années ont passé. Je devais rester neutre mais on m'avait dupé. Père m'avait à sa façon dupé. Pourquoi ne pas avoir détruit ce mal dès sa naissance? Combien de fois l'avais je vu se pencher sur la Terre ce sourire malsain et satisfait sur le coin des lèvres. Il jubilait d'un tel spectacle.
J'avais jusqu'alors toujours respecté le statut qui incombait à ma fonction. Ne fauchant que ceux dont l'heure était venu. Cependant la création de ces enfants de la nuit avait démontré une faille dans le cycle de la vie. Une faille que j'allais pouvoir exploiter car il était temps de remettre le monde sur le chemin qu'il n'aurait jamais du quitter. Père et Fils s'étaient livré une guerre que l'espèce humaine payait encore aujourd'hui. Il était temps d'anéantir Lycans et Vampires une bonne foi pour toute. Aussi m'étais je rapprocher de certaines membres des différents clans afin de développer et d'accroître en eux ce désir de destruction. Certains étaient plus malléable que d'autres. Mais pour l'heure je m'étais redressé de mon perchoir alors qu'au loin je pouvais apercevoir les premières couleurs d'une aurore naissante. Un rendez-vous plus que matinal m'attendais dans l'un des immeuble de Paris. Un être nocturne dont le désir de revanche se dégageait de tout son être.
Il ne me fallut qu'une micro seconde pour me retrouver dans l'appartement de mon protagoniste préféré. Son passe temps: exterminateur de vampire. Quel magnifique occupation. Devant moi se dressait une scène pathétique où une demoiselle de chair et de sang tentait une approche de séduction soldée pour la colère du damoiseau. Que c'était triste de voir un pareil spectacle de si bon matin. Mais je savais qu'à cet instant la jeune femme ne risquait rien malgré le fait qu'elle ne touchait plus le sol de ses petits petons. Son délicat cou de cygne pris en ciseaux dans l'une des mains du propriétaire des lieux donnait à penser que s'en était fini pour elle. Toutefois elle n'était pas sur la liste aussi, mis à part une grosse frayeur et pourquoi pas un traumatisme la privant de tout désir sexuel pour le reste de ça vie, elle vivrait.
Vascillantes, les lumières éclairant la pièces donnaient à ce lieu un aspect des plus lugubre et l'odeur de mort flottant tout autour de nous ne faisait qu'accroître cette impression d'étouffement. C'était digne des plus vieux romans du monde. Les bras croisés, adossé contre l'un des murs de l'appartement, je ne disais mot, contemplant le spectacle qui venait de se terminer. Le rideau était tombé lorsque la jeune femme, paniquée ne se l'était pas fait dire deux fois. Claquant la porte, il n'avait même pas pris le temps se s'habiller tant la peur que l'on pouvait lire dans ses yeux trahissait un désir de survivre. Ma foi, ça ferait s'en doute jaser les voisins matinaux.
Mon protégé du moment avait fait mine de ne pas de voir tellement ma présence était devenue habituelle à ses côtés. Vacant ça et là dans son foyer, pas un regard ne m'était adressé. Mais des paroles. Un flot régulier de paroles dont j'étais le récepteur et qui me fît sourire. Cette légèreté qu'il avait à banaliser le concept que je représentais aurait pu m'irriter si cela avait été proféré par quelqu'un d'autre. Mais venant de Tracy je ne pouvais que trouver cela divertissant. Il avait l'assurance et l'orgueil de la jeunesse. La bêtise aussi mais il faut bien équilibrer les choses sinon ce n'est pas drôle. Je le laissais se préparer, sortant de ma poche un stylo au premier abord qui ne payait pas de mine tant il paraissait usé. Je l'avais avec moi depuis la nuit des temps et ressentait un attachement particulier envers cet objet de destruction, l'un des nombreux symbole que l'on m'octroyait dans les légendes du monde. Puis d'un geste devenu mécanique avec le temps je l'avais projeté en l'air. Mon regard observant les cercles qu'il traçait dans l'air. Puis tout en redescendant vers moi, il changea de forme. Son volume s'accrut tandis qu'il grandissait, laissant sur son sillage un sifflement tranchant l'air.
Lorsque je le repris en main, le stylo n'était plus. Mais une magnifique faux en argent avait pris sa place, prête à répandre la mort tout autour d'elle.
- Que voilà des paroles bien sèche dans une bouche qui paraît si jeune. Mais c'est exact, il est parfois bien las de devoir courir partout pour faucher. Toujours les mêmes pleurnicheries, toujours cette même colère. C'est devenu tellement répétitif et les humains sont tellement prévisibles que s'en devient ennuyeux par moment. Et puis il y a les autres, ceux qui prétendent être des dures, que la mort n'effraient pas. Mais qui, lorsqu'ils me voient m'approcher ne peuvent réfréner cette panique dans leur regard. On trouve toujours quelque chose de satisfaisant dans la mise à mort. Toi le premier Tracy. Personnellement les petits remontants comme tu dis n'ont plus d'effet sur moi. En plusieurs millénaires, j'ai tout essayé, j'ai goûté à des choses dont tu ignores même l'existence. Mais je ne crache pas sur un verre de temps à autre.
M'annonçant que l'on était sur le départ, je m'étais rapprocher de lui, tenant ma faux à bonne distance du petit vampire, l'argent étant un poison pour ceux de son espèce. Il ne fallait pas qu'il me claque entre les doigts. Tout du moins pas maintenant. Enfin il m'adressa un regard et comme toujours, ce dernier était rapidement accompagné d'un sourire sur le coin de ses lèvres. Je savais depuis bien longtemps ce qui se cachait derrière et pour tout vous dire le fait qu'il n'avait pas peur de dire les choses comme elles étaient avait fait naître un moi un certains attachement envers cette tête brune. Son arrogance était admirable et fascinante.
L'air ambiant commença à se rafraîchir lorsque mes pas se rapprochèrent un peu plus de lui. Dans mon regard plus la moindre émotions. Seul les ténèbres y régnait et dans le coin supérieur de mes lèvres, un sourire. Pas vraiment amicale, plutôt malicieux et sournois.
- C'est ce qui fait tout le charme de ma personne. On ne me méfie pas de moi. J'attire la sympathie et les gens baissent leurs gardes. C'est ce moment précis que j'affectionne tout particulièrement. Lorsque je le piège se referme, que la trahison fait son office. Les personnes gentilles sont les plus dangereuse dans la vie car elles savent comment jongler avec le bien et le mal sans se faire prendre.
Mais il était temps de se mettre en chance. La traque pouvait commencer et en guise de réponse, je lui avait présenté la porte pour lui signifier que je n'attendais plus que lui pour me mettre en route. Je savais ou nous devions nous rendre. Je savais à quelle heure les âmes seraient fauchées, aussi je n'attendais plus que le bras qui provoquerait la chute de ces personnes. Mon amicale marionnette qui ferait dans peu de temps gicler l'hémoglobine et les hurlements. Quel agréable moment en perspective. J'en avais tellement hâte.